Andriamialy

Débat stérile en cours : quand la peste pulmonaire ne fait pas de discrimination, c’est le cache-bouche qui prend le relais

La peste existe et persiste à Madagascar depuis des dizaines d’années. Tous les ans, une épidémie plus ou moins importante (300 cas en moyenne) a lieu mais la multiplication des cas de peste pulmonaire a changé la donne.

Quand la peste n’est plus la maladie des pauvres

J’ai habité longtemps à Anjanahary, à une vingtaine de mètres du quartier de Manjakaray. Ces 20 mètres constitués de la largeur d’une rue n’était que la frontière physique entre nos quartiers. Je vivais la vie de Manjakaray, la pauvreté, l’insalubrité, l’insécurité, les disputes familiales, les enfants qui jouent dans la rue, les fêtes traditionnelles (circoncision, retournement des morts) et leurs fanfares dans les ruelles du quartier. Et aussi les morts subites (bizarres) et les cas de maladies moyenâgeux. En 2017, la peste revient et Manjakaray est à nouveau cité.

 

On ne sait pas combien sont déjà malades ou morts de la maladie depuis le début de l’année dans tout Madagascar. C’est comme pendant les manifestations : « les organisateurs ont dénombré 1 000 000 de manifestants alors que la police parle de 10 000″. Par précaution, moi, j’applique la règle des cafards : « un cafard visible peut facilement en cacher 200« .

 

La différence pour cette année c’est d’abord les réseaux sociaux. Les malgaches sont très actifs sur les réseaux et propagent les nouvelles, vraies et fausses plus vite qu’une épidémie de grippe. La réaction de panique face à un fake news est compréhensible quand pour le malgache : « Ny hitsikitsika tsy mandihy foana fa ao raha » (le faucon danse pas pour rien, en référence au vol sur place du faucon à l’origine d’une danse des bras malgache).

 

Et surtout, la variante pulmonaire qui se transmet directement entre les humains ne fait plus la distinction si la personne est pauvre ou riche, habite un quartier pauvre au aisé, si elle est malgache ou venant de l’étranger. Maintenant, il n’y a plus question de croire ou non aux rumeurs puisque ce sont des gens qui nous sont proches qui sont touchés.

Le cache-bouche qui divise

Mais voilà, même devant la « peste pulmonaire », les malgaches ne sont pas tous égaux. Il y a ceux qui portent des cache-bouches et il y a les autres.

 

Le cache-bouche, c’est un masque chirurgical ou un masque de chantier ou n’importe quel truc à mettre sur la bouche des malgaches pour éviter d’attraper la peste pulmonaire. Est-ce que ça marche? Est-ce que c’est utile? Le débat (stérile) est en cours :

  • Non : Contre la peste, un masque ne va pas te protéger d’une piqûre de puce et la bacille n’est pas présent dans l’air à moins d’être très proche du malade (moins de 2m)
  • Oui : Mais si vraiment on est à moins de 2m, par exemple, si le malade est un voisin de taxibe, au moins on aura le masque
  • Non : Mais c’est ridicule, tu es le seul à porter un masque, tu crois qu’on est tous malades et qu’on va te refiler un truc?
  • Oui : Imaginez que vous êtes tous en bonne santé et que c’est moi qui suis malade, je le garde ou pas mon masque?
  • Non : Sur 10 personnes ici, vous êtes 2 à avoir un masque
  • Oui : Mais sur les 8 autres, combien voudraient bien en avoir une mais ne peuvent pas s’en procurer parce qu’ils n’ont pas l’argent ou qu’il ne sont pas « mahitahita »? (litt. qui trouve [des chemins], signification : a les bras longs)

Mais il faut (juste) toujours rester prudent

Et voilà comment certaines personnes arborent leurs masques tandis que d’autres rigolent ou envient. Pendant ce temps, la peste continue de faire des victimes. Le but de cet article n’est pas de statuer si oui ou non il faut porter des masques mais juste de constater que très souvent à Madagascar, il est très difficile de mettre en place quoi que ce soit sans trouver des détracteurs, des critiques et des délateurs.

