Andriamialy

Le « j’aime »

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Avez-vous remarqué comme moi que le bouton « j’aime » de Facebook ou ses équivalents dans les autres réseaux sociaux ne veut plus vraiment dire « j’aime » ces derniers temps?

Le choix

D’abord, il faut remarquer que Facebook n’a jamais (ou pas encore) mis à notre disposition des alternatifs à ce bouton « j’aime ». Soit on aime, soit on est indifférent. Par contre on peut « dés-aimer » en cliquant une seconde fois et de ce fait on n’aime plus le post, la photo, le lien, etc.

Plusieurs fois, des rumeurs ou des faux concernant des boutons comme « je n’aime pas »  ou « je compatis » ont circulé sur le web. Mais , à ce jour, on n’a le droit que d’aimer.

Nuances de « j’aime »

Ainsi, devant ce manque de choix, peut-être, mais aussi suite à l’évolution des mentalités qui s’adaptent au monde 2.0, un « j’aime » ou un « + » ou un pouce levé, ou même un partage ça veut dire ce que ça veut dire. Je dirais qu’il n’y a plus maintenant un, mais plusieurs « j’aime ».

« j’aime » honnête :

C’est le « j’aime » original, un j’aime vrai et sans ambiguïté. Par exemple devant une belle photo, un bon lien ou un bon statut du genre :

« Bonne journée à tous mes amis! que Dieu vous bénisse »j’aime

Le « j’aime » acheté ou pire : quémandé

C’est quelque chose que tu n’aurais jamais remarqué et si c’était le cas que tu aurais aimé (ou pas). Mais, en tout cas, on te demande, on te supplie d’aimer. Parfois, tu reçois des messages privés du genre :

« stp, aime notre photo dans ce lien www.nimportequoi.com, c’est pour un concours, merci d’avance 🙂 🙂 🙂 »

Parfois même, on suscite chez toi ton esprit d’appartenance ou nationaliste en te disant que c’est pour la famille, pour l’école ou pour un compatriote :

« Soutenez Rakoto et Rasoa, les Malgaches du concours Best of  Nothing en cliquant « j’aime » sur leur photo »

Le pire de tous, à mon avis, c’est le « j’aime » promotionné.  Mais bon, c’est le « j’aime » qui permet à certains de gagner leur vie et de ce fait, c’est normal que ça soit le plus insistant.

J’aime faux ou trompeur ou de mauvaise foi

On l’utilise par hypocrisie, par comédie ou par intérêt. La photo est dégueulasse, le statut est pourri, mais comme c’est un ami qui aime les « j’aime », comme c’est quelqu’un qui doit savoir que tu « aime » tout ce qu’il poste, bah, tu cliques. Exemple :

miss
« J’ai gagné le concours de beauté » j’aime (mais au fond de moi, je te maudis, espèce de prétentieuse!)

J’aime ironique

Là, c’est un j’aime de jubilation lorsque son pire ennemi, qui fait quand même partie de ses contacts (va voir chez les filles, elles savent bien le faire), publie quelque chose de triste. Du genre :

triste
« Je déteste la vie, tout est triste, tout est noir,j’aimerais vraiment me foutre en l’air« – j’aime (bien fait pour toi!)

Le j’aime qui balance

C’est un j’aime qui permet de partager discrètement un statut si ridicule, si bête, si …inattendu d’un de ses contacts. Une personne poste une photo d’elle quasi nue, ou hyper drôle dont elle est fière; évidemment tu voudrais que tout le monde voie comme elle est ridicule, comme elle est risible mais si tu partages tout de suite, c’est pas très correct. Alors, à ce moment, tu « j’aime  » discrètement, du genre que tu es sincère, mais en fait tu voudrais que tous tes amis voient la même chose. Comme ça, ça donne sur les notifications de tes amis:

Koto aime le statut de Fara « , Hourra!! aujourd’huit, j’ai recu mon sertificat de langue francaise »

Conclusion

Un seul bouton « j’aime » peut avoir de nombreuses significations. Mais est-ce que c’est un phénomène d’adaptation de la société face à la pénurie de boutons dans les réseaux sociaux? Ou bien est-ce juste le reflet de la vraie nature des gens? En tout cas, désormais, il faut toujours poser la question : j’aime, oui, mais pourquoi?


Le frangasy, ni français ni malagasy ni créole, mais est-ce une vraie langue?

