Andriamialy

Du vrai terrorisme à Madagascar

Le 25/01/2014, pour la première fois, d’aussi loin que je m’en souvienne, un attentat à la bombe a fait de nombreuses victimes à Madagascar, dont des morts. Je dirais même que ce jour est un tournant dans l’histoire du « terrorisme » à Madagascar.

Avant

Avant, les soi-disant terroristes utilisaient des grenades défensives ou des bombes artisanales. Cela a commencé après le coup de force, coup d’état, « putsch » ou je ne sais pas comment l’appeler de 2009 par Andry Rajoelina et les militaires. Rajoelina a lui-même été, une ou plusieurs fois, la cible de l’un de ces « engins ».

Mais c’était un peu drôle parce que s’ils explosaient, ce qui était très rare, les bombes artisanales faisaient beaucoup de bruit et peu de dégâts. A un moment, je pensais même à de la mise en scène. Je me souviens que lorsque des journalistes évoquaient cette idée de mis en scène, les responsables de la sécurité s’offusquaient et disaient que c’est du sérieux. Quand même, à un moment, les « attentats » avaient un timing parfait pour permettre aux gens au pouvoir de ne pas faire de concessions face à l’opposition. Par exemple, une fois, ils devaient aller faire des négociations avec l’opposition et juste le jour d’avant, une bombe artisanale était découverte et suite à cela, ils étaient en colère et annulaient la réunion.

Maintenant

Maintenant, ce qui a changé c’est que l’engin est mortel et a fait mouche. Pour ma part, je ne peux pas dire qui a pu le faire parce qu’on pourrait croire que c’est le camp des perdants à l’élection et que c’est une acte de déstabilisation. Mais d’un autre côté, c’est une aubaine pour le nouveau président qui peut diaboliser l’opposition et attirer la sympathie de l’opinion et pourquoi pas demander le soutien à l’international.

En effet, on évoque toujours le terme de terrorisme pour se victimiser et ainsi rendre tous les torts aux terroristes. Terroristes présumés tant qu’ils ne revendiquent rien encore.

Mon avis

A mon avis personnel, parfois les gouvernements fabriquent eux même les terroristes.

Selon Wikipédia, une guerre asymétrique est une guerre qui oppose la force armée d’un État à des combattants matériellement insignifiants, qui se servent des points faibles de l’adversaire pour parvenir à leur but souvent politique ou religieux. Les guerres asymétriques englobent notamment le terrorisme ou la guérilla et se distinguent des guerres entre États.

Je ne me fais pas avocat du diable, et, bien sur, je suis contre le terrorisme. Je trouve que c’est un acte de lâche et de barbare. Pourtant, je me dis que je n’aimerais être à la place de ces gens mais que si c’était le cas, je comprendrais leurs raisons.

Je répètes, pour ne pas qu’on croit que Andriamialy est celui qu’il n’est pas. Je ne dis pas que j’approuve le terrorisme. Je dis que je comprendrais : que si on est seul, qu’on est victime de ce qu’on considère comme une injustice  et qu’on en est tellement en colère et qu’on ait tellement envie de se battre et de faire la guerre mais qu’on ne peut rien faire car en face, il y a une armée…je comprendrais qu’on fasse des folies. Lancer une grenade sur un enfant de 2 ans, bien sur, c’est l’œuvre d’un fou.

Mais c’est bien le principe : ceux qui détiennent le pouvoir à Madagascar, ceux qui possèdent la force et les armes ne sont jamais parvenus à montrer leur légitimité. Mais comme ils possèdent et le pouvoir et la force, on ne peut les affronter sur aucun terrain…d’où la guerre asymétrique.

Et si j’avais un conseil à donner au nouveau président, c’est bien dans cet ordre : prouvez très vite au peuple que vous êtes un bon président, montrez que vous n’avez pas de rancune envers vos adversaires politiques et rendez le peuple moins pauvre, vite! Comme ça, tout le monde oubliera…car si la vérité rend libre (Jésus), H de Balzac affirme que « La vie ne va pas sans de grands oublis. »


Discussions chaleureuses voire chaudes avec une….

