Andriamialy

Malagasy ou Malgache, vous ne pouvez pas forcer les gens à choisir

Dans ce blog francophone, à chaque fois qu’un de mes article fait un petit buzz, il y a toujours des lecteurs « gasy » qui se « moquent » du contenu mais vont commenter par « malagasy mais pas malgache!!! ». Et d’autres vont répondre et on aura deux camps : les malagasy-iens et les malgache-iens. Alors, sachant que je ne vais peut-être pas régler ce conflit tout de suite, voici ce que j’en pense.

Il a pourtant utilisé « gasy » mais (dommage) on dit « malagasy » et non « malgache »

Ce qu’en disent les autres blogs

Les blogueurs malgaches ont déjà beaucoup écrit sur le sujet. Le Blog de Madagascar en a déjà fait un résumé. Cet article dans ce lien est aussi très complet. Ce que je vais noter, c’est la même incompréhension de Ranouraii  devant ces commentaires. Difficile de comprendre pourquoi on veut forcer les autres langues à adopter un mot plutôt qu’un autre quand les deux sont compréhensibles. Moi-même, j’ai déjà traité ce sujet plus d’une fois. Et je le redis ici, si quelqu’un arrivait à démontrer les réelles significations des mots Madagascar et Malagasy, on pourra, ensuite, discuter du pourquoi ne pas accepter un orthographe ou un autre.

Qui décide, en fait?

Le français et l’anglais sont des langues utilisées (voire officielles) à Madagascar. Ce serait au gouvernement, par décret ou par publication dans le journal officiel ou par d’autres moyens de dire aux malgaches que « malagasy » est la seule forme acceptée lorsqu’on parle du peuple de Madagascar. Sauf erreur de ma part, aujourd’hui, il n’y a rien de cela. Les dictionnaires, par contre, écrivent que malgache c’est en français et malagasy c’est en anglais.

Prenons des cas d’autres pays que j’ai déjà mentionné dans ce blog. Ce sont les gouvernements qui ont décidé que les habitants du Burkina Faso sont des burkinabé. De même, ce n’est pas le peuple de la Côte d’Ivoire mais les dirigeants qui ont décidé que les habitants s’appellent les ivoiriens et non des « côtiers d’ivoire » ou des « côte-d’ivoiriens ». (Désolé du manque de lien de référencement mais ce sont des amis blogueurs qui m’ont conté cela? Si c’est faux, ce n’est pas moi qui ai menti. Vous pouvez confirmer ou non).

Burkinabè est un mot invariable construit à partir de Burkina et -be qui est un mot appartenant à une langue du pays et qui signifie « les gens de ». C’est pratique et pourtant ce n’est pas les burkinabè qui le décident pour le monde entier. Dans ce lien, il est expliqué que dans le Journal Officiel français ( n°0223 du 24 septembre 2008), la France ne reconnait que les formes burkinabé et burkinabée. Et ce même lien admet l’existence des synonymes comme burkinais, burkinabais et burkina-fassien.

C’est un faux problème ou une solution inutile

Cela veut dire que même si les malgaches, un  jour, disait au monde entier que « dorénavant, on s’appelle des « malagasy » même si on ne sait pas ce que ça veut dire« , on ne peut pas forcer les autres pays à en faire autant.

Malgache est peut-être une francisation de malagasy ou peut-être directement issu de madécasse (forme archaïque). Mais qui dit que ce n’est pas l’inverse? Malagasy pouvant être une malgachisation de malgache car c’est « malgache » qui est issu de madécasse. Et si madécasse provient d’un mot malgache plus proche de Madagasikara, tout devient très compliqué.

Mais on n’est même pas sûr si ce ne sont pas les malagasy qui ont inventé ce mot puisque les français (et autres  navigateurs) l’utilisaient avant que nous ne sachions écrire (19è). C’est, en tout cas ce qu’explique un autre des commentateurs du blog.

Que ce soit « gasy » ou « malagasy » ou « malgache », c’est toujours des étrangers qui l’ont inventé car au temps des anciens (Ntaolo), le mot malagasy n’existait pas mais ce qui existait était « tsimihety », « betsileo », « sihanaka », « vezo » (tribus mlagaches), etc. Les étrangers on inventé Madecasse, Malgascar, Madagascar, …

Nous avons, par contre, pu imposer « malagasy » à certains étrangers qui ne savaient pas comment nous appeler avant qu’on leur ait appris. Le contraire est impossible. Je pense que personne voyant le nom de Madagasikara arriverait à deviner que les gens dedans s’appellent des malagasy. Et si aujourd’hui, en mois d’août 2017, on faisait un sondage dans une rue quelconque d’une ville quelconque aux U.S.A, il est sur qu’à la question « comment s’appellent les habitants de Madagasikara? », ceux qui connaissent diront les malagasy. Ceux qui n’ont jamais entendu parler du pays inventeront madagascarians, madagascans ou madagascarois.