Hotely_menu_Madagascar

C’est la fête de la francophonie et les Malgaches sont très francophones. Mais je vais vous parler du « frangasy ». Le frangasy c’est une façon de parler qui utilise le malgache et le français. Ce n’est pas un Malgache qui ne sait pas parler le français et qui ferait du « mot à mot » au contraire. C’est un Malgache qui pense qu’il maîtrise tellement le français qu’il peut l’utiliser comme il veut.

Je ne sais pas qui a inventé ce mot « frangasy ». Comme définition, je dirais que c’est une façon de parler qui consiste à utiliser des mots français non transformés à l’intérieur de phrases bien malgaches. C’est un peu comme le « franglais » qui est l’utilisation à outrance d’anglicismes dans son français parlé. Et dans le frangasy, l’expression « à outrance » décrit bien le phénomène.

Ce n’est pas du français

Je me souviens d’un ami français qui disait : » Votre langue n’est pas africaine du tout, plutôt asiatique, non? » Et il avait raison « la base est de l’austronésien, mais il y a beaucoup d’emprunts venant d’autres langues : l’arabe pour les chiffres par exemple, certains font des rapprochements avec des mots hébreux, mais c’est sûr qu’il y a des mots africains dont des mots bantous ». Et puis, il faut dire qu’il y a aussi beaucoup de mots venant de l’anglais datant de l’évangélisation de l’île par les missionnaires anglais qui ont aidé à la traduction de la Bible.

Et c’est là que mon ami  a fait remarquer « et du français aussi, non? J’arrive même à comprendre certaines conversations en rattrapant ces mots français en vol »-« …euh…oui…mais »


A vrai dire, si tu entends des mots français quand tu écoutes des Malgaches parlé, surtout s’ils sont jeunes, c’est parce qu’ils utilisent ce que moi j’appelle le « frangasy » ou ce que les Malgaches appellent « vary amin’anana » du nom de la soupe de riz aux brèdes de couleur blanc et vert et non blanc verdâtre ni vert clair. En effet, le riz (le malgache) et les brèdes (le français) sont bien distincts et avec un peu de courage on pourrait les séparer dans deux plats différents.
Le mot français, une fois qu’il est intégré dans la langue, ma foi, tu ne le reconnaîtras pas.

Par exemple :

– fiara (voiture) vient du mot français…devinez … »fiacre »
– latabatra = table
– pataloa [patâlou]= pantalon
– lamasinina = train (la machine)

Et que dites-vous de ça?
saka (ou piso) = chat qui vient de l’expression « sac à puces ».

Ce n’est pas du malgache

Le frangasy c’est vraiment du malgache et du français côte à côte. Ce n’est pas la malgachisation de mots français pour pallier un manque de vocabulaire, par exemple. Les mots en français sont bien à leur place et sont, très peu, écorchés. En fait, l’art de parler le frangasy, si c’est un art,  c’est de bien mettre le mot français là où il faut. Car, il faut le souligner, le mot malgache qui est remplacé existe bel et bien. C’est, donc, un choix délibéré d’utiliser le mot français en lieu et place du mot malgache.

Ce n’est pas du créole

Le frangasy n’est pas du créole non plus. Ce n’est pas du français qui serait « transformé » car dans le frangasy le syntaxe reste majoritairement malgache. C’est uniquement les mots qui sont remplacés par du français. Et, enfin, je vais vous citer les exemples que vous attendez, sans doute, très très fort.

Et pour cela, je vais vous donner 3 exemples,  car en vérité, il n’y a pas UN frangasy, mais plusieurs selon le degré d’atteinte du patient de l’interlocuteur.

1er exemple :
Si vous voulez dire la phrase :

Servez-moi du riz au coco et du poulet frit s’il vous plaît.

En malgache, propre, ce serait :

Rosoy vary amin’ny voanio sy akoho voaendy aho azafady.

Et en frangasy niveau 1 :

Serviavo vary au coco sy akoho frit aho azafady.

NDLR : Explications sur « serviavo » [serviàv]

« Serviavo » est l’illustration de la malgachisation en pleine action. Là, j’utilise le verbe « servir » à la seconde personne « malgache » de l’impératif. Et je parie que si je dis à un Français « serviavo iray vera aho« , il ne va rien comprendre. Mais si par contre je dis en créole « fè sèvis pou mwen yon vè« , c’est beaucoup plus clair que c’est « sers-moi un verre » (fais servir pour moi un verre)

2e Exemple :
Chez un adepte niveau 2 du frangasy la même phrase devient :

– Serviavo riz au coco sy poulet frit aho azafady.