Peut-être que le port du masque n’est qu’un placebo mais moi, je trouve les gens qui les portent courageux, au contraire des autres :

  • les sceptiques : « pfff, ce n’est peut-être pas de la peste, et puis, je ne pense pas que le masque est utile. Et même si c’est utile, ce n’est pas suffisant, et bla bla bla »
  • les fatalistes : « Quand c’est ton tour de mourir, tu meurs…de la peste ou d’autre chose… »
  • les illuminés (qui n’ont rien compris à ce qu’ils ont lu) : « Un enfant de Dieu ne doit pas craindre la peste…non, un bon chrétien ne peut pas tomber malade… »

Ces gens-là, même si on leur donne tous les conseils pour éviter la maladie : rester propre, surveiller l’état de santé, éviter le contact avec les malades, etc, ils ne suivront pas. Pourtant, mon avis est qu’il faut prendre toutes les précautions possibles comme dit le proverbe « Ramalina aza nifehy hazo tokana » (Monsieur Prudent a un jour fagoté une seule branche).

 

 


Le communiqué du Ministère Rat de la santé sur la peste à Odag à Madagascar

Voici le communiqué du Ministère Rat de la Santé pour expliquer la situation aux rongeurs de la province d’Odag à Madagascar et leur donner les directives pour faire face à l’épidémie de peste chez les rats.

« Mesrates et Mesrats, devant la recrudescence des cas mortels ou non de peste chez les rongeurs d’Odag, le ministère tient à informer et clarifier la situation auprès des rongeurs de la province.

La peste est due à une bacille Yersinia Pestis. Elle se transmet de plusieurs façons :

La puce de rat, Xenopsylla_cheopis,  est le principal vecteur de la maladie. Une puce infectée le reste toute sa vie. La bactérie bloque sa digestion et de ce fait, elle aura toujours envie de s’alimenter. C’est lors de ces phases d’alimentation qu’une puce peut vous infecter. Alors, évitez le contact avec les puces de rat.

Quand d’autres mammifères sont infectés (chat, chien, humain), leurs puces aussi peuvent prendre le relais. Donc, évitez les puces en général.

En manipulant les congénères décédés, on risque de faire rentrer le microbe dans notre organisme. Il faut les laisser à l’air libre et éviter même de s’en approcher car leurs puces vont chercher d’autres hôtes.

La bacille de la peste peut survivre et se multiplier sous terre, par exemple à l’intérieur de terriers inoccupés depuis longtemps. Évitez d’aménager dans un terrier connu pour avoir abrité des rongeurs décédés de la peste ou d’une maladie inconnue.

Les crachats d’un humain infecté est hautement contagieux. Évitez tout contact rapproché (moins de deux mètres) avec un humain malade et évitez les endroits où l’on peut être en contact avec leurs crachats : caniveau, trottoir, mouchoirs usagés, etc.

Il faut savoir que nous, les rats, n’avons pas encore trouvé le remède à cette maladie. La seule façon de maîtriser sa propagation est l’isolation des malades et des cadavres. Néanmoins, nous rassurons la population des rats et aussi nos cousines les souris que la situation est sous contrôle. Nous mettons tout à pied d’œuvre pour endiguer la maladie. Le plus important reste que la population des rats garde le calme. Toute rumeur sera l’objet d’une enquête approfondie pour en connaître les auteurs et les punir. Peste ou pas peste, on est des rats et on déteste les corbeaux.

Enfin, nous savons que cette situation n’est pas nouvelle, elle se répète tous les ans à la même époque. La haute saison ne fait que commencer. Bientôt, il y aura la pluie avec les inondations et les canaux qui se bouchent en déversant leurs succulents contenus partout. Comme nous, les rats, n’avons pas encore inventé de vaccins, préparez-vous à la résurgence du choléra, de la rage, de toutes sortes de grippes, du palu et tout le reste. Comme chaque année, nous survivrons en profitant au maximum des mannes qu’apportent la pluie et l’insalubrité de l’humain d’Odag pour se multiplier plus vite qu’on perd d’éléments. Alors,  « Croissez, et multipliez, et remplissez la terre »

Le Ministère Rat de la santé.