Le choix de Lay Corbeille

Personnellement, je préfère utiliser le mot « gasy« . Bien que c’est un diminutif, ce sont quand même les 2 syllabes qui relient « Malagasy » et Madagasikara« . Et comme je l’ai dit, il faut, avant tout que les malgaches sachent ce que leur nom signifie, quite à l’inventer.

J’ai déjà vu ici (sur Facebook) que Malagasy signifie Manankasy (qui a de la valeur)

Mais si un francophone me demande ma nationalité, je vais répondre « malgache » et il comprendra tout de suite. Si je dis « gasy » ou « malagasy« , cela va éterniser les présentations.

Si ce n’est pas un francophone et si je sens qu’il ne connait pas l’île, je vais dire : « je suis malagasy, ce qui signifie habitant de Madagasikara« . Sinon, vous avez déjà deviné les conversations, anecdotiques, qui risquent de se faire. Bon, je vais les remettre ici, histoire de bien nous énerver entre nous :

– Je suis de Madagascar
– Alors, vous êtes un madagascarien ou un madagascarois…madagascarite peut-être…ou madagascarais…je sais, je sais, malgache, j’ai vu à la télé…mais pourquoi donc malgache? Qu’est ce que ça veut dire?

– Je suis malgache
– Et c’est où la Malgachie? Attends, Madagascar, c’est ça? J’ai vu le film. Hey, Margot, il vient de Madagascar, le pays des lions … je blagues, je sais bien que Madagascar ce n’est pas en Afrique. Si? en te regardant, on dirait pas. Moi, je reconnais tout de suite un malgache quand j’en vois un. Etc.

Bref, vous voyez bien que l’identité malgache ou malagasy ne se joue pas sur l’un ou l’autre de ces orthographes. Si c’est vrai que « Malagasy » en jette plus que « Malgache »,  je préfèrerais, de loin entendre dire « les malgaches sont cool » que « Malagasy people are weird ».

 


Deux images pour expliquer les adverbes de lieu en malgache

Les adverbes de lieux en malgaches sont faciles à écrire, mais pour les comprendre, il faut faire des dessins.

Les adverbes de lieu

Ce sont des mots en deux syllabes. Ils ont deux voyelles et entre les deux, il y a une consonne (ou une double consonne ou rien) et selon cette consonne, c’est plus où moins loin, plus ou moins précisé et plus ou moins connu. Par exemple, voici l’image qui explique les adverbes commençant par « a ».

ato : c’est ici, dans cette maison

ao : c’est là bas, dans l’autre maison

ary : c’est là-bas, audélà de la colline

aty : c’est ici, autour de la maison

atsy : c’est la-bas, autour de l’autre maison

any : c’est là-bas, dans une autre région

Les voyelles

Dans l’autre article, je vous ai déjà expliqué l’échelle de valeur entre les voyelles malgaches. Donc, en parlant de lieu, « i » est quand c’est très précis, « a » c’est quand c’est plus large et « e » quand c’est vraiment large.

Voici l’image qui répond à la question : « où est le paquet cadeau? »

ito : Voici

ato : c’est ici (dans la maison)

eto : c’est ici, dans la region

Derniers exemples

  • avec la consonne « n ». À la question : « ou est-ce qu’il y a une voiture? »:
    • iny : là-bas, il y a une voiture.
    • any : là-bas, il doit y avoir une voiture (on ne la voit pas).
    • eny : là-bas, dans cette zone, il doit y avoir une voiture, quelque part.
  • avec la consonne « r ». À la question : « ou est Bryan? »
    • iry : il est là-bas (en le pointant du doigt)
    • ary : il est là-bas (mais on ne le voit pas)
    • ery : c’est là-bas qu’il faut chercher
  • Sans consonne. À la question : « Où est mon téléphone? »
    • io : il est là!
    • ao : il doit être là!
    • eo ihany : il est surement là mais il faut chercher.