Voyez la différence. Il y a plus de mots en français, mais la phrase reste malgache quand-même.

3 e exemple :
Alors là, au niveau du maître du frangasy, ça devient carrément :

-sers-moi du riz au coco lesy a! dia poulet frit koa s’il te plaît…merci!

Eh oui, on passe tout de suite du vouvoiement au tutoiement, car le frangasy, le pur, le vrai, c’est surtout entre amis, « tu vois ve? »

« Est-ce que tu vois ce que je veux dire ve hoe : c’est parce que tu es mon ami matoa ‘zah mm…m-se comporter ohatra zao? »

A la poubelle le frangasy?

Il y en à qui s’insurgent, c’est vrai. Et gare à toi si ton prof de malagasy te surprend à faire du « vary amin’anana ». Mais il faut avouer que pour impressionner, pour draguer, pour casser la glace, c’est quand même un bon outil. La langue malgache pour parler d’amour par exemple, c’est lourd alors qu’en français ça passe mieux. Alors, quelques mots d’amour en français entre les phrases, c’est … romantique?

Personnellement, je n’ai pas peur du frangasy. Je vois bien que les jeunes Malgaches aiment leur langue autant que la langue de Molière ou les autres d’ailleurs. Tant de jeunes Malgaches d’aujourd’hui s’initient avec bonheur au kabary (les discours) sans oublier de devenir au moins des bilingues parfaits.
Donc, pour moi le frangasy n’est pas une langue, ça reste une mode qui ne se démode pas encore, même si l’angasy (ou manglais?) pointe déjà son nez. Et dans ce cas, il passera pour revenir plus tard et dans les transactions, c’est notre langue nationale qui s’enrichit.


Quelle course !

 

Je reviens de l’île Maurice. C’était un bon séjour dans un très joli pays. Il faut savoir que j’aime voyager et que j’ai déjà vu quelques pays.
Il y a un « jeu » cruel que les gens aiment faire avec les Malgaches. Je dis que c’est un jeu, mais ce n’est pas vraiment un jeu, vous avez peut-être deviné. A quoi il consiste? Et bien! la règle du jeu de cette course consiste à calculer combien d’années de retard a Madagascar par rapport à ce pays.

– « Au 18e siècle, le royaume de Madagascar était au même rang que le Japon », étudiant malgache au Japon rencontré dans un avion
– « Madagascar? Je connais, Madagascar et Singapour ont eu leur indépendance dans les années 60 et à Madagascar était plus joli » – Chauffeur de taxi singapourien dans les années 2000
– « Dans les années 80, on allait en Madagascar pour aller « an-dafy » (à l’étranger) parce que c’était plus ‘civilisé’ qu’ici » – Un Malgache/Réunionnais en 1999
– « A Maurice, dans les années 90 c’était comme chez vous » – un Mauricien

Un autre Mauricien qui ajoute : « Votre problème, c’est les politiciens et la sorcellerie ». Que peut-on répondre à cela? Que nos politiciens ne sont pas très sorciers?
Enfin, un monsieur me demande : « Comment il est votre nouveau président? » – Je luis réponds  : « Il est … indécis ». Là, il m’enseigne : » Vous savez ? C’est pas sa faute…tous les dirigeants en fait sont manipulés par-derrière par d’autres gens »

Riche ou pauvre?

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Je suis d’accord que selon beaucoup de points de vue, Madagascar est un pays très très très pauvre, mais je voudrais bien qu’un jour on cesse de faire ces comparaisons stupides. En effet, tout est relatif. Si tu crois que tous les Malgaches sont plus pauvres que toi seulement parce que tu viens d’un pays riche, tu es stupide. Et dans cette relativité des choses, il vaut toujours mieux être dans un pays pauvre que dans un pays riche.

Démonstration :
Qu’est-ce qui est mieux? Gagner 100 000 euros par mois à Madagascar ou en Europe? … à Madagascar bien sûr. Puisque, ici cela fera 300 000 000 ariary par mois,  tu pourras acheter 1 maison à étage, 1 voiture 4×4 de bonne occasion et d’autres choses tous les mois,
Qu’est-ce qui est mieux? Gagner 100 euros par mois à Madagascar ou en Europe? … à Madagascar aussi bien sûr. Puisque, ici cela fera 300 000 ariary par mois,  tu pourras louer une pièce, prendre le bus et manger à ta faim.

M’enfin, comment pourrais-je empêcher les gens d’être fiers de leur pays ?