Top 8 : Testez votre apparence à Tana, entre Tsaralalàna et Soarano

J’aime marcher dans divers quartiers de Tana.  J’ai remarqué que je suis parfois interpellé par divers vendeurs à la sauvette et businessmen. Comme leurs activités sont interdites, c’est sûr qu’ils choisissent leur clients. Ma théorie est que ces gens regardent ton apparence avant de te proposer leurs produits ou services. Alors, faites le trajet Tsaralalana-Soarano pour tester votre apparence externe.

Le Tana Downtown

On peut dire que les quartiers autour d’Analakely concentrent beaucoup d’affaires. Il y a plusieurs entreprises, des banques, des boutiques et des marchés mais il y a aussi les vendeurs de rue et les « mpanao bizna »  (qui font du business ou du trafic). Il faut savoir que cette partie de Tana constituait il y a encore quelques années le marché du Zoma, le plus grand marché à ciel ouvert du monde en son temps. Et aujourd’hui encore, tout peut se trouver à Analakely et ses environs.

Le zoma à Antananarivo
Une partie du légendaire marché du Zoma

Le trajet

Selon Google Maps, le trajet se fait à pied en 10 minutes. Mais avec les magasins, la foule, les voitures, ce délai peut se rallonger. Et presque tous les 10 pas, il y aura une personne qui va t’interpeller. Si ce n’est pas le cas, c’est que tu n’es pas quelqu’un d’intéressant (pour la personne), et que tu n’es, donc, pas un client potentiel. Commençons notre parcours.

1- Tsaralalàna

Comme je me limite à un Top 8, développons tout de suite le cliché. Car même si Tsaralalàna (littéralement : la bonne loi) est le quartier des Karana, donc des riches, et même s’il y a des banques, des hôtels (là-même où Mondoblog 2016 a pris ses quartiers) et des bureaux administratifs, dans le discours populaire tananarivienne, c’est surtout les boites de nuits et les prostituées. Oui, l’expression « voir les putes » en malgache c’est « aller à Tsaralalàna ». Et c’est vrai que quelque soit l’heure, ces travailleuses du sexe sont disponibles à cet endroit.

Tsaralalàna
Tsaralalàna, little India de Tana

Donc, premier test, c’est passer devant ces filles assises ou debout appuyées sur les murs. Je dois avouer qu’aujourd’hui, quand je passe là-bas, les filles me regardent, à l’affut de n’importe quel signe de ma part, sans que je n’oses même leur adresser mon regard. Mais quand j’étais beaucoup plus jeune et que j’affichais beaucoup mon manque de confiance en soi (avec mon blouson en plein soleil, mes yeux rivés au sol et ma démarche de rêveur), je me souviens avoir été presque harcelé par ces dames : « Andao isika sy ialahy hiaraka » (Viens toi et moi, mettons-nous ensemble!)

2- Les vendeurs sur des étals

Ils vendent des vêtements, des chaussures, des outils électriques, des gadgets, des téléphones ou autre chose. Leur façon de t’appeler est la suivante : « – Inona ny atao ho an’i Ramose? » (Que puis-je faire pour Monsieur? ou Qu’est-ce que Monsieur désire?). Les plus « mentalistes » proposeront tout de suite un produit dans son stock qui devrait t’intéresser, à en juger ton apparence. Par exemple, en passant devant un marchand de gadgets électroniques, il m’a dit : « – J’ai un lecteur mp3 bluetooth pour voiture ». Il a été incrédule quand je lui ai répondu : « Hum, comme ça j’aurai envie d’acheter la voiture qui va avec! ».  Bien sûr, j’ai une voiture et il a vu juste.

Étal de sandales

3-Les vendeurs sans étal

A mon avis, ces gens là sont louches. Ils portent leurs produits à bout de bras ou sous leurs manteaux et ils essaient de détecter le client (ou le pigeon) idéal. Soit le produit est beaucoup moins cher en magasin soit c’est un produit vicié ou volé.