 

 


Top 210 chansons d’amour slow gasy

Si aujourd’hui, on cherche à faire la playlist ultime des chansons d’amour slow gasy, il faudra, surement choisir entre ces 210 titres.

Je dirais même plus, un malgache, bien entendant aura un jour ou l’autre soit aimé l’une des ces chansons, soit dansé sur l’une d’elles soit chanté un de ces airs en karaoké ou sous la douche. Et juste la lecture de ces titres évoquera à un malgache ou un  des souvenirs, je suis prêt à le parier.

Donc, voici ces 210 titres, à connaître, à découvrir aussi et si vous êtes entre amis avec une guitare, retenez le lien de cet article et vous aurez toujours des idées de titres à chanter.

Adinoy ny anarako – Jérôme Randria
Afom-pitiavana – Jean Kely sy Basth
Aiza izy izay – Mireille
Aleoko izy ho any – Tovo J’Hay
Alina mangina – Marion
Alokao – Johary
Amitô fafako – Dédé Fénérive
Ampy izay – Mage 4
Ampy lzay – Niu Raza
Anaro aho – Njakatiana
Anilan’ny tiana – Rossy
Anjara tandrify – Rija Rasolondraibe
Anjarantsika roa – Jean Fredy
Ankoso-bolamena – Zezex
Antson’ny manina – Spesialista
Any malala -Rossy
Aporatiana – Jean Kely sy Basth
Avelao – Lalatiana
Avelao aho hitia – Njakatiana
Aza ampirafesina – Ndondolah sy Tahiry
Aza atao risoriso – Lendrema
Aza dia omena tsiny – Njakatiana
Aza ela leitsy beby – Zeze Mahanoro
Aza filafilaina – Dor’s groupe
Aza ilaozanao – Vola sy Noro
Aza mitomany – Dolly Rica
Diam-penina – Spy D
Dila – Apost
Diso Fiantefa – Kiaka
Diso ianao – Raindimby
Djarina Banou – Ejema
Efa eto- Do Rajohnson
Efa Voatondro – ‘Zay
Eny sa tsia – Mirado
Eto aho – Mirado
Eto am-baravarankely – Alòma
Eto anatrehan’Andriamanitra – Nônô
Fa iza – Rija Ramanantoanina
Fa tiako loatra ianao – Elsie
Fahatsorana – Parson Jacques
Farakely – Dama
Feo roa – Nanie sy Lalie
Fialonana – Clo Mahajanga
Fitia adaladala – Parson Jacques
Fitia Nindramina – Kiaka
Fitia voarara – Poopy sy Mahery
Fitiavako ialahy – Raindimby sy Voahangy
Fitiavana kely – Erick Manana
Fitiavana Mampitogaigy – Krutambull
Fitiavana Tsara Rindra – Tsanga   sy Liva Andrianavalona
Fito taona – Nônô
Fo mijaly – Y-Zit
Fo natolotro – Aina Cook
Hafaliana – Samoela
Hafatra – Rossy
Hanaraka anao – Mahaleo
Havako mamomamo – Samoela
Hay ve ka nisy – Rija Ramanantoanina
Hiangavy farany – Njakatiana
Hiaraka isika – Mahaleo
Ho antsika – Do Rajhonson sy Lôla
Ho haiko ve – Jerome Randria
Ho tia anao – Dô Rajohnson
Hoy ianao – Nônô
Ialahy Leitsy – Raindimby sy Voahangy
Ianao irery – Simon Randria
Ianao no tiako – Melky
Ikalakely iny – Samoela
Ilay fitiavany – Lalatiana
Ilay Fiverenanao – Spy D
Ilay hatsaranao – Mirado
Iny havako iny – Ricky sy Balita Marvin
Io fitiavana io – Lôla
Io fitiavana io ihany – Nônô
Iray ampina iray – Poopy sy Ricky feat. Mbolatiana
Isaky – Solo
Ity hirako ity – Thiera Bruno
Izaho sy ianao – Kiady
Izany vehivavy izany – Jeneraly
Izay ratranao dia feriko – Erick Manana
Jeanne – Seald Group
Jerijery – Jean Fredy
Kiakin’ny manina (Raha latsaka ny orana) – Rolly  (Ny Oro)
Kôfa tia – Samoela
Kotrobaratra – Bruno Resner
Kris – Fakr
Laingalainga – Niu Raza
Lasa – Mirado
Lasalasa ambiroa – Lalatiana
Lavitra – Njila
Lay tia anao – Marion
Leferiko – Njakatiana
