Andriamialy

Les malgaches méritent d’avoir un bon président…ou non

Madagascar va avoir un nouveau président et on dit que  : « On a les dirigeants que l’on mérite», ou en variante : «Un pays a les dirigeants qu’il mérite.»

D’abord, j’ai fais des recherches et je n’ai pas réussi à trouver qui a inventé cette phrase. En effet, à première vue, c’est une phrase toute faite. Certains, que je ne citerai pas, l’appellent déjà un proverbe et disent qu’il est très usité de par le monde. A y regarder de plus près, c’est juste une extension de l’expression tout à fait discutable « On n’a que ce que l’on mérite ». C’est très discutable, en effet, car, bien sûr,  l’injustice existe. L’injustice existe lorsque des civils se font tuer pendant la guerre; lorsque des enfants se font maltraiter, violer, tuer; lorsque des innocents se font emprisonner ou exécuter. On ne peut pas leur dire qu’ils le méritent, en aucun cas !

Cette expression « on n’a que ce qu’on mérite » est ce que les malgaches appellent « eso ». C’est à dire de l’ironie sur le malheur des autres. Et parfois, elle fait un effet… de qualité… lorsqu’elle est bien placée. Par exemple :

– Après la proclamation de la sentence : « Vous avez commis un délit, cette cour vous condamne à payer une amende de 1 millions d’Ariary »
– Ou en distribuant les notes : « Monsieur Zefa, vous n’avez pas donné une seule bonne réponse, je vous mets 1/20 pour la présentation »
– Ou en punissant les enfants : « Vous avez fait une bêtise, vous êtes privés de télé pendant 3 jours »

Là, on peut dire « Vous avez eu ce que vous méritez », ou « Qui sème le vent, récolte la tempête »

Mais encore, qui peut certifier qu’un délinquant mérite de payer des amendes et non d’être sermonné par le prêtre ? Qu’un cancre mérite un zéro et non pas une enquête des services sociaux ?

Si vous avez bien compris mes explications, il est difficile de placer l’expression «Un pays a les dirigeants qu’il mérite » proprement, sans ironie. Personne n’oserait dire, par exemple, que les Nord-Coréens méritent d’être sous le joug des Kim et qu’ils n’ont qu’à changer de dictateur s’ils le veulent.

L’exemple précédent est peut-être un peu trop fort, mais prenons l’exemple de pays démocratiques dans lesquels le peuple a « théoriquement » les pleins pouvoirs pour choisir leurs dirigeants. Si, par chance, ces dirigeants réussissent, dit-on que c’est le peuple qui en a le mérite ? Et si, au contraire, les dirigeants ont moins de succès, ça donne quelque chose du genre :

– «Vous, les français, vous méritez d’être dirigé par un François Hollande.»

Est-ce qu’il n’y a pas une pointe d’ironie dans cette phrase prononcée aujourd’hui comparé à ce que ça aurait donné au lendemain de son élection ?

En fait, cette expression vise à faire taire le peuple qui a élu un président en lui disant « c’est ton choix, assumes-le« .

Mais moi, je dis que le peuple fait ce qu’il peut mais que face à lui, il y a les politiciens, les lobby, la géopolitique, les intérêts des uns et des autres, et finalement est-ce vraiment son choix ?

Dans quelques jours, nous allons, peut-être, connaître le nom du nouveau président de Madagascar et si vous me dites que « Le peuple malgache aura le président qu’il mérite », je répondrai : j’espère bien ! De tout mon cœur. Car si le gagnant est un candidat qui a fraudé, qui a usé de ruses en tout genre, qui a été déloyal, ou qui a mis la pression sur les « bonnes personnes », là, je dirais que le peuple malgache en a assez d’être puni pour les fautes des politiciens et c’est lui qui risquerait d’avoir ce qu’il mérite.


Mandela

Je vais (enfin) faire mon article hommage à Mandela. Vous vous souvenez de Mandela ? Bien sûr que oui !

Parler de Mandela, vingt jours après sa mort ce n’est pas comme parler d’un autre mort. En effet, la mort est triste. Les Malgaches, lorsqu’ils doivent parler d’un mort déjà enterré disent :  » mamoha fota-mandry  » c’est-à-dire remuer la boue qui dort. Mais Mandela est comme tous ces héros dont la mort n’est pas une fin et ne peut être assez triste pour éclipser tous ses exploits. Pour moi, le concernant, il ne faut pas laisser la boue dormir.