C’est comme ça qu’en demandant les prix des téléphones clowns au bord de la rue, un gars s’est approché de moi en disant : « Monsieur a l’air de chercher des téléphones originaux, moi j’en ai un pour 70 000 ariary » (20 euros). Ce téléphone, je l’ai acheté car le prix était dérisoire et j’ai détecté (même s’il l’a bien caché) qu’il était en panne donc non volé. J’ai des amis réparateurs qui me l’ont raccommodé pour pas cher.

4 – Les mendiants

Les mendiants sont partout. Eux aussi, ils sont de deux sortes. Il y a les passifs qui restent par terre avec leur boîte ou chapeau, certains jouant de la musique ou chantant et il y a les agressifs qui poursuivent les passants pour un petit billet. Tous les passants? non, seulement ceux qu’ils jugent « intéressants ». Si tu soignes ton image, et que tu fais apparaître des signes extérieurs de richesses, c’est déjà normal si tu attires les mendiants. A mon avis, si tu es d’apparence simple, sobre et que pourtant chaque mendiant te demande de l’argent, c’est que tu as l’air d’un gentil.

5- « On achète de l’or »

Au niveau d’Analakely, des gens assis au bord de la rue ou dans une voiture stationnée disent à quelques passants ciblés : « On achète de l’or ». Quand j’ai mon alliance, ils le disent en lorgnant sur ce petit bout de métal sur mon doigt. Mais même depuis que j’ai cassé la bague, ils continuent à me le dire à chaque fois.  Je ne sais pas comment le deal se fait et je ne pense pas que ce soit légal mais, donc, j’ai l’air de quelqu’un qui a de l’or.

Lapan'ny tanàna
Voici l’Hôtel de Ville d’Antananarivo, et c’est aux alentours que les « acheteurs d’or » patrouillent

6- Elle vous intéresse?

Elle? C’est une voiture d’occasion, fraichement importée, stationnée là du matin au soir. La plupart des gens les ignorent car ce sont des voitures haut de gamme. Parfois, il m’arrive de m’attarder devant l’une d’elles pour admirer et peut-être par curiosité sur le prix. Mais le vendeur m’ignore complètement. Il voit bien que je n’ai pas des millions d’Ariary avec moi ni dans mon compte en banque. Il faut vraiment insister en regardant de près pour que le vendeur demande :« Elle vous intéresse? »

Les voitures d’occasion exposées ici sont souvent encore immatriculées en Europe

7- Les produits pour chaussures

« Voici le produit pour nettoyer les chaussures, venez l’essai est gratuit! ». La façon dont ils regardent mes souliers, c’est comme si j’avais 1 kilo de boue sur chaque pied. C’est gênant, je ne suis pas si sale même si j’avoue que faire reluire mes godasses ne fait pas partie de mes priorités en sortant de la maison. Et puis, de toute façon, avec la poussière et la promiscuité de Tana, je ne ferai pas 100 mètres ou un seul trajet en bus avant de me faire marcher dessus ou de recevoir des tâches dessus.

8- Tu veux changer des euros?

Un peu plus flatteur pour terminer. Ils demandent « – Tu veux changer des euros ou des dollars? » et parfois, ils font juste le geste de l’argent avec les doigts. C’est parce que tu as l’air de quelqu’un qui a des devises à vendre. Soit, tu es toi-même un « mpanao bizna » spécialisé dans la spéculation sur de petites quantité de devises étrangères, soit tu as de la famille qui a envoyé de l’argent soit tu es toi-même revenu de l’étranger. Au moins, tu en as l’air.

Au fond, on voit la gare de Soarano et c’est ici qu’on a le plus de chances d’être interpellé par des changeurs ambulants.

 

Ces gens qui vous abordent dans la rue, ils font partie de l’animation, de la vie et peut-être parfois de la peur des grandes villes. Certaines personnes traversent les quartiers incognito tandis que d’autres se font interpeller tous les deux pas. Si vous avez été touriste dans cette ville, vous avez peut-être été choqué d’être si attirant. À Antananarivo, autour d’Analakely, l’apparence compte pour beaucoup.


Top : 3 anecdotes où j’ai fait du mentalisme

Inspiré par le commentaire d’un abonné twitter, je vais un peu m’exposer dans cet article. je vais vous raconter 3 anecdotes pendant lesquelles j’ai fait du mentalisme.