Mahatsara Zaho – Shyn
Mahatsiaro – Stephanie Tsakarao
Mahery ny fitia – Solo sy Lola
Malahelo – Rambao
Malahelo aho – Doc holliday
Malala o! Samoela sy Elsie
Mampamangy – L Saphira
Manahiragna – Ejema
Manantena zaho – Feon’ala
Maninona e – Lolo sy ny tariny
Manorata taratasy – Dédé Fénérive
Marary gny tia – Prosh’Ely
Maratra ambopo – Mage 4
Matoa – Vola sy Noro
Matokia – Nary Arthur
Mba henoy – Imagine
Mba Marina Anie – Mr Sayda
Mbola ho avy – Dédé Fénérive
Mbola ho avy – Tselatra
Mbola miandry – Lija
Mbola tiako – Mada Groove
Mbola tiako ianao – Charles Martin
Mbola zaza – Ricky
Mifona – Unik
Mihevera Ianao – Zo Ryan
Mila anao – Titi
Mila anao foana – Tempo Gaigy
Mimoza – Dama sy Bodo
Miova ny fitia – Mage 4
Miraigna – Micka sy Davis
Misy antony – Lalatiana sy Haingo
Misy kalo – Tselonina sy Mireille
Miverena – Patricia
Mosoara – Iraimbilanja
Mpilalao fitia – Mbolatiana
Mpivahiny – Lôlo sy ny tariny
Nahoana re izato ianao – Vetson’Androy
Naleonao – Ambondrona
Ngidy – Nanie
Nofiko – Balita Marvin sy Lova Rakoto
Ny endrikao – Voahirana
Ny fitia – Lalao Rabeson
Ny fitiavako anao – Felaniary sy Bodo
Ny hafanana – Jeneraly
Ny hasambarana – Solo
Ny hiram-poko – Vola sy Noro
Ny itiavako anao – Bessa sy Lola
Ny misy anao – Toucky
Odian-tsy hita ve? – Henri Ratsimbazafy
Ody fitia – Eric Tahina
Olo ratsy – Dadah de Fort-Dauphin
Omeko anao – Alain Rabetrano
Ora iray tsy miverina – Tempo Gaigy
Raha hiverina – Njila
Raha mba fantatrao – Ejema
Raha mba manan’elatra – Dama
Raha nofy – Poopy
Ranomasina – Aina Cook
Ranomaso efa ritra (Ataovy zay tianao atao e) – Tempo Gaigy
Rava – Samoela
Rava teo – Anja Andrianjafy
Romy – Jerome Randria
Ry foko – Bodo
Ry lasako – Solo sy Poopy
Sambatra – Joy K
Sambatra – Rolf
Sangim-pitia – Lendrema
Sangodim-panina – Tselatra sy Lija
Sarine – Babaique
Sarobidy – Liva sy Nirina
Sasa-miandry – Njila
Satriko – Imagine
Sipa voadona – Zozo sy Dorlys
Tablier manga – Lolo sy ny tariny
Tady vita fatomaty – Lolo sy ny tariny
Tambitamby – Jean Fredy
Tanala Very Sampy – Raymond sy Ernest
Tantara – Iraimbilanja
Tara avion – Berikely
Taratra hazavana – Ricky
Te hiverina aho (Izaho ilay Bandy…) – Fafah
Tena namana – Eric Tahina sy Poopy
Tena tia tokoa – Doc Holliday
Tena tiako ianao – Mirado
Teny Mamy -Tovo Jhay
Tia – Poopy
Tiako raha ianao – Fanja Andriamanantena
Tojo anao – Bessa
Tolory – Freedom Jah
Tompon-tsafidy – Lôla
Toy ny vao omaly – Njakatiana sy Melky
Tratrako ianao – Dondolahy sy Tahiry
Tsiaro – Aina Cook
Tsiaro anao – Lalatiana
Tsiky malefaka – Erick Manana
Tsy ahita – Poopy
Tsy andriko – ‘Zay
Tsy anjara – Dor’s group
Tsy azo atao ahoana – Lôla
Tsy ferana – Erick Manana
Tsy foiko – Bodo sy Kiaka
Tsy hanadino anao – Rija Rasolondraibe
Tsy hitanao ny aleha – Mage 4
Tsy ho very – Mirado
Tsy Irery Ianao – Dillie
Tsy maintsy tongako – Fascination
Tsy misy toa anao – Ny Ainga
Tsy nampoiziko – Dor’s group
Tsy neniko – Feon’ala
Tsy niova – Benja Ralibera
Tsy sahy – Mage 4
Veloma farany – Tsiory
Volazara – Oza Jérôme
Voninkazo adaladala – Erick Manana
Voninkazo voarara – Arione Joy
Vonoy ny anarako – Jerôme Randria
Zaho marary – Samoela
Zakarandah – Lolo sy ny Tariny