Ce matin, j’étais sur un célèbre réseautage social dont je suis membre et dont le nom, pour ne pas le citer commence par Goo… et se termine par plus.

Comme je ne suis pas membre actif, je n’y possède pas beaucoup de contacts; ceux qu’on appelle « amis ». Soudain, je reçois un nouveau message en anglais d’une « femme » avec le pseudonyme Caroline C..J’imagine que c’est un pseudo car j’ai cliqué dessus, il n’y avait pas de photo. J’ai fait la recherche sur un moteur de recherche et celui m’a sorti des dizaines de Caroline C.

Comme dans la plupart des cas de ce genre, la curiosité l’emporte toujours sur la prudence. Pour ma part, je m’excusais en me disant que chatter en anglais ne serait qu’une bonne séance de pratique de la langue de Shakespeare. Ainsi, notre conversation démarra mais ce qui devait être une conversation devenait  une échange pour le moins cocasse.

Je vous traduis ça :

Caroline : Quoi de neuf
moi : rien de spécial
Caroline : je m’ennuie, et je voulais rencontrer de nouvelles personnes, …22 ans, femme, ici…toi?
moi : 34, homme, heureux de te rencontrer
Caroline : Je me sens un peu vilaine, tu veux t’amuser un peu?
moi : euh…de quoi s’agit-il?
Caroline : Voilà une photo , tu aimes? (photo du tronc et des jambes d’une femme en vêtements moulants)
moi (un peu moins sérieux) : oui, mais où est la tête
Caroline : Hehe, t’en veux plus?
moi : peut-être
Caroline : C’est mon tour..;mon Dieu, je suis si mouillée maintenant (nouvelle photo de la même femme toujours habillée mais dans une position équivoque)

note : pour ceux qui ne comprennent pas ce langage, contentez-vous de savoir que ici, c’est la saison des pluies.

pensées de Andriamialy : sérieusement, déjà ,elle dit qu’elle est « d’ici » alors que la photo est celle de quelqu’un de « là-bas ». Elle répond pas à mes messages mais dit des trucs insensés … mais continuons quand même pour voir

moi : c’est toi sur la photo?
Caroline : Mmm…est-ce que le jeu devient plus dur? (autre photo que je n’ouvre même plus, car c’est facile à deviner)
moi :  🙂
Caroline : j’ai une envie folle de ton « truc », me le donneras-tu?
moi : comment le veux-tu?
Caroline : OK, une dernière photo, tu as envie de moi maintenant, n’est-ce pas?
moi : …
Caroline : bébé, on a vraiment besoin d’aller jusqu’aux caméras
moi : euh, je vais plutôt aller travailler, à la prochaine
Caroline : je t’ai invité, cliques ici pour voir mon webcam

Donc, je complète ici le titre de l’article par « Discussions chaleureuses voire chaudes avec une…….IA »
I.A. : Intelligence Artificielle ou tout simplement un Robot

Pour mieux le prouver, reprenons la conversation avec les toutes premières répliques de Caroline et remplaçons les répliques de « moi » à partir d’une conversation connue.

JACK et ROSE (remplacée par Caroline) dans TITANIC par exemple

Caroline : Quoi de neuf
Jack : J’ai besoin de vous parler…
Caroline : je m’ennuie, et je voulais rencontrer de nouvelles personnes, …22 ans, femme, ici…toi?
Jack : Caroline (Rose, dans le film), vous n’êtes pas un cadeau. C’est vrai. Vous êtes une petite fille pourrie gâté. Mais à l’intérieur vous êtes la plus époustouflante, la plus incroyable, la plus merveilleuse fille… Euh femme que j’ai jamais connue.
Caroline : Je me sens un peu vilaine, vous voulez vous amuser un peu?
Jack : Laissez-moi essayer de… Vous êtes ma… Je ne suis pas un idiot, je sais comment marche le monde, je n’ai que 10 pièces dans ma poche, je n’ai rien à vous offrir. Je sais très bien et je le comprends… Mais je suis trop impliqué maintenant, vous sautez je saute, je m’en irai quand je serai sûr que vous allez bien, vous comprenez…
Caroline : Voilà une photo , vous aimez?
Jack : Vraiment ? Ils vous ont pris au piège Caroline. Et vous allez mourir si vous ne vous libérez pas. Peut être pas maintenant car vous êtes forte mais tôt ou tard ce feu que j’aime en vous Caroline, ce feu va cesser de brûler.
Caroline : Hehe, vous en voulez plus?
Jack : Vous avez raison… Seule vous, pouvez le faire…
Caroline : C’est mon tour..;mon Dieu, je suis si mouillée maintenant