Je ne parle pas de faire de ce monsieur un bienheureux ou un saint. En aucun cas, je ne dirais que c’est un dieu ou même un demi-dieu. Donc, libre à tous de prier en son nom ou pas et de lui demander ou non des miracles de là où il est. Mais, à mon avis, ce n’est pas le meilleur hommage que l’on puisse faire à sa mémoire.

Mais comment rendre un bel hommage à cet homme ? Qu’est-ce qu’on n’a pas encore fait ? On a déjà raconté sa vie, on a livré ses secrets les plus intimes, on a cité tous ses mots, on l’a comparé à Gandhi, à Martin Luther King, à Siddhartha, au Messie, viennent déjà livres et films en tout genre; non, je ne trouverai pas de meilleurs moyens de le glorifier.

Je vais juste poser ma question une seconde fois : vous vous souvenez de Mandela ?

Oui, vous vous en souvenez encore, mais je vous en prie, ne l’oubliez pas. Ou sinon, oubliez l’homme, ce n’est pas grave, mais souvenez-vous de son rêve : celui d’un monde où Blancs, Noirs et toute autre  » race  » n’existerait plus; un monde où l’égalité et la fraternité des hommes seraient une réalité.

Oui, n’oubliez pas ce rêve…jusqu’à ce qu’il se réalise !

 


Les propagandes, une aubaine

EUREKA, j’ai trouvé un moyen très rapide et très économique de réduire la pauvreté à Madagascar :

ITARO NY PROPAGANDY

« Itaro », deuxième personne de l’impératif du verbe « manitatra » que je ne peux pas traduire en un seul mot tant il est polysémique comme beaucoup d’autres verbes malgaches. Un traducteur web dit :

manitatra (v.)

envenimer, grossir, accroître, aggraver, agrandir, ajouter, alourdir, amplifier, arrondir, augmenter, bedonner, bouffir, broder, charger, croître, dilater, dramatiser, développer, enfler, enforcir, engraisser, enrichir, exagérer, faire du lard, forcer, forcir, fructifier, gonfler, grandir, hausser, majorer, monter, multiplier, nourrir, outrer, profiter, renchérir, renforcer, s’accroître, s’ajouter, s’alourdir, s’amplifier, s’arrondir, s’empâter, s’enfler, s’engraisser, s’enrichir, s’intensifier, s’élargir, s’épaissir, s‘étendre, s’étoffer, se boursoufler, se dilater, se développer, se gonfler, se multiplier, se remplumer, se tuméfier, souffler, surfaire, élargir, épaissir, étendre, attiger, atiger, enchérir

J’ai, quand même, surligné les mots qui me semblent convenir. Donc, ma solution est :

« Étendre,élargir, intensifier, multiplier, accroître…les propagandes »

Oui, je voulais juste dire que 3 semaines de propagandes, c’est trop peu alors que si c’était propagande tous les jours, ce serait une aubaine pour les Malgaches. jugez-en plutôt :

– distribution de t-shirts, de stylos, et autres goodies, tous gratuits : la solution pour l’habillement et les fournitures de bureau, pour peu qu’on aime le nylon et le plastoc.

– distribution de PPN (Produits de première nécessité) : le riz, les pâtes, le savon, les bougies; exactement ce dont le peuple a besoin.

–  concert gratuit avec les plus grandes pop stars du pays : pour le côté divertissement et culturel, parce qu’en temps normal, le peuple n’a pas assez d’argent à dépenser à de pareilles festivités.

Cessons d’être trop terre à terre, voyons plus grand

On dit que depuis la crise, il y a beaucoup de chômeurs, mais avez-vous calculé combien d’emplois ont été créés pour les propagandes ?

Pour les personnes qualifiées,  voici quelques exemples de boulots créés juste pour l’occasion :

–  Directeur de propagande/ Responsable communication/ Chauffeur de bus pour caravanes/Animateur de meeting/ Garde du corps/Colleur d’affiche, etc..

Et pour vous les jeunes, sans qualifications, vous pouvez toujours vous trémousser sur des camions et en première ligne des meetings en brandissant des petits drapeaux. Je vous assure ce n’est pas mal payé pour un boulot de vacances.

Encore plus grand

Il y a d’abord ceux qui peuvent faire les plus gros contrats : usine de tee-shirt, agence de publicité (affiches, banderoles, spots radio et télé), toutes sortes d’artistes, agence de location de 4×4 et de camions, propriétaires de grandes salles ou terrains vagues en tout genre,  loueur de sonorisation mobile.