Le mentalisme, même s’il paraît impressionnant, n’est qu’une illusion. Aujourd’hui, plusieurs instituts proposent de l’apprendre mais chez certains, il y a des facultés innées qui aident. Donc, il y a la technique et il y a les aptitudes.

Sur les 3 histoires que je vais vous raconter, j’ai utilisé comme technique « la lecture à froid » et j’ai aussi utilisé mes aptitudes en tant que « surdoué » (comme la vidéo du lien du commentaire que j’ai cité au début l’explique) dont, surtout, l’empathie qui me permet de me mettre à la place d’un autre. J’explique.

La lecture à froid est une technique qui consiste à déceler le moindre indice chez son interlocuteur pour deviner s’il dit la vérité ou s’il ment. On utilise la statistique pour deviner certaines choses selon son âge, son travail, son quartier, etc.; des vérités générales pour le mettre en confiance, des questions sans issues pour qu’il donne des indices. Parfois, on utilise la lecture à chaud, qui consiste à chercher à connaitre le maximum sur la personne avant de l’interviewer. S’il cache quelque chose, un mentaliste de haut niveau peut deviner la vraie réponse en regardant ses moindres réactions. Je vous rassure, je n’ai pas ce niveau-là et dans mes anecdotes, j’ai peut-être eu de la chance et surtout j’ai beaucoup plus d’intuition que de technique, c’est à dire l’intention de « mentaliser » quelqu’un.

En effet, et c’est le déclic qui m’a pousser à écrire cet article, la vidéo explique que certaines personnes « surdouées » ressentaient plus les choses et surtout les émotions des autres. Ce qui leur permet d’avoir plus d’empathie. Moi, quand je vois une personne mendier, je me retrouve tout de suite à sa place et je ressens, en partie, toute sa détresse. Mon imagination est aussi très claire et précise, ce qui me permet de voir des détails dans ces « rêves éveillés ». Parfois, j’arrive à imaginer d’autres facettes de sa vie (comment il dort dans la rue ou chez lui, qu’est-ce qu’il mange, etc.) et si c’est souvent du fantasme, d’autres fois, cela correspond à la vérité.

1- Fanja

Donc, ce n’était pas la première fois que j’essayais de deviner des choses. Mais cette fois, c’était la première fois que je réussissais à être très précis et du premier coup. J’avais 15-16 ans et pendant qu’on séchait les cours, on allait dans d’autres établissements scolaires pour jouer au foot ou regarder les filles. C’est là que j’ai vu une fille. Il faut préciser que j’ai dit « regarder les filles ». J’étais et je suis toujours très très timide et à cet âge, c’était impossible que j’aborde une fille inconnue.

Mais je dois d’abord vous dire un paradoxe, je n’avais jamais de petites amies mais depuis la sixième, j’étais toujours entouré de dizaines de filles. Je pense que j’évoluais dans une sorte d’intersection de toutes les friendzone alentours, dont la mienne. Parler avec des filles, les comprendre, je savais le faire.

On s’est,donc, mis à côté d’un groupe de filles et j’ai dit à haute voix : « – Moi, je suis là juste pour regarder Fanja ». L’une d’elles a tourné la tête d’un coup et comme c’était elle que je fixais, elle a cru qu’on se connaissait. C’est comme ça qu’on s’est parlé pour la première et la dernière fois. Là, c’est ma faute parce que lorsqu’on s’est recroisé pendant la « Journée des écoles », je ne l’ai pas reconnu. Honte à moi!

Explication? Fanja est un prénom très répandu et dans sa tranche d’âge et selon son apparence (couleur de peau, vêtements, etc.). C’est la technique des statistiques que j’ai utilisé sans le savoir. Mais on l’utilise déjà tous. Vous l’avez peut être vu dans le film Les Minions quand la méchante dit de l’organiste : « Elle a une tête à s’appeler Edna, salut Edna! ».

2- La danse

La seconde histoire s’est passé à la Fac. J’étais un peu plus grand mais toujours aussi timide.  Donc, au sortie d’un des premiers cours, on était en train de marcher et on s’est retrouvé à la hauteur d’un groupe d’étudiant. On a fait connaissance, bla bla bla, et puis j’ai demandé à une fille : « Mais pourquoi t’as arrêté la danse? ».