Note : dans ce cas, cette dernière phrase signifie simplement que le bateau a coulé, arrêtez d’être vicieux!

CHUCH ET BLAIR de la série GOSSIP (j’ai inversé les rôles pour que Blair soit le monsieur, pas le temps de cherchez des répliques partout)

Caroline : Quoi de neuf
Blair : Nate attend que je lui donne une réponse.
Caroline : je m’ennuie, et je voulais rencontrer de nouvelles personnes, …22 ans, femme, ici…toi?
Blair : Ça t’intéresse de savoir ce qui me retient ? Je ne pourrais pas répondre à sa question tant que tu n’auras pas répondu à la mienne. Celle que je t’ai posée il y a une éternité… On est quoi l’un pour l’autre… ?
Caroline : Je me sens un peu vilaine, tu veux t’amuser un peu?
Blair : Il y a quelques mois, tu m’as dit qu’on ne pouvait pas être ensemble. Alors moi je t’ai cru. Mais à chaque fois que j’essaye de passer à autre chose, tu es là. On dirait que…
Caroline : Voilà une photo , tu aimes?
Blair : Que… Peut-être que tu veux simplement que je sois aussi malheureux que toi.
Caroline : Hehe, t’en veux plus?
Blair : Alors réfléchis bien. Interroge ton cœur, je sais que tu en as un. Et dis-moi si les sentiments que tu as pour moi sont sincères ou si tout ça n’est qu’un jeu. S’ils sont sincères, on trouvera une solution. Personne ne souffrira. Mais si ce n’est pas le cas, je t’en pris Caroline, rends-moi ma liberté…
Caroline : C’est mon tour…mon dieu, je suis si mouillée maintenant

Note : faut-il vous expliquer qu’elle est mouillée parce qu’elle a pleuré de toutes les larmes de son corps? et ainsi de suite…

En tout cas, c’est bien une drôle d’époque quand les ordinateurs séduisent les hommes. Et l’amour bordel!


Madagascar : la pestiférée du XXIe siècle

Vous avez peut-être entendu dire que la peste est à Madagascar depuis la fin de l’année 2013 (plus de 50 morts et des dizaines de malades). La peste, c’est cette maladie des livres d’histoire, mortelle, contagieuse de l’animal à l’homme et de l’homme à son prochain.

Moyenâgeuse Madagascar

Vous pensez que la peste est une maladie du Moyen Age. Moi je vous dis que le Moyen Age sévit à Madagascar. Dans ce pays on s’éclaire à la bougie. La majorité de la population : 70 % à 80 % des habitants n’ont pas accès à l’électricité. On boit l’eau des rivières et des puits, on se déplace à pied ou en charrette, et la nuit on dort dans des maisons avec de toutes petites fenêtres de crainte d’être attaqué par des bandits.

Qui parle de se laver 3 fois par jour ? Qui parle de se nourrir sainement? Qui parle d’air pur ? Ici, ce sont les ordures par tonnes. Des tas d’immondices sur lesquels on vit. Alors quand on on gagne de l’argent, on se nourrit , c’est tout … le Moyen Age, quoi !

Les livres d’histoire recensent toutes les grandes épidémies de peste en Europe et leur impact sur la population, l’économie, la religion. A Madagascar, la peste est encore en train de se mettre en place, mais j’espère qu’on l’éradiquera avant que le mal n’arrive à faire plus de ravages.

Heureusement,aujourd’hui, on peut soigner les malades. Il suffit qu’ils quittent le Moyen Age et fassent un voyage dans le temps (en voiture ou en ambulance pour les chanceux) vers la civilisation.