Par contre, si tu as une station de radio ou de télévision, évite le piège de signer un contrat exclusif. Il vaut mieux partager ton antenne aux dizaines de candidats qui existent; qui vont tous payer bien entendu…

Si tu es ce qu’on appelle un leader d’opinion : chanteur, acteur, prêtre, pasteur, élu local, célébrité,  c’est l’occasion ou jamais de devenir riche en disant une seule phrase : « Je soutiens le candidat Rakoto »,  ou plus discrètement : Je trouve que Rabe a un programme réaliste » . C’est tout. Attention!, ça ne marche pas si tu le fais spontanément. Il faut qu’au préalable, tu assures tes arrières avant de divulguer ton penchant pour le candidat que ton cœur (ou ton cerveau ou ton porte-monnaie) aura choisi.

Les propagandes, c’est le top

Je vous le dis : c’est mieux que tout programme politique, mieux que toute promesse de campagne, beaucoup mieux que ce que vous ne verrez jamais pendant leurs mandats; car les politiciens n’attendent plus pour agir, ils sont vraiment aux pieds du peuple, ils vident leurs porte-monnaie. C’est vraiment Noël avant l’heure, …c’est… les propagandes!


Second tour des présidentielles MADAGASCAR : attention, aussi, aux chantages!

Pour le second tour des présidentielles, il y a beaucoup de techniques de propagandes. On peut essayer de séduire, de convaincre par diverses démonstrations, de dénigrer ses adversaires, mais parfois on utilise aussi la peur.
Cette technique est très ancienne et surement utilisé dès les premières civilisations. Elle est surtout utilisée en temps de guerre. En fait, on a toujours su qu’une personne ou qu’un peuple qui a peur peut décider et faire des choses inimaginables.

De quoi avoir peur

Il faut, cependant, rechercher le bon mobile pour faire peur aux gens. Ces derniers temps, c’est devenu assez facile d’en trouver à Madagascar.
La plus grande peur des malgaches restent le « rotaka » (émeutes) qui peut se manifester en simple bagarres jusqu’à de presque guerres civiles. Il faut dire que la pauvreté incite les gens innocents à profiter de ces « occasions » pour se livrer aux pillages jusqu’aux actes ciblés sur certaines personnalités ou communautés.
Vient ensuite la crise économique. Comme l’économie du pays est à grande majorité dépendante de l’aide extérieur, il suffit de brandir la menace d’un embargo ou d’une fermeture de robinets pour faire faire des cauchemars à tout le monde.
Enfin, tout autre motif assez réaliste comme : « Ce mec ne va pas se soucier de telles ou telles ethnies » ou bien « celui-là il va piller le trésor national s’il est élu », etc… »

INFO ou INTOX?

msg 1

Dans un forum avant le 1er tour :  « Si jamais ni Hery ni Edgard ne passe, le DJ va provoquer des troubles et la communauté indienne va lui financer les mercenaires, de source sur et de ce jour »

msg 2

Avant le 2nd tour : « Si c’est Hery qui perd, il acceptera mais Ravalomanana n’acceptera jamais si JLR (son poulain) ne gagne pas, ce sera la guéguerre »

 

Alors, info ou intox?  peu importe parce qu’en fin de compte le but est bien de faire peur aux gens.

Mais comment bien choisir?

Parfois, la fin justifie les moyens mais je m’inquiètes quand même que la peur puisse à grande échelle biaiser les résultats et qu’en fin de compte on ne règlera pas définitivement le problème quand la peur se changera en frustration.
Je dirai que dans un monde démocratique parfait, les candidats entreraient dans l’arène des élections avec des idées, des programmes et promesses, pas avec des menaces.
Alors, comment choisir? eh bien, selon beaucoup de critères qui ne dépendent que de chacun : les promesses des candidats pour les uns, leurs anciennes réalisations pour d’autres, leurs beauté et prestance, peut-être . Mais si on choisit parce qu’on a peur de quelque chose, on risque de faire un mauvais choix.
Je ne veux pas vous effrayer avec ça, mais tant qu’à voter, ne cédez pas aux chantages!