Malgachisation des noms au suffixe -el

Une autre démonstration que la langue malgache écrite est plus compliquée à lire quand on ne la connait pas, je vais vous montrer comment les prénoms judéo-chrétiens se terminant par -el ont subit leur malgachisation.

El, en hébreu est un nom de Dieu. Les prénoms contenant El ont des significations autour de Dieu. Samuel peut, par exemple, avoir comme signification « Le Nom de Dieu », et Elie « Dieu est Yahvé ». Et ainsi, dans la Bible ou d’autres livres sacrés, on a beaucoup de noms en -el comme Rachel, Joel, Elisée, etc. Notre article du jour concerne ceux qui se terminent par -el.

Malgachisation de noms

Madagascar n’est pas, jusque-là, prouvée comme l’île originelle. Mais même si c’était le cas, beaucoup de noms malgaches proviennent de mots étrangers. Et si la malgachisation, dans le sens où l’on veut utiliser des mots malgaches en lieu et place de mots étrangers n’a jamais eu de succès, l’autre malgachisation qui consiste à créer des mots malgaches à partir de mots étrangers marche très bien, dans les noms. On prend n’importe quel nom ou prénom étranger, au bout de quelques génération, il sera malgachisé et difficile à reconnaitre. Il sonnera malgache et aura même une signification proche ou exactement malgache :

  • Sue = Soa (belle)
  • Suzanne =Soazanany (belle enfant)
  • Samuel = Samy (tous, ensemble)

Les terminaisons -y,-a, -ka, -tra, -na

-Y est appelé en malgache « i » de terminaison. Il n’est pas rare de trouver un mot français malgachisé dont le « e » muet est remplacé, à la fin, par « y ». Par exemple, « cale » de vient kaly. Sinon, d’autres voyelles peuvent être utilisées mais « a » aura toujours la primeur. Par exemple, « chaise » devient seza.

Dans la langue officielle, les mots malgaches se terminent, dans la majorité, par -ka, -tra ou -na. Et même, grammaticalement, un mot ne peut être lié à un autre s’il ne se termine pas par l’un de ces 3 syllabes. Si le mot ne se termine ni par l’un ni par l’autre de ces syllabes, il faut lui rajouter -na avant qu’il ne puisse être relié à un autre. Par exemple, « cale de voiture » devient kalina fiara et « chaise pour enfant », sezan’ankizy.

Malgachisation de Samuel

Venons-en au fait, Samuel est un nom biblique apporté à Madagascar par les missionnaires et peut-être avant par d’autres personnes. Cela dit, des malgaches ont porté et portent ce nom. Celui-ci a subit des malgachisations de diverses formes et aujourd’hui, on en a plusieurs orthographes :

  • Samoela : C’est la version de la Bible en version malgache. C’est un prénom porté par l’un des plus célèbres chanteur malgache.
  • Samy : C’est un autre prénom, un diminutif à la malgache de Samuel.

En malgache, lorsqu’une personne acquiert la maturité, on lui rajoute Ra– au début du nom, Samuel et Samy deviennent Rasamuel et Rasamy. Et avec la colonisation et l’adoption du système nominatif français Nom de Famille -Prénom individuel, Rasamuel et Rasamy sont devenus des noms de familles.

Malgachisation toujours. Puisque la voyelle u n’existe pas, il a fallu la remplacer par o (ou). Ce qui nous donne Rasamoel, un mot qui ne se termine ni par -y ni par -a ni par -na, et il faudra les ajouter.

De ce fait, les formes actuels du nom, dans les noms malgaches sont :

  • Rasamoely
  • Rasamoela
  • Rasamoelina

Et vous serez étonnés mais la forme la plus proche de l’originale, dans la prononciation, est le dernier : Rasamoelina. A cause de la position naturelle de l’accent, Rasamoely et Rasamoela ne sonnent pas comme -el en français, tandis que Rasamoelina se prononce exactement comme Ra-Samuel, la terminaison –ina étant avalée.