Pour les touristes

J’aimerais quand même rassurer les touristes et ceux qui doivent, impérativement, voyager dans l’île. Il y a très peu de « chance » pour vous d’attraper cette maladie. La probabilité est moindre, car je n’ai jamais vu de touriste se faire mordre par un rat ou une souris dans son sommeil, contrairement à certaines personnes que je connais.

Il y a les puces, mais un touriste qui se ferait mordre par une puce contaminée c’est quelqu’un qui se serait trompé d’hôtel et de quartier, je pense. En tout cas, pour ne pas gâcher votre séjour, restez dans la bulle sécuritaire que seul l’argent (en devises étrangères surtout) peut vous offrir : hôtel 3 étoiles minimum, taxi agréé et guide touristique.

Le droit de choisir

Dans la vie on est souvent libre de faire un choix, mais on dit aussi que parfois, il faut choisir entre la peste et le choléra. Je ne dirais pas que dans cette histoire le choléra aurait gagné la place si la peste n’avait pas fait de fraudes massives. Je dirais seulement que pour les Malgaches, le pire ce serait des les avoir tous les deux sur le dos. Et à en croire les ordures qui s’amassent, le risque n’est pas nul. Et pour ceux qui ne me connaissent pas encore très bien, le dernier paragraphe parle de la peste…et non de la peste


Les Malgaches, un peuple « trop » soudé pour une guerre civile?

Tana_De_nuit

Tana est calme, un peu trop calme alors que tout le monde attend la proclamation officielle des résultats de la présidentielle. Est-ce le calme avant la tempête
Pour rappel, Hery Rajaonarimampianina a gagné selon les résultats provisoires. De son côté, Jean Louis Robinson a déposé des requêtes visant à inverser la tendance et il a dit en substance qu’il ne craint pas de mourir pour avoir gain de cause. Depuis quelques jours : rumeurs, nomination de généraux et déclarations diverses veulent tantôt chauffer, tantôt refroidir les ardeurs des uns et des autres.
C’est calme … mais la crainte existe, la crainte que la crise perdure malgré tout. Et la peur, la peur que tout ça dégénère…mais dégénère en quoi?

Mais non! on est pacifique nous

Les Malgaches ont la réputation d’être des pacifiques. Leur culture ancestrale est basée sur le « fihavanana », un mot difficile à traduire. La racine de ce mot est « havana » qui veut dire famille et tous les Malgaches font partie d’une même famille. Le fihavanana est, alors, un ensemble de codes et de rites qui règlent et dictent les relations.  Et selon le fihavanana, justement, l’esprit est plus fort que la force et la discussion prévaut au combat.

Diviser pour régner

Malheureusement, cet adage a quelque peu corrompu le fihavanana.
Durant la colonisation, on a voulu diviser les Malgaches en ethnies. Dans les livres de géographie d’aujourd’hui, on dit aux enfants qu’il y a 18 ethnies à Madagascar, mais en réalité, il y en a beaucoup plus … ou beaucoup moins, selon la définition que vous donnerez à ethnie. Notez en passant qu’ethnie, mot bien français, est si facilement appliqué aux Malgaches qui parlent, tous la même langue, ont une culture en commun, le fihavanana et ont des physiques analogues (pour preuve, les Malgaches se reconnaissent toujours à l’étranger). Par contre, on parle rarement d’ethnie en France entre les « Blancs ». Là-bas, les ethnies sont les Français noirs, kanaks, polynésiens, arabes, etc.

Pourtant, il y a toujours eu des Malgaches qui combattaient les colons. Les Français et les Sénégalais, qui occupaient le pays étaient haïs, mais faisaient aussi très peur. Généralement, le Malgache est fasciné et il est aussi méfiant de tout étranger. Aujourd’hui, les descendants de ces Français blancs et noirs sont devenus des Malgaches eux-mêmes. Mais après quelque temps, les étrangers :  Français, Anglais, Indiens, Chinois s’intègrent aussi très bien dans cette société et deviennent des membres des ethnies où ils se sont installés, ou zanatany (enfants du pays).