Accompagner un mort jusqu’au tombeau

Me revoilà après quelques jours d’absence à cause d’un mort dans la famille. Dans un pays où les fomba (les us) tiennent un rôle fondamental dans la vie sociale et où, d’un autre côté le « modernisme », la mondialisation, le christianisme ou n’importe quel autre excuse valable tend à anéantir ou au mieux estomper la culture ancestrale, je fais partie de ces jeunes malgache qui ne connaissent pas bien ses propres coutumes. Pourtant l’expression « tsy mahalala fomba » (celui qui ne connait pas les fomba) est une véritable injure dans ce pays. Tous les grands évènements (enterrement, mariage, fiançailles, etc…) sont donc des occasions pour observer et apprendre les fomban-drazana (coutume des ancêtres). Je serai donc, un peu sommaire dans ma description des rites qui prévalent aujourd’hui dans le pays merina (ethnie peuplant Antananarivo et les régions environnantes).

Les rites auxquels on n’a pas trouvé une désapprobation

Avant de citer donc toutes les traditions que j’ai dû observer pendant les derniers jours, je dois expliquer l’impact des nouvelles moeurs, surtout du christiannisme sur les fomba malgache. En fait, beaucoup de malgaches d’aujourd’hui mettent leur chrétienneté en premier plan et refusent de suivre les rites qui seraient contraire à leur foi. Ce qui est ambigû, c’est qu’ils ne veulent pas abandonner totalement les fomba. Donc, une « nouvelle » expression est apparue pour « excuser » ce mélange : « araka ny fomban-drazana izay mbola tsy hita izay maha-ratsy azy » (
Selon les rites ancestrales auxquels on n’a pas trouvé de désapprobation)

Le kabary (sorte de discours)
Le kabary est un véritable art oratoire longtemps transmis de génération en génération mais qui est aujourd’hui enseigné dans des écoles malgaches. C’est un discours toujours différent et très codé selon les évènements mais aussi assez souple pour s’adapter à toutes les circonstances et à chaque orateur. Les kabary sont ornementés de proverbes, d’adages, de dictons, d’expressions populaires, de rimes, de citations (dont bibliques) etc….Il y a donc, des kabary pour les fiançailles, kabary pour les mariages, pour les décès, et tous les autres évènements de la vie des malgaches.

Fitsapana alahelo (sonder la tristesse)

Cela consiste à venir dans la maison du défunt dans lequel toute la famille est réunie. Ensuite, on s’incline quelques instants devant la dépouille et on salue tout le monde avant de s’assoeir ou partir selon le cas. Il signifie qu’on n’est pas encore prêts pour présenter ses condoléances mais qu’on ne peut pas attendre pour montrer sa sympathie envers la famille.

Famangiana manjo (présentation des condoléances)

On présente les condoléance généralement en groupe et rarement tout seul. La famille qui les reçoit est assis et le groupe entre et se recueuille quelques secondes sur le coprs avant de commencer les kabary que vont se renvoyer un orateur de part et d’autre et que je vais essayer de vous raconter ici un exemple :

Préambule
– visiteurs, en chœur : Comment allez vous
– famille en deuil, en chœur : Nous voici
– visiteurs, en chœur : On vient présenter nos condoléances
– famille en deuil, en chœur : Merci beaucoup

1er kabary : Consolations
l’orateur des visiteurs  commence généralement par s’excuser de toute faute, transgression, insolence ou tout ce qu’on peut appeler en malgache « tsiny ». On s’excuse toujours de parler en place de tout le monde, les plus âgés que soit, ceux du même âge, les plus jeunes qui peuvent être mieux placés dans la société, les femmes, bref, tout le monde. On s’excuse si jamais on est en retard de quelques jours après l’enterrement avant de présenter les condoléances mais on peut dire là qu’on n’était pas du tout au courant.  Ensuite, l’orateur use de tous les mots, expressions, proverbes qu’il juge opportun pour enlever ou au moins amoindrir la tristesse de la famille. Il finit donc souvent par « Mahaiza mionona tompoko » -« Sachez vous consolez » (Tompoko est la marque de politesse)

1ère réponse : En réponse l’orateur de la famille endeuillé remercie les visiteurs pour leur présence, pour les mots apaisants et promettent que la famille va se consoler. Il s’excuse aussi pour diverses raisons; par exemple, pour ne pas avoir prévenu les visiteurs et il dit « à cause de la trop grande quantité de l’eau »
L’expression type de conclusion se traduirait par « Même sans consolateurs, on saurait nous consoler tous seuls; d’autant plus que vous êtes là pour nous réconforter, nous nous consoleront, Merci »

Interlude
– visiteurs, en chœur : Alors ne déterrer plus la tristesse
– famille en deuil, en chœur : Merci beaucoup
Alors, je ne sais pas si misosoka veut dire « déterrer » ou non mais l’idée est de ne plus « rappeler » la tristesse. Cette interlude s’intercalent après chaque réponse de l’orateur de la famille.

