Andriamialy

Madagascar : 5 exemples de métonymie, notre cache-misère

Madagascar, notre pays est riche, mais notre peuple vit dans la misère. C’est comme dans beaucoup d’autres pays, c’est vrai. Moi, je le dis, l’émergence, pour Madagascar, c’est un taxi-brousse déjà en marche. J’espère seulement que ce bus sera gros et bondé au maximum, car aujourd’hui, il ressemble plutôt à un de ces petits Mazda à 14 places dans lesquels on fait la mêlée à 50 pour rentrer.


1- Les bas quartiers
Premier exemple : Antananarivo n’a pas de bidonville. Lorsque la pluie tombe, la grosse averse tropicale, c’est la catastrophe en l’absence de réseau d’égouts aux normes. Et le manque d’entretien du peu qui existe fait déborder les canaux : l’eau pleine de déchets entre dans les rues, dans les rez-de-chaussée et dans les voitures prises au piège. Naturellement, ceux qui peuvent payer plus cher louent les appartements situés en hauteur. Donc, quand les journaux titrent : « Les bas quartiers sont cela, les bas quartiers sont ceci », ils veulent parler des gens défavorisés.

2- Mpiasa tena : les auto entrepreneurs
Dans le pays, il y a d’abord une majorité de paysans, éleveurs et agriculteurs. Ils n’ont pas des emplois règlementés, ils n’ont pas de couverture sociale et ils ne payent pas tous l’impôt. Et puis, il y a le reste qui travaille dans l’industrie et le secteur tertiaire. Mais au final, il y n’y a qu’une infime partie de la population active qui travaille dans le formel. On ne peut pas considérer les autres comme des chômeurs. En fait, si on leur demande ce qu’ils font dans la vie, ils répondront  » je travaille pour moi-même « . Cela voudra dire beaucoup de choses. Elle ou il est vraiment auto-entrepreneur mais son entreprise, PME, micro ou peut-être même nano-entreprise consisterait parfois à revendre 1 kilo de cacahuètes par jour. Il n’y a pas de sot métier.

3- la maladie grave
On a un dicton que je traduirai librement par  » : Est-ce pour un rhume que la brède mafane peut guérir qu’on va tuer un jeune poulet? « .  Chez nous, on connaît des tas de plantes, de recettes de grand-mère et autres gris-gris pour les maladies. On les utilise en priorité car, la médecine occidentale est toujours trop chère. Mais vient le jour où ni la brède mafane, ni le poulet ne suffisent plus, il faut aller à l’hôpital. C’est simple, dès que l’on sait qu’un proche ou un ami est à l’hôpital, c’est une maladie grave. Il faut y aller pour la ou le réconforter et pour aider la famille avant qu’il ne soit trop tard. Voici le message : « Rakoto est à l’hôpital, il a une maladie grave ». AVC ? Accident de la route ? Infarctus ? Cancer en stade final ? Personne ne sait, c’est juste une maladie grave.

4- La mort subite

Deux jours après, Rakoto est mort, c’est une mort subite.  » Malheurs! Rakoto est mort subitement après une maladie grave. Je te dis, 5 jours avant, il se portait bien! « . C’est là que les spéculations vont bon train :  » C’est de la sorcellerie, c’est pour ça qu’il a eu cette grosseur sur son abdomen, c’est quelque chose qu’on lui a fait avaler « .  » Non, c’est un interdit qu’il a bravé, il y a des vazimbas dans sa région « . Il y en a même qui meurent subitement sans passer par la case maladie grave. Mais que la mort soit accidentelle ou pas, provoqué ou non, lorsqu’on ne sait pas, c’est une mort subite, le dossier est clos. Ah, si l’autopsie devenait obligatoire pour toute mort suspecte, il y aurait sûrement des choses à découvrir.

5- Les dahalo,bandits de grand chemin

Traditionnellement, dans le sud de Madagascar, certains peuples éleveurs ont fait du vol de bétail un rite initiatique pour les jeunes. Ce sont les dahalo. Ce qui fait que dans la tête des gens, les dahalo ne s’attaquaient qu’à des éleveurs et qu’ils se contentaient de voler les zébus dans leurs enclos.

Aujourd’hui, pourtant, et ce n’est plus dans le sud de l’île, des bandits armés jusqu’aux dents pillent, brûlent, violent, tuent, attaquent des convois, des villages, mais dans le langage populaire et dans la presse, ce sont toujours les dahalo. Pour moi, une ou plusieurs centaines d’hommes armés qui attaquent un village, c’est pas les dahalo, c’est au moins une milice armée. Tout un village qui attaque un autre, ou des dizaines d’hommes massacrés , car suspectés d’avoir voulu voler des zébus, c’est pas les dahalo, c’est quelque chose que je ne veux même pas nommer.

Parce que, oui, parfois on aimerait bien que les choses ne soient pas réelles, mais elles le sont. Ne soyons plus hypocrites et affrontons ces réalités !


Une demi-journée au By-pass

bypass

Cette fois, je vais t’emmener quelques heures avec moi et les enfants. Nous allons passer l’après midi au By-Pass. Déjà tu me diras :  » Mais c’est quoi, c’est où, c’est comment By-Pass? »

Allons-y et tu verras!

grande roue

D’abord, ce n’est pas un quartier, ce n’est pas un village, c’est une route. C’était censé être la première autoroute de Madagascar sauf que c’est devenue une simple route à une voie dans les deux sens. C’était supposé ceinturer la ville d’Antananarivo et devenir sa limite comme le Périphérique délimite Paris de sa banlieue mais jusqu’à ce jour, la boucle n’est pas encore bouclée. Bref, c’était beaucoup de choses dans nos rêves mais dans la réalité c’est devenue quelque chose de différent.

bypass
Donc, ne va pas croire que je vais t’emmener faire un tour en voiture juste pour le plaisir de rouler sur une route presque sans aspérités ni nids d’Aepyornis (l’oiseau géant fossile de Madagascar proche de l’autruche mais beaucoup plus grand) comme ce qu’on voit en centre ville.

maison bord by pass

Regardes plutôt toutes ces maisons qui défilent à grande vitesse sur les collines. Avant, ces maisons et ces villages étaient au milieu de nulle part ou bien n’existaient pas encore. Depuis que cette route est finie, tous ces terrains qui la longent ont pris de la valeur et, maintenant, tu peux voir ces belles demeures, ces espaces de loisirs, ces grands restaurants fleurir ou plutôt « pousser comme des brèdes« , comme on dit chez nous. Ces brèdes sauvages qui poussent le long des routes, sans cadre, sans infrastructures mais qui s’apprécient très bien avec du riz blanc.

mpampiady akoholahy, arène combat de coq
Ce long fil de voitures que tu vois là-bas au fond n’est pas un bouchon. Elles sont juste stationnées là pendant que les propriétaires vont coacher, jouer, parier sur des combats de coqs en bas de l’entrée d’Ambohimangakely sur la RN2.

combat de coqMais ne nous attardons