De Noël à Pâques : comment la St Valentin fait le pont

Année après année, la St Valentin prend du grade parmi les dates spéciales à célébrer. En cette date spéciale, on peut tout dire : qu’il faut célébrer l’amour, qu’il faut faire l’amour et pas la guerre, que la mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure, que l’amour est une maladie dont on ne voudrait jamais guérir, que mieux vaut aimer sans retour que ne jamais connaître l’amour, que la vie est trop longue pour se détester, mais trop courte pour s’aimer, que l’Amour est la seule chose qui grandit quand on la partage, etc, etc. Mais il faut avouer que c’est aussi une occasion inespérée pour faire du commerce.

Le 14 février est quand même une date stratégique et il ne faut pas être très fin en marketing pour voir qu’il fait le pont entre la St Sylvestre et Pâques. Le 14 février, on a déjà passé le cap du 31 janvier tant attendu et on n’est plus pauvre et endetté. Le meilleur créneau quoi !


Mais pour que cela marche, il faut bien entendu toucher le plus de gens possible, élargir la cible. Ainsi comme toutes les fêtes dites « chrétiennes », on va surtout faire oublier la partie catholique de la journée et axer la communication sur les autres aspects de cette fête en en détournant les symboles. Vous voyez ? Aujourd’hui, Noël ce n’est plus l’étable et l’Enfant, c’est le Père Noël et les cadeaux, Pâques n’est plus le pain et le vin, c’est le lapin qui pond des œufs. Et donc, St Valentin, personne ne le connaît, c’est juste le jour des roses rouges.

Une autre astuce : pendant la fête des mères, on risque de se fâcher avec les orphelins de mère n’est-ce pas ? La parade est de dire que la fête des mères est l’occasion pour honorer aussi les mères de toutes sortes : les grand-mères, les tantes, les marraines, les maîtresses, les éducatrices et peut-être dans quelques années les supérieures hiérarchiques femmes. Vous imaginez ? –Madame, en ce temps de fête des mères, nous, collaborateurs du Service, vous considérant tous comme notre mère dans ce travail tenons à vous féliciter et à vous souhaiter tout le bonheur du monde.
Eh bien, aujourd’hui, on fait pareil avec la St Valentin. On ne dit plus que c’est la fête des amoureux, mais que c’est la fête de l’amour. Que c’est une occasion de montrer à ceux qu’on aime qu’on les apprécie. N’avez-vous pas entendu des slogans de ce genre? Moi si, c’était ce matin pendant les pubs sur une chaîne de télévision internationale pour enfants.

Alors, venons-en au fait. Quels produits pouvons-nous bien vendre à ces amoureux de toutes sortes : les amoureux fous, les amoureux d’un soir, les amoureux en herbe et les autres ? des roses, des bonbons, des bagues, des …préservatifs? Je répondrai que oui, la liste est déjà bien fournie et risque de s’allonger.

En effet, une simple rose ne suffit plus en général. Il faut aussi préparer à l’avance tout un programme : soirée, spectacle, spa, cinéma, diner en amoureux. Il faut aussi prévoir des cadeaux : fleurs, bijoux, souvenirs. Et pour ceux qui ont le « droit » de conclure la journée dans un lit, il faudra aussi tout faire pour que cela ne soit pas comme d’habitude, si vous voyez ce que je veux dire.
Mais où est le problème ? Où est le scandale ? Il est nulle part ou partout à la fois. En effet, certains diront : « Oui, et alors ? c’est une bonne initiative, c’est bon pour les couples, c’est bien pour égayer notre vie monotone et bla bla bla ». D’autres s’insurgeront et diront : « C’est inadmissible, c’est prendre les gens pour des idiots. Moi, déjà je n’achète rien à Noël ni à Pâques, ce n’est pas avec une fausse fête comme ça qu’on va m’avoir ».
Moi je dirais juste que la St Valentin ça peut être une journée spéciale, mais ça peut être tous les jours aussi. Je dirais aussi que tant qu’on a de l’argent, on peut offrir à l’être aimé tout ce qui s’achète, mais que si une rose et beaucoup d’amour ne lui suffisent pas, il faut plutôt réfléchir. Alors St Valentin, oui, mais un vrai.


L’échiquier politique à Madagascar, un imbroglio

On utilise l’échiquier politique pour représenter les positionnements et les confrontations entre les partis et groupements politiques d’un pays.