2ème kabary : Offrandes
l’orateur visiteur use de ses mots et expressions pour justifier le don d’une aide qu’il vont octroyer. Généralement une enveloppe contenant de l’argent. ce don remplace plusieurs « cadeaux » offert jadis qui sont un linceul pour le mort, un assèchement des pleurs ou du jus de riz pas cuit (qu’on buvait pendant les veillées) pour les vivants. L’excuse type est donc celui cité plus haut « Selon les rites ancestrales auxquels on n’a pas trouvé de désapprobation, voici le « remplacement » d’un linceul et d’un jus de riz non cuit »
2ème réponse : L’orateur remercie les visiteurs car ils n’ont pas seulement présenté des mots apaisants mais ils ont en plus apporté des offrandes selon les rites malgaches. Donc, merci, merci et merci

Interlude

bla bla bla (en choeur)

3ème kabary ; Prendre congé
L’orateur s’excuse de devoir prendre congé sans faire du bruit sauf s’ils décident de rester avec la famille un peu. Il évoquera les choses à faire à la maison ou au boulot, la nuit qui tombe, etc…C’est aussi l’occasion de demander le programme : veillées, cérémonies, enterrement.
3 ème réponse : Il rassure qu’il n’y a pas de mal et que la famille comprend et donne sa bénédiction.

Interlude

Et on se serre les mains.

Les autres rites

Le famangiana manjo est le rite central lors d’un décès. On ne peut pas être de la famille ou des amis proches sans avoir effectué ce rite. Il faut dire que toutes les dépenses que la famille va faire va être largement couvert par les offrandes collectés. Pour une grande famille, je dirais que le montant « récolté » ira en moyenne vers les 650 à 700 euro.

Après cela, chaque rite que je vais citer ci-après sera l’occasion d’un kabary  :

Les veillées funèbres : selon les cas, on veille un ou plusieurs nuits de suite. Dans certains quartiers les veillées funèbres sont l’occasion pour des petites troupes de se faire écouter. Bonjour le radio crochet mortuaire.

Le famonosana : moment pendant lequel on emmaillote le corps dans plusieurs linceuils bien ficelé sur des parties stratégiques du corps par des hommes désignés par la coutume.

Famoaham-paty : La levée du corps (littéralement : sortir le ccorps de la maison)
Le kabary, ici consiste à remercier tout le monde devant la maison, ceux qui vont encore poursuivre la route avec le mort jusqu’au tombeau et les autres qui s’arrêteront là, dont les voisins qui vont accourir pour voir le cercueil sortir

La cérémonie à l’église
Qui se ponctuera par à peu près le même kabary que devant la maison

devant le tombeau
Une autre cérémonie pour faire patienter les gens pendant qu’on ouvre le caveau et qu’on prépare la place au dernier moment.

Après l’inhumation

Tout de suite après l’inhumation, On remercie toute l’assistance et on donne une chance à ceux qui n’ont pas effectué le famangiana manjo de le faire là.

Fisasana
Après quelques jours, on se lave et on lave les draps du mort. Une occasion de se retrouver en famille et de tourner définitivement cette page de son histoire.

Vous avez remarqué peut-être que plusieurs rites nous rapprochent de peuples lointains d’Asie ou du Moyen-Orient. Mais quoi qu’on en dise, j’ai compris, moi, que tout ça est fait pour que la mort soit la moins douloureuse possible pour la famille. C’est une preuve de solidarité, d’amitié, d’amour, de ce que l’on appelle ici le « Fihavanana ».


Vous ne devinerez jamais pourquoi j’ai pas (encore) mis mes photos dans le blog

Je suis de ces personnes qu’on a du mal à définir. On dit : multi-facettes. Il arrive qu’une personne ne me connaisse que d’un seul point de vue. Ces gens là m’appellent Chef Andriamialy (chef scout, ou chef de chœur ou pour me narguer parce qu’au boulot, je ne suis pas du tout chef) ou Balsama du nom d’un groupe musical que j’ai créé ou Papa de Nathan ou Papa des jumeaux pour ceux qui ne savent pas que les jumeaux ont de grands frères ou quelque chose de ce genre.

Dans la blogosphère malgache, on m’appelle lay andriamialy, du fait de mon premier blog. Dans mon ancien blog, il y a du texte, beaucoup de texte et dans une page, il y a des peintures à l’eau que j’ai faites étant jeune. Pas de photos, ou très peu!