Comment j’ai deviné? Bah, elle marche comme quelqu’un de très souple. Elle parlait aussi comme ces filles qui font soit de la musique soit de la danse, pas du judo. Et si elle avait l’air de quelqu’un qui a fait de la danse, elle l’a surement arrêté, d’où l’usage du passé. C’était une lecture à froid et sans connaître le nom de la technique, je l’ai utilisé juste comme à pile ou face pour attirer son attention. Elle n’est pas devenue ma petite amie pour cela.

3- « On ne parle pas de ça »

Cette fois-ci, c’était il y a quelques mois. On a voyagé avec des amis et j’avais dans ma voiture que des jeunes dont 2 jeunes filles qui n’arrêtaient pas de parler. L’une, plus âgée s’est mise à chuchoter dans l’oreille de l’autre et j’ai fait, depuis le volant, mon « adulte » en disant: « On arrête de parler de ça s’il vous plaît« . Elle a répondu, qu’elle a chuchoté et que la voiture faisait beaucoup de bruit alors je ne peux pas savoir ce qu’elle disait. J’ai répondu : « -Tu lui a dis exactement : ……. ».

C’était juste une intuition mais couplée à de la déduction sur toute la journée qui venait de se dérouler et des bribes sur le début de la conversation. Si tout à coup, elle s’est mise à chuchoter à l’oreille de l’autre, cela ne voulait dire qu’elle a dit une certaine phrase qui est dans la suite logique.

Voilà pour l’article. Et si je ne suis pas un illusionniste ou un mentaliste, je dois dire que ce sont des sujets que j’aime et quand j’ai vu certains documentaires et articles du net, je me suis aperçu qu’il y a eu déjà des occasions où j’en ai un peu fait l’expérience. Et je pense qu’en lisant l’article, vous-même allez vous souvenir que vous avez aussi un jour deviné un « truc » avec simplement votre intuition.


Top 7 : Ces noms sont des gros mots malgaches, interdit aux -16

Âmes sensibles, les noms de cette liste sont de vilains gros mots malgache dans la langue officielle ou argotique. Je liste surtout les noms de marques, vous verrez que c’est sidérant la coïncidence, ou pas?

1- Tay, Amany et le reste (les prénoms usuels)

Ces noms-ci sont des gros mots en malgache. Ce n’est pas pour se moquer mais si vous ou votre entreprise ou votre produit avez l’un de ces noms, préparez-vous et si nécessaire, changez de nom avant de vous installer à Madagascar :

  • Tay = Excrément
  • Amany = urine
  • Alika = Chien(ne)
  • Foribe= gros vagin
  • La suite à partir du numéro 3

2- Tay

Mais faisons un zoom sur Tay en numéro 2 car à partir d’ici, je vous parlerai de noms de marques qui existent vraiment.

Tay, c’est le nom d’une intelligence artificielle que Microsoft a lancé sur le réseau Twitter et qui a, comme son nom l’indique « merdé ». En effet, en malgache, tay signifie excréments.

Certains gasy (malgaches), avec leur pudeur asiatique ou chrétienne ou n’importe quelle autre excuse préfèrent utiliser kakà (caca) au lieu de tay car ce serait plus poli. C’est un réflexe courant à Madagascar où les gens utilisent et souvent enseignent à leurs enfants un mot français à la place du mot malgache dans la catégorie « honteux ».

Je sais que Tay est un prénom courant aux USA et Microsoft a peut-être utilisé des initiales en rapport avec « Intelligence Artificielle » qui twitte ou qui texte ou qui textote. Mais je parie que les gasy de chez Microsoft ont bien rigolé avec le nom et peut-être moins quand il a déconné sur Twitter.

3- Manao

Si on prend le chemin inverse de la logique sur le mot précédent, on peut en trouver beaucoup de mots anodins mais qui sont utilisés en remplacement de gros mots.