Dans les pays démocratiques, c’est divisé en deux camps principaux difficilement réconciliables : la gauche et la droite; un peu comme les blancs contre les noirs du jeu d’échecs. Après, il y a des nuances, qui vont de l’extrême gauche à l’extrême droite en passant par toutes les couleurs possibles : gauche modérée, verte, centre gauche, centre droit, droite modérée, etc. A vrai dire, il faudrait peut-être quelques années d’études pour comprendre toutes les différences entre social-démocrate et écologiste humaniste, droite libérale et nationaliste. En tout cas, chez eux, c’est clair : à gauche les gauchistes et à droite le reste.

Mais déjà dans certains États, on ne peut pas appliquer cette image. Dans les dictatures par exemple, leur jeu politique s’apparente plutôt à un boulier de Solitaire. Au États-Unis, au lieu de parler d’échiquier, on devrait plutôt parler de ping-pong, car le pouvoir s’alterne uniquement entre les républicains à droite et les démocrates à gauche.

Qu’en est-il de l’Afrique en général et de Madagascar en particulier?

Aujourd’hui, il est rare d’entendre un dirigeant africain définir sa politique par rapport à l’échiquier politique ou tout autre diagramme connu. A Madagascar, il y avait dans son temps le président Ratsiraka qui se disait socialiste et non aligné, puis humaniste à son retour au pouvoir vers la fin des années 1990. Après lui, c’est difficile à dire.

C’est difficile à dire, car on dirait que ceux qui sont là n’ont pas vraiment un politique propre.  C’est-à-dire qu’ils ne semblent pas avoir une ligne directrice à suivre; ou plutôt, que nous, observateurs, avons du mal à juger si l’homme ou la femme politicien(ne) est un peu socialiste, un peu capitaliste ou un peu écologique. Il existe bien des partis avec des noms évocateurs comme « parti vert », « parti socialiste », »parti démocrate » mais lorsqu’ils sont au pouvoir, on ne ressent pas la différence.

A Madagascar,  nous n’avons pas d’école de sciences-po. Les critères pour entrer en politique sont divers, mais il n’est pas nécessaire pas d’avoir un diplôme dans ce domaine. En fait, nos politiciens sont : anciens artiste, self made man,  fil ou petit-fils d’anciens dirigeants ou anciens militaires…Illustration de cela, les trois derniers présidents élus ou autoproclamés de la Grande Ile sont, dans l’ordre, un chef d’entreprise ancien laitier, un chef d’entreprise ancien DJ et un chef d’entreprise expert-comptable. Et si on leur demandait de se situer eux-mêmes sur l’échiquier, que pourraient-ils bien répondre?

Mais le pire dans tout ça, ce n’est pas le fait qu’on a du mal à les situer dans l’échiquier politique, mais surtout qu’ils utilisent à outrance l’option « retournement de veste ». Retourner sa veste signifie qu’on change de camp. Dans un pays à l’échiquier bien clair, cela veut dire aller de la droite vers la gauche ou l’inverse. C’est rare et même si ça arrive c’est parfois incompréhensible tant les antagonismes entre les positions peuvent être très marqués. Par exemple, tout le monda a été saisi par l’annonce du président français selon lequel il se disait social-démocrate alors qu’on le croyait social-libéral .Et encore, ce n’est qu’un petit pas entre deux positions toutes les deux à gauche.

Des gris

Le retournement de veste, sur un jeu d’échecs, c’est comme si de blanc, tu voulais devenir noir ou l’inverse.  Mais moi, personnellement, si je regarde les politiciens de mon pays, je les vois avec la même couleur : ni le noir, ni le blanc, le gris. D’où, le fait de retourner leur veste ne change pas grand-chose à mes yeux.Vous connaissez déjà cette illusion d’optique où deux carrés de la même couleur  grise paraissent être de deux nuances différentes, l’une plus claire et l’autre plus foncée? En fait, c’est à cause du fond plus clair ou plus sombre. Et sur l’échiquier il y a des cases noires et blanches, donc je vous ai fait un petit dessin pour illustrer nos politiciens. A première vue, on dirait qu’il y a deux camps qui s’affrontent, mais à y voir de plus près … ce sont tous les mêmes

échiquier

 


Rajaonarimampianina et Robinson : colombes ou faux cons

En écoutant la radio, en lisant les journaux, ou en écoutant les gens parler, on sent que si on n’est pas complètement déroutés par les derniers évènements autour du nouveau président, bah! on se marre (on s’amuse)

Voir au-delà de l’apparence

Les Malgaches ont changé. Avant, ils avaient peur du président de la République. Il faut dire qu’avant les crimes de lèse-majesté étaient rapidement et durement punis. Mais depuis la transition, et aussi grâce à internet, et ça c’est une bonne chose, les gens osent critiquer et même se moquer du président. Mais je l’ai déjà dit ailleurs, dans les pays démocratiques le président se fait traiter tous les jours de tous les noms et a même une marionnette à son effigie. C’est la démocratie.