Dans ce corbeille (ce blog), je voulais depuis le début mettre en avant un de mes talents, disons assez vieux mais qui ne s’est pas encore très bien exprimé : la photographie. Je ne voudrais pas spécialement d’un blog photo, mais que mes articles soient décorés par de belles photos que j’aurai moi-même pris.

L’histoire

J’ai eu mon premier appareil à 14 ans. C’était un petit compact totalement mécanique qui produisait de superbes photos. Vous vous souvenez du temps de la pellicule? C’est bien de ça que je parle, c’était dans les années 1990.
Plus tard, on a eu un nouveau appareil, toujours un petit compact mais avec flash et dont la pellicule tournait toute seule. Les photos n’était pas meilleurs mais on prenait des photos par dizaines avec.
Jusque-là, mon amour de la photographie était d’abord limité par l’ignorance mais aussi par le budget. Donc, pour moi, un appareil photo, c’était un compact et une belle photo était une photo pas floue et pas trop sombre.
Continuons notre histoire. Je vous ai déjà raconté que ma mère m’achetait des outils pour assouvir mes passions : instruments de musiques par exemple. Eh bien, ça lui a couté la moitié de mon salaire actuel pour m’acheter un appareil photo numérique minuscule. Il prenait des photos de 1 mégapixel, c’est à dire moins grand que ce que fournissent aujourd’hui les téléphones chinois très bas de gamme (qu’on appelle chez nous Foza orana, l’écrevisse américaine qui fait des ravages dans nos lacs et étangs).

Il faut expliquer que ma mère avait au boulot un système qui lui permettait d’acheter à crédit des trucs de ce genre exactement le mois de mon anniversaire.
3 appareils numériques et un peu plus de 3 anniversaires plus tard, donc, je me retrouve avec un joli petit compact numérique de 10mpx de chez SONY. C’est avec cet appareil, qu’on m’a plus tard volé d’ailleurs, que mon intérêt pour la belle photo s’est définitivement réveillé. Beaucoup de mes photos sur Facebook sont encore de cet appareil.

Récemment, j’ai remplacé ce SONY qu’on m’a volé par un Samsung très bon marché et  performant. Mais je n’était pas du tout satisfait et je voulais, enfin, acquérir un Reflex, c’est à dire un appareil photo qui utilise un miroir ou un prisme et qui fournit les plus belles photos.
Pour tout dire, le plus bas de gamme des appareils reflex coûte actuellement 10 fois le SMIC malgache. Après avoir évalué mes économies, je devais me résoudre à acheter un bridge, c’est à dire un appareil qui fait le pont entre le compact et le reflex.
J’ai ouvert, en même temps mon blog de chez mondoblog. Mais comme il y avait un peu d’attente pour savoir si j’étais admis ou non parmi les blogueurs mondoblog, j’ai entre-temps vendu le bridge et je me suis dit que je pourrais gagner un peu plus pour m’offrir un reflex.
Malheureusement, j’ai dilapidé l’argent de la vente du Bridge dans des couches, des lingettes et des boîtes de lait en poudre. Ma mère me dit toujours : »Ne vends jamais un bien, l’argent liquide coule comme de l’eau » (en malgache, ça fait moins pléonasme). J’ai répondu, que cette fois-ci j’ai fait mieux en transformant un Bridge en couches sales.

Mais ce n’est pas la triste fin de l’histoire.

Actuellement, j’ai en ma possession un vrai reflex pas professionnel mais quand même un reflex. Ne me demandez pas comment je l’ai payé car ce n’est pas encore fait!

Mais pourquoi,donc, il n’y a pas encore de belles photos exclusives qui ornent mes articles?

Eh bien, c’est parce que je vis à Antananarivo, je travaille tous les jours à Antananarivo. L’autre jour, ma sœur s’est fait arraché son appareil photo à Analakely (dans le centre de la ville). A 50 mètres de là, j’ai vu de mes yeux un touriste chinois se faire voler son appareil photo qu’il a rangé dans son sac à dos. Pas plus tard qu’il y a une semaine, la voiture devant moi a été la cible d’un pickpocket et c’est la femme, côté passager qui a eu le téléphone volé.

Je vois bien qu’il y a plein de touristes, de journalistes et sûrement quelques frimeurs qui se baladent downtown avec leurs gros calibres mais excusez-moi, je ne vais pas prendre de risque avec un appareil que je n’ai pas fini de payer.

Ou peut-être un de ces jours, avec un peu plus de courage.

On verra pour les prochains articles.