En étant francophone, non-malgache, vous l’avez peut-être déjà remarqué pendant la transition de 2009-2013 quand des journalistes avisés ont appelé le Président de la Transition (Rajoelina) Ra-Joel au lieu de Ra-jo-é-li-nah.

Voilà, vous avez (peut-être) compris, maintenant, d’où viennent les noms malgaches Ramisaely, Ragaby, Ramanoelina, Ranoely ou Radanielina.

 


Les sens du mot andro dans les expressions malgaches

Comme beaucoup de mots malgaches, la polysémie du mot andro est aussi phénoménal. Voici les sens de ce mot selon les contextes.

1- Andro

Le sens littéral du mot « andro » [prononcer andjou] est « jour » par opposition à la nuit qui est « alina« . Donc, avec ce numéro 1, on peut mettre toutes les utilisations autour de « jour » comme « andro » (journée), « iray andro » (un jour), « isan’andro » (tous les jours), etc.

On a aussi beaucoup de mots composés de « andro » avec des sens proches comme « atoandro« = milieu de journée, « herinandro« = semaine, « androany« = aujourd’hui, etc.

Il y a même des mots un peu éloignés mais bien reliés à « andro » comme « manandro »=faire de l’astrologie, de la divination. En effet, c’est souvent pour chercher le « bon jour » (andro mety) que les « mpanandro » (devins) sont consultés.

 

2- Andro, le temps qui coule

Dans les expressions, le temps qui court est désigné par « fotoana » mais si on utilise « andro », on comprend pareil. Donc, on peut dire : « mandeha be ny fotoana » = le temps va très vite comme « mandeha be ny andro ». De ce fait, on peut avoir des expressions comme « maro andro » ou « voky andro » (qui a eu une longue vie) car « maro »= nombreux et « voky » = répus. On a aussi « lany andro aho » = j’ai perdu mon temps. Donc, temps est la seconde signification de « andro ».

3- Andro, le temps de la météo

En malgache, quand on demande si le temps est beau, on dit « tsara ve ny andro? »« tsara » signifie bon, bien. Dans le cas contraire, le temps est mauvais : « ratsy ny andro ». De là, on peut avoir des expressions imagées comme « andro mamiratra »= les beaux jours, « maloka ny androko »= mon ciel est sombre, etc.

4 – Andro, au temps de …, l’époque

En malgache, quand on dit « au temps de… » ou « à l’époque de… », on utilise aussi « andro ». Par exemple « du temps de Matusalem » est traduisible par « tamin’ny andron’i Metosela ». Notre époque c’est « andro ankehitriny » ou « izao andro izao ». La fin du monde ou la fin des temps est « fara-andro ». On a aussi « andro sarotra » (temps difficile) qui est le contraire de « andro soa », le bon temps.

5- Andro, procrastination

do it – procrastination concept

L’expression « mangataka andro » signifie mot à mot « demander du temps ». Mais il s’applique aussi bien entre deux personnes quand l’une demande un sursis à l’autre que tout seul quand on se donne soi-même du temps pour effectuer une tâche. Bizarrement, l’inverse, donner du temps ne marche pas avec « andro » mais seulement avec « fotoana » (temps), « manome fe-potoana » mais jamais « manome andro ».

6- Andro, une catastrophe

Pour finir, une expression qu’il est difficile à expliquer c’est le « andro miditra » qui est un « mauvais jour » dans le sens de « un jour catastrophique ». C’est inexplicable puisque « miditra » signifie entrer. Donc, mot à mot, « andro miditra » = un jour qui entre. Peut-être qu’au début c’était « andro ratsy miditra » (un mauvais jour qui entre) mais que le mot « ratsy » (mauvais) s’est perdu en route. Mais on obtient l’expression qui signifie « victime d’un catastrophe » = « idiran’andro » qui, donc, littéralement devrait signifier « pénétré par le jour ».

 

Voilà, et si vous vous demandez d’où vient mon inspiration, il suffit de penser à notre époque. Il suffit de voir tout le malheur que subit mon pays et les malgaches. Aujourd’hui, c’est une époque où le monde subit des catastrophe dignes de la fin du monde : le mauvais temps, les difficultés et l’hésitation à se repentir. En malgache : « Amin’izao andro izao ny tontolo dia idiran’andro toy ny amin’ny andro farany : andro ratsy, andro mahory ary fangataha’andro tsy hibebaka ».