Après la reconquête de l’indépendance en 1960, les dirigeants ont eu aussi leurs méthodes pour diviser et régner sur les Malgaches. Quand j’étais petit, notre plus grande peur s’appelait adim-poko (guerre civile) où « ady » veut dire guerre et poko (foko) signifie ethnie. Mais, monter une guerre entre 18 ethnies officielles n’est pas très commode, c’est pour ça qu’on a virtuellement réduit la population en deux parties : les côtiers et les peuples des plateaux. Il y a eu des crises de ce genre, des côtiers qui massacrent des familles de « migrants » des hauts plateaux, ou l’inverse…mais pas de guerre.

Avec la multiplication des échanges humains, il est de plus en plus difficile de retrouver le clivage côtiers/non côtiers dans la société malgache. Par exemple, les côtiers, après quelques années passées à Tana, ce sont des Tananarivéens et les Tananarivéens après s’être installés sur les côtes, bah…ce sont des côtiers.

Mais, théorie du complot oblige, « ils » ont encore trouvé un moyen de monter les Malgaches entre eux. C’est depuis quelques années, la guéguerre entre pauvres et moins pauvres. On se donne en surnom des noms d’animaux, on se vole, on s’attaque, on se tue, mais … comment savoir qui est dans quel camp? A Antananarivo, par exemple, de grandes maisons se font braquer, mais malheureusement (pour les bandits), il n’y a souvent pas d’argent ni d’objet de valeur dans ces maisons, en fait, ce sont des pauvres. Alors, les bandits rentrent bredouilles ou se déchaînent sur ces pauvres gens et font des ravages. Au contraire, des enfants sortant des taudis se font kidnapper …contre rançon…alors on n’y comprend plus rien du tout. Alors, une guerre civile pauvres contre riches ? je n’y crois pas.

Et non! on ne se battra pas entre nous

Je récapitule, les Malgaches sont généralement pacifiques, mais de temps à autre, quand la réminiscence des réflexes du passé revient, ils se font de petites guerres entre eux ou agressent des étrangers.

Moi, je suis confiant, il ne peut pas y avoir de guerre civile chez nous…enfin … je crois… je pense… j’espère…je voudrais bien… snif…je vous en conjure mon Dieu, que ça n’arrive jamais!


Joyeux noël et Bonne année!

Joyeux noël et Bonne année!! Vous allez dire qu’une fois de plus Andriamialy va mettre un article périmé; va fouiller dans la corbeille pour écrire un sujet en retard. Mais je vous assure, en ce 05 janvier, il y a beaucoup de probabilité qu’on me dise encore ces mots « Joyeux Noël et bonne année »  deux ou trois fois. Mais ne vous inquiétez pas outre mesure, je vais bien vous expliquer le pourquoi du comment.

Comme dans beaucoup de pays « pauvre » et ancienne colonie, la culture malgache est très vulnérable à l’influence extérieure et surtout face à la mondialisation.

Alors, d’où vient cette « erreur »?

A mon avis, et mon avis n’engage que moi, c’est un problème de traduction. Par analogie, je vais vous expliquer d’abord pourquoi les tananarivéens d’aujourd’hui se saluent avec des mots sans significations.
Normalement, les salutations en Imerina (Ancien royaume incluant Antananarivo) étaient généralement de cette sorte :

– Manao ahoana? (Comment ça va?)
– Tsara fa misaotra tompoko (Bien, merci)
– Ary manao ahoana ny ao aminareo? (Et comment ça va chez vous?) c’est à dire comment va votre époux (se)
– Ao izy ao, salama tsara (Il ou elle est en bonne santé)
– Ary manao ahoana ny ankizy? (Et comment vont les enfants?)
– etc. etc. à propos des parents, des grand-parents, des oncles, nièces, cousins, et le reste

Pour les français, vous savez bien, avant de demander la santé (la santé, c’est à dire comment s’est passé la petite séance dans la cabane au fond du jardin ou la pièce au fond du couloir à gauche), on souhaite d’abord un « Bonjour ».