A la base, ce sont des mots de tous les jours mais après quelques générations, ils sont jugés malsains  voire obscènes et on les remplace. Et ainsi de suite. C’est un procédé courant surtout sur les haut-plateaux de Madagascar (au centre) et c’est à rapprocher avec la manière française. En français, on a des dizaines de verbes pour désigner l’acte sexuel, du biblique « connaitre » aux très cru « baiser » en passant l’archaïque « foutre » ou par les scientifiques « copuler », « coïter », etc. Mais dans le langage approprié, on utilisera le sacro-saint « faire l’amour« .

Beaucoup mieux, les malgaches utilisent seulement « manao » (faire) et tout le monde comprend.

– T’as déjà fait?

Si vous faites la recherche sur Google, vous trouverez que manao est un nom utilisé partout, en France, au Brésil, aux Antilles, etc. avec parfois d’autres orthographes comme mana’o ou manaü. Et quand c’est le nom d’une entreprise, je pense qu’un gasy peut être assez motivé d’aller tous les jours chez « manao« .

4- Vody

Quand un média en Côte d’Ivoire titre « Vody, la boisson des nuits torrides« , le malgache pudibond lira « fesses,… » et un autre plus dévergondé verra « cul,… » car le mot vody, c’est ça. Selon l’article, c’est un de ces boissons énergétiques saturés de caféine que les jeunes de ce pays d’Afrique de l’Ouest boivent pour se donner la pêche.

Quoi qu’il en soit, les gasy d’Abidjan, Yamoussoukro ou d’autres villes doivent se tordre de rire ou parfois rougir de voir Vody affiché partout sur les panneaux publicitaires, les magasins et les affiches.

– Achetes du vody, qu’il disait!
– Vody, ça donne de l’énergie qu’il disait!
– Moi, je prend 3 vody d’affilée quand je fis du sport qu’il disait!

5- Mofos

En malgache, mofo signifie pain. En anglais, ce serait une abréviation d’une déviance sexuelle dégoutante mais depuis quelques années, c’est aussi le nom d’un site porno. Et ça tombe bien! si on peut le dire.

En effet, mofo est un surnom malgache de l’appareil sexuel féminin chez l’Homme, en vogue il y a des années. Ce serait l’équivalent du français « moule » si on reste dans la gastronomie. Malheureusement, c’est sûr qu’aujourd’hui, à l’heure ou vous lisez cet article, il doit y avoir quelques gasy sur mofo’s en train de mâter des mofo.

6- Kindy

C’est la célèbre marque de chaussettes dont le nom est souvent affiché au bord des terrains de foot. C’est logique : sport = chaussettes de sport. Mais Kindy est l’un des mots dans la langue officielle malgache pour désigner le vagin.

Bon, il faut savoir qu’en anglais, kind est l’adjectif qui signifie gentil(le) mais il y aussi le nom kind qui veut dire « genre », « sorte ». Kindy est donc l’adjectif, sans équivoque, de la gentillesse. Cela étant dit, il y aura toujours un enfant malgache apprenant à lire qui va essayer de déchiffrer le panneau au bord du terrain quand la télé diffuse le match. Il dira :« -Kin…dy, ça veut dire quoi? » Et il y aura toujours un grand frère qui va rigoler sans répondre et un adulte qui dira « -Arrêtes de lire n’importe quoi! » et un vieux qui va hausser des épaules et secouer la tête en faisant « -Shhh! »

7-Lely

Et pour finir, lely, en malgache c’est « la baise », exactement. Ne vous étonnez pas de voir un jour un site classé X malgache au lien www.lely.mg, mais aujourd’hui, au lely.com, c’est « juste » un site d’agriculteurs américains que certains peuvent trouver sexy ou pas, chacun ses goûts. Je doute qu’il y ait un malgache aux USA qui a déjà postulé chez eux. Et si c’est le cas, j’imagine ce qu’il doit répondre quand sa grand-mère au pays lui demande  :« – Mon petit, tu travailles dans quel société déjà aux USA?« , « -El-i-èl-way mamie, El-i-èl-way… »

Voilà, le top est fini. Vous avez remarqué que les malgaches sont partout, et c’est vrai. Coucou aux gasy de France, Côte d’ivoire, USA et les autres! Et je m’excuse si la lecture a été pénible. Moi-même, j’ai eu du mal à l’écrire car je n’utilise presque jamais ces mots, sauf peut-être un peut de tay ou de ‘lay alika. Mais un jour, j’ai fait le pari de mettre tous les gros mots malgaches dans un article de blog. Je l’ai déjà fait mais aujourd’hui, j’ai battu mon record.