 


L’ordre de grandeur dans les voyelles malgaches

J’ai remarqué que les voyelles, dans la langue malgache, forment, en général, un ordre de grandeur dans les noms, les verbes ou les adjectifs. C’est une sorte d’onomatopée mais pour deviner la taille, la masse ou l’énergie d’une chose. C’est un avis personnel mais vous allez voir qu’il tient pas si mal la route.

Du plus petit au plus grand jusqu’à l’exagéré

Avec cet intertitre, je vous montre déjà qu’au moins dans cette phrase, la langue française aussi utilise la même échelle. Donc, à mon avis, les voyelles malgaches suivent cet ordre du plus petit au plus grand :

i (ou y), o (prononcé ou), a et e (prononcé é)

Remarquez déjà que « kely » et sa traduction française « petit » utilisent les mêmes voyelles « e » et « i ». En anglais ce serait « little » et en italien « piccolo« .

La voyelle i ou y en terminaison

La voyelle « i » a toujours représenté ce qui est petit. Dans l’alphabet grec, le iota est une petite lettre que Jésus a mentionné pour dire qu’aucune lettre, « même pas un iota » ne bougera de la loi jusqu’à la fin des temps. Les français ont pris cette expression « ne pas bouger d’un iota » pour dire que cela ne bouge pas du tout.

Dans la phonétique, « i » , voyelle fermée antérieure non arrondie, se trouve aux extrémités des phonèmes en étant la plus fermée et la plus antérieure. Et comme la langue malgache n’a pas de « u », donc pas de voyelle fermée postérieure, on peut dire que tout ce qui est petit, peu en malgache est souvent en « i ».

vitsika = fourmi
bitsika = chuchotement
vitsy = peu nombreux
Ankizy = enfant

« i » est la voyelle des touts petits rikiki

La voyelle a

Elle qui, phonétiquement est à l’opposé de « i », exprime souvent ce qui est grand, haut, beaucoup.

Lava = Grand (taille), long
Avo =Haut
Maro = Beaucoup
Laza = célébrité
Tabataba = acclamations

Je dirais que le « a » n’est pas exagérément grand mais plutôt grand dans la norme, accompli. Je pense que le mieux pour l’illustrer et d’utiliser quelques mots argotiques. Par exemple, on a le mot « kinkina » qui signifie « être en banqueroute » et à l’opposé on a les mots « kala« (argot. 200 Ariary), « kata« (argot. être sur le 31), « tafa » (argot de « tafita« , être sorti d’affaire), pata (argot. dérivé de patron) qui expriment plus ou moins la richesse.

Faites aaaah!

 

La voyelle o

Je dirais que « o » se trouve entre « a » et « i ». Elle, qui est prononcée comme « ou », est la voyelle entre celle à la bouche fermée (i) et l’autre grande ouverte (a). Souvent, elle est dans les mots qui expriment soit ce qui est, soit un peu au-dessus de « i », soit un peu en dessous de « a », soit pile dans la moyenne :

Antonony = moyenne
Zatovo = jeune
Mora = lentement, doucement
Monja = seulement (atténuation)somary = un peu (atténuation)

Le « o »

La voyelle e

Et la voyelle « e » prononcé « é » se trouve au-delà de « a ». Souvent, c’est très, voire exagérément, grand, gros. Pour expliquer cela, prenons le mot « be ». C’est un mot qui, placé devant ou derrière un autre va l’amplifier. Par exemple si fotsy= blanc, fotsy be = très blanc; si mafana est chaud, mafana be = très chaud. Si mony= est une un bouton d’acné, be mony est en être plein. Si loha et la tête, be loha est en avoir une grosse. D’autre exemples :

Lehibe, ngeza = Grand
Mivelatra = étendu
Rehaka, dedaka, hevoka = fier, vantard (fig.)
Rapeto = Nom d’un géant légendaire malgache

Allons plus loin!

Il y a beaucoup de mots malgaches formés de deux syllabes. Souvent, on ne voit pas de lien entre des mots utilisant les mêmes consonnes mais parfois, justement, en gardant les consonnes mais en changeant les voyelles, on obtient des nuances sur un même sens. Par exemple, avec r et n, on a des mots autour de l’eau : rano (eau, étendue d’eau), riana (cascade), rony (soupe). On a aussi « reny » (mère) qui est la « loharano nipoirana« , source de vie.