Donc,  Hery R. est président depuis quelques heures seulement et déjà il est un sujet de railleries. En parlant de son investiture, par exemple, on parle partout des tribunes à moitié vides (et non à moitié pleines), de la gestion protocolaire catastrophique, du discours largement copié sur Sarkozy et Obama et de la présence en star de son adversaire « perdant » Jean Louis R qui, dit-on, a été plus remarqué et plus apprécié que sa prestation.

Mais je vous le dis, ne sous-estimez pas un Malgache, de surcroît un politicien, il n’y a pas plus fourbe imprévisible.

Je ne suis pas bon en analyse politique et pour dire vrai, la politique à Madagascar est un vrai casse-tête chinois. Mais posez-vous la question : et si cette l’investiture à deux balles n’est pas le résultat de son inexpérience ou de son manque de sérieux, mais plutôt l’expression de son indépendance ? En effet, on comprendrait mieux que cela s’est passé de la sorte si, c’était une première pour lui ET toute son équipe et non une première pour lui, mais l’équipe était la même. Et si c’était ça, je n’y vois aucune objection : c’est son tour d’être le président.

Le patron

Voyons, il est président depuis quoi ? 3 jours ? et déjà il se fait rappeler à l’ordre par sa famille politique ? Je vous explique cela, un parti politique, affilié au président de la transition qui l’a aidé à remporter le second tour lui rappelle que c’est bien grâce à cette plateforme et au concours du président de la transition lui-même qu’il a gagné et que de ce fait, il ne peut agir à sa guise. On lui reproche, aussi, son rapprochement avec son adversaire Jean Louis R.. On imagine déjà la pression qui va s’exercer sur sa personne au moment de choisir son premier ministre.
Alors, face à cela, je n’ai à lui suggérer que de faire le déjà célèbre exercice d’automotivation :
– c’est qui le patron ?
– c’est moi le patron
– c’est qui le patron ?
– c’est moi le patron
– C’EST QUI LE PATROOOON ?
– C’EST MOOOOOIIII LE PATROOON

Rajaonarimampianina et Robinson, le même combat?

Est-ce un pêché mortel que de rapprocher ces deux-là? Pourtant, à y voir de plus près, ils ont des points communs : bizarre intéressant. Je gage d’en trouver 10, allez :

1) Ce sont tous les deux des hommes (oui, vous l’avez remarqué vous-même)
2) Les deux portent des lunettes B-)
3) Deux chrétiens, croyants, peut-être un peu moins pratiquants, je ne suis pas sûr !
4) Tous les deux sont mariés…déjà ça évite beaucoup de problèmes à l’élu.
5) Tous les deux ont des enfants.
6) Ce sont deux diplômés. Remarque : d’un côté, il y a l’expert-comptable Rajaonarimampianina, le poulain de Rajoelina l’ancien DJ et en face docteur Robinson, le poulain de Ravalomanana, l’ancien laitier à vélo…lol, comme qui dirait.
7) Ce sont deux anciens ministres : l’un a déjà été ministre des Finances et l’autre ministre de la Santé, entre autres.
8) Ce sont aussi deux frères maçons, l’un l’assume, l’autre est supposé l’être avec de très fortes chances.
9) En parlant de chance, leurs chances de figurer au second tour de la présidentielle étaient au tout début de l’histoire quasi nulles. Souvenez-vous qu’il devait y avoir le combat du siècle Ravalomanana-Rajoelina . En lieu et place, il y a eu un temps Razafindravahy-Lalao Ravalomanana. Hery R. et Jean Louis R. étaient alors des candidats « indépendants » devenus plus tard candidats par dépit des deux protagonistes principaux.
10) Enfin, les deux ont toujours clamé leur indépendance avant, pendant et après l’ élection.

Alors vous voyez, on jase, on rouspète après président Hery R. Mais qui vous dit que l’autre, s’il avait été élu il n’aurait pas fait pareil ?

En conclusion,

Une colombe c’est une sorte de pigeon…et un faucon c’est un vrai rapace !