Donc, quand les français et les malgaches ont pu se parler, ils ont mal interprété le « manao ahoana » qui je rappelle est « comment ça va » en « Bonjour » qui est un souhait.

Cela donne :

En français
– Bonjour Madame!
– Bonjour à vous aussi, Monsieur

En malgache

– Manao ahoana enao Ramatoa
– Manao ahoana koa ianao, Rangahy

Et si on fait une traduction littérale inverse vers le français, ça n’a plus de sens :

– Comment allez vous madame?
– Comment allez-vous, vous-même, Monsieur!

Revenons à nos moutons

C’est un peu le même principe pour noël et la bonne année. Les français se souhaitent un « Joyeux noël et un bonne année ». Les malgaches par contre se félicitent d’avoir atteint le jour de noël et la nouvelle année, comme suit :

– Tratry ny Krismasy (Félicitation d’avoir vécu jusqu’à ce noël)
– Tratry ny taona (Félicitation d’avoir « atteint » cette nouvelle année)

Et la réponse est :

– Dia samy ho tratry ny ho avy (Que nous soyons tous là l’année prochaine!)
ou
– Dia ho tratry ny arivo taona mierinerina (Que tu vive 1000 années qui se renouvellent)
ou
– Dia mirary soa (Mes vœux de bonheur)

Voilà, si un de mes compatriotes vous dit aujourd’hui, demain ou vers le 31 janvier « Joyeux Noël et Bonne année 2014 » c’est parce que vous encore vivant et qu’en fait il veut vous féliciter pour cela. Pour ma part, je vais vous traduire ces vœux à la malgache, correctement (j’espère)

Félicitations pour vous tous, vivants en ce début de 2014 et que nous soyons tous là l’année prochaine. Et tous mes vœux de bonheur!


Madagascar dans l’attente des résultats de la présidentielle

troubles

A défaut d’être un prophète, il est toujours avisé de faire les divinations à la façon de Rahivina. Quand on lui demandait le sexe d’un bébé à naître, il répondait :  » Les dieux ont parlé, c’est soit un garçon, soit une fille

« Où en est-on à propos des résultats du scrutin ?

Il est prévu que les résultats  » définitifs  » du second tour de l’élection présidentielle malgache soient prononcés d’ici quelques heures, ou quelques jours par la Cénit, la Commission électorale dite  » indépendante « . Après cela, ce sera à la CES, la Cour électorale spéciale de proclamer le nom du vainqueur, à en croire les derniers chiffres, Hery Rajaonarimampianina. Ce sera une décision irrévocable, car rien n’est au-dessus de cette CES.

Pour rappel, les observateurs internationaux ont plus ou moins validé le scrutin en le jugeant crédible, sans grandes irrégularités malgré quelques petits problèmes.

De son côté, le soi-disant futur perdant, Jean-Louis Robinson a déposé une centaine de requêtes, avec preuves et témoignages à l’appui, directement à la CES pour des irrégularités, des fautes et des fraudes diverses et de toutes sortes.

Je pose bien la situation :

D’un côté, il y a Hery Rajaonarimampianina, le candidat, le poulain (de Troie ?), le pion, ou disons le joker dans la manche des hommes de la transition, dont M. Rajoelina est le premier, faute d’être le leader ou le chef incontesté. Tout le monde savait et sait qu’ils sont au pouvoir et qu’ils feraient tout pour gagner ce scrutin. « TOUT » signifie tout, fin des commentaires.

De l’autre côté, il y a Jean-Louis Robinson, le candidat indépendant, devenu lui aussi l’outil, la pièce maîtresse, l’espoir ultime de M. Ravalomanana, l’ancien président malgache en exil depuis son  » renversement  » en 2009. En l’adoubant comme représentant de sa mouvance, ce dernier a fait de lui son ultime chance de rentrer au pays avec les honneurs, voire de reprendre du poids dans l’économie, la politique du pays, ou simplement pour son corps tant le fait d’être éloigné de son pays fait fondre ce grand homme (de toutes les manières). De son côté, lui et son équipe essaient de toutes leurs forces de faire valoir leur victoire supposée en dénonçant des fraudes massives.