 


Vacances au Soleil -Partie 4

La vie de Joseph et de sa mère était tranquille. Ils étaient habitués aux tunnels de Fiadanana. Mais cela n’allait pas durer longtemps.

Ce soir-là, quand Joseph était rentré chez lui, il a trouvé sa mère en train de pleurer. Tout de suite, il a demandé ce qui se passait mais sa mère s’est mise à sourire de toutes ses dents, les yeux encore imbibés de larmes. Elle tenait une lettre dans sa main qu’elle montrait comme une trophée et Joseph n’a rien compris. Sans un mot, la lettre s’est retrouvé dans sa main et Joseph s’est mis à la lire :

« Monsieur, Madame,

Le Ministère de l’Exploration de Fiadanana est fier de vous annoncer que Monsieur Joseph ANDRIANILAINARIVONY est sélectionné pour devenir un argonaute. Après une formation de 6 mois, il partira en mission de 5 ans.

Il est, de ce fait, convoqué dans les locaux du Ministère de l’Exploration situé dans le bloc N°35 du centre le 08 septembre à 8h pour son enrôlement.

Le Ministre de l’Exploration vous exprime etc. »

Voilà pourquoi la mère de Joseph était à la fois fier, heureuse et triste. Devenir argonaute est le rêve de toutes les filles et les garçons de Fiadanana. Et il est vrai qu’à 12 ans, Joseph parait être un enfant mais à Fiadanana et partout dans les tunnels, c’est officiellement la fin de l’enfance. C’est à 12 ans que son père et sa mère ont, eux-aussi, quitté Fiadanana pour explorer les sous-sols. Sa mère était revenue, enceinte de Joseph, radiée et exclue. Son père, que sa mère n’a pas dénoncé, a eu une belle carrière mais a péri à 20 ans lors d’une mission très risquée loin de Fiadanana. Il a été célébré comme un héros.

C’est après sa mort que la mère de Joseph a avoué qu’il était le père de son enfant. Le maire de l’époque a eu vent de la triste histoire et flairant le bon coup de marketing, il a pris Joseph sous son aile, donnant à sa mère sa maison et son travail.

Le sélection de Joseph fait peut-être partie de ce plan mais il le mérite aussi, par son courage et son intelligence. Il lui manque juste de la force et c’est le garçon modèle de la C.A.F. , La Compagnie des Argonautes de Fiadanana.

Cette compagnie suit la trace des taupes. Les taupes sont des machines téléguidées qui sont envoyées vers différentes directions et qui découvrent des ressources, des dangers ou d’autres villes souterraines qu’il faut contacter, amadouer ou au pire combattre. Évidemment, plus Fiadanana étend son réseau, plus les missions de la C.A.F. sont éloignées du Centre. Mais c’est comme cela que Fiadanana peut survivre. Parfois, c’est en découvrant des excavations naturelles qui sont idéaux pour les champs, d’autres fois, ce sont des poches de gaz ou de pétrole, et d’autres moment encore, ce sont des survivants qui peuvent partager du savoir et des connaissances et qui font des alliances. D’autres fois, ce qu’ils découvrent ce sont des nids d’animaux dangereux comme des serpents venimeux ou d’autre araignées géantes, cannibales, de la matière radioactive, des tunnels habités par des humains belliqueux, eux aussi à la recherche d’autres humains mais dans le but de les asservir.

C’est cette vie qui attend désormais Joseph. Il devra faire face. Sa mère rêve qu’il devienne, lui aussi un héros mais elle espère surtout qu’elle pourra le voir grandir, avoir une épouse, devenir un vieux. Même s’il lui paraît impossible à elle de devenir une vieille, elle en rêve car à 27 ans, sans possibilité d’avoir un époux, même en étant une protégée de la mairie, ce sera très dur.