Mais pour bien illustrer l’ordre de grandeur, on va utiliser v et t ou, inversement t et v. On a :

Vity (dialecte) = jambe
Tovo =jeune
Vanto(tra)* = qui est grand mais apparemment immature
(Be)vata (dialecte) = ngeza = grand ou (va)venty = gros

*en malgache, la majorité des mots se terminent avec -ka, -tra ou -na. Souvent, ajouter une de ces terminaisons facilite la diction, sans changer le sens.

Avec t et v, on a d’autres mots relatifs au corps humain comme vata(na) = corps, tavy (graisse), veta (vice, sexe). si on ajoute une lettre, on peut avoir vatsy (provisions, vivres pour un voyageur), votsy (cor), vonto (enflure), etc.

Avec tout ça, on peut fabriquer des allitérations avec nos 4 voyelles  i, o, a et e et la photo de ces 4 personnes :

  • Izy dia ankizivavy kely batitika kely sy mahafatifaty mihitsy. (Elle, c’est vraiment une toute petite fille toute mignonne), à lire avec une petite voix
  • Tovolahy mbola tanora roa amin’ny folo taona kosa ny faharoa. (Le deuxième, par contre, est un garçon encore jeune de 12 ans)
  • Rangahy lava sady ranjanana no manan-kaja ny alohan’ny farany. (L’avant dernier est un homme, grand, fort et honorable)
  • Vehivavy efa lehibe sady vaventy no tena meva ny fahaefatra. (La quatrième est une femme mure, corpulente et charmante.

Encore plus loin

La démonstration par l’absurde est amusante surtout pour les malgachophones. C’est à dire que pour nos oreilles, si on intervertissait les voyelles, cela sonnerait bizarre. Par exemple avec les précipitations (météo), on a erika =crachins, orana =pluie et orambaratra =orage. La langue malgache s’est façonnée pendant des siècles. Si on n’a pas respecté, un tant soit peu la logique de ma théorie, on aurait dit aujourd’hui :

– Manao ahoana ny andro ao ivelany ao? (Quel temps il fait dehors?)
– Misy erakeraka kely (Un peu de crachan, le a à la place du i)

Cela ne peut pas marcher. Même que « era-ny », en malgache signifie « plein ». De même :

– Manao ahoana ny andro ao ivelany ao? (Quel temps il fait dehors?)
– Orimbiritra be (Un grand orige, le i à la place du a)

Vous voyez que cela ne peut pas marcher. Même en français, c’est la même chose.

Voire un peu trop loin

Je me suis amusé à prendre les mots désignant les stades de la vie dans la langue malgache :

zaza = (bébé)
(an)kizy = enfant
(mpi)tovo = jeune
manto(anto) = litt. pas encore bien cuit, se dit des jeunes pas murs (cuit et mur signifient tous « masaka » en malgache)
(ta)nora = jeune
lehi(lahy-vavy) = homme, femme
(an)titra = vieux
maty = mort
raza(na) = esprit

On peut laisser tomber « manto » et si on enlève les préfixe et suffixes entre parenthèses, on a :

zaza, kizy,tovo,nora,lehi,titra,maty,raza

On va pondérer les voyelles conformément à notre théorie, c’est à dire, on va leur donner des valeurs :

i=1, o=2, a=3, e=4

On aura un poids pour chaque mot. Par exemple zaza a 2 « a », donc, son poids sera 2×3=6. Ainsi, on a :

zaza = 6
kizy = 2
tovo =4
nora = 5
lehi = 5
titra = 4
maty =4
raza = 6

Et si on construit une graphe à partir de ces données cela donne :

Cycle de vie selon les voyelles

 

Je ne sais pas vous, mais pour moi, cela montre bien que chez les malgaches, les bébés sont très importants, les enfants moins, et puis la valeur augmente au fil des temps avant de décroitre un peu avant la mort. Après la mort, du moins pour ceux qui croient aux ancêtres et qui en viennent à les vénérer comme des dieux, cette valeur remonte très haut. Et pour ceux qui croient à la réincarnation, tout recommence avec la même valeur entre l’ancêtre et le nouveau-né (6).

Conclusion

La voyelle « i », qui se dit en fermant (presque) la bouche est l’image de ce qui est petit tandis que « a », qui incite à l’ouvrir en grand est comme, il se prononce, la voyelle de tout ce qui est grand. C’est vrai dans une partie du vocabulaire malgache comme dans d’autres langues. C’est sûr qu’il y a des exceptions mais, en tout cas, dans certains cas, la logique est respecté et cela montre toute une philosophie des voyelles.