Dia haninona nefa ialahy?

En résumé, c’est comme dans la cour de récréation. Vous vous souvenez de cette scène, quasi universelle? Il y a un petit garçon, chétif, maigrelet qui accuse un grand garçon musclé et un peu bête d’un :  » Tu as volé mon goûter, espèce de voleur « .
A ce moment, l’assistance se fige et écoute le gros garçon un peu bébête et méchant qui, lui, fixe le petit gringalet comme s’il essayait de se souvenir s’il avait oui ou non mangé, aussi, le goûter de ce petit-là. Mais contre toute attente, le grand garçon ne va ni confirmer ni infirmer l’accusation, il va juste rétorquer :  » Si je l’ai fait ou non, toi, qu’est-ce que tu vas me faire?   » (Dia haninona nefa ialahy?)

Et c’est à ce moment-là que dans les films soit, le petit se fait écraser comme une mouche, soit en fait, c’est un petit maître kungfu qui va botter le derrière au grand sot.

Dans le cas de ce scrutin, ça reste à voir !

Le dilemme

Tout cela reste mathématique, en fait. JLR (Robinson) affirme qu’il aurait obtenu, en réalité dans les 55 % des votes. Ce qui ferait de lui, non plus le petit gringalet de l’histoire, mais bien un poids lourd. Mais ce n’est pas aussi facile.

Je rappelle que HR (Rajaonarimampianina) et surtout ses appuis sont les tenants du pouvoir actuel. Et plus encore…qui sait, et qui peut affirmer qui est derrière qui, en ce qui concerne les grandes puissances de ce monde ?

Connaissant toutes les pièces de l’échiquier, si jamais sa défaite est confirmée, JLR pourrait mobiliser ses 55 % d’électeurs pour faire ce que les uns appelleront :  » Troubles postélectoraux, ou contestations ou manifestations citoyennes ou révolution « ; en tout cas, ne pas accepter la défaite facilement.

Mais, s’il décide de le faire, et qu’en même temps HR devient le président légal, il entre, lui, dans l’illégalité. Je ne connais pas très bien JLR pour dire qu’il va jouer à ce jeu pour son  » maître  » Ravalomanana ou bien s’il va plutôt protéger ses arrières (protéger sa queue d’une coupure comme on dit chez nous).

Et le peuple ?

Et c’est le plus grand inconnu dans tout cela. Le peuple ira-t-il une nouvelle fois dans la rue?

Le peuple veut sortir de cette crise qui a tant duré (depuis 2009). Si les résultats de l’élection sont acceptés par tous, la sortie de crise est assurée.

Même si ce ne sera pas la première fois qu’un président malgache serait élu malgré les contestations de l’opposition, jamais un candidat n’ayant pas eu la majorité dans les décomptes officiels n’a pu renverser la tendance sur tapis vert.

Et aujourd’hui, même des alliés de JLR prônent l’apaisement  » pour le bien du pays ».

MAIS, cela signifierait, si (et seulement si) les fraudes sont avérées, que JLR, tous les électeurs qui l’ont élu, le peuple malgache voire le monde entier accepteraient une élection biaisée, une injustice, un vol, tout simplement le non-respect du choix et des droits fondamentaux du peuple d’une nation souveraine et  » démocratique « .

Et surtout, cela signifiera que le prochain président sera mal aimé et aura contre lui 55 % de la population. Il aura contre lui la considération par beaucoup d’être un fraudeur, un usurpateur et un menteur. Il y en a qui dorment bien avec ça. Mais, en perspective, ce ne sera pas un mandat  » apaisé « .

Arrêtons là, pour l’instant

J’arrête de spéculer à la Rahivina parce que je ne suis pas assez haut placé pour dire ce que l’œuf va donner comme volatile.

Et de toute façon, dans quelques heures ou dans quelques jours, ce billet n’aura plus aucune signification. Dans quelques heures, ou dans quelques jours, le président sera officiellement désigné et il y aura ce qu’il y aura : paix ou troubles, sortie de crise ou nouvelle crise … et moi, je bloguerai ça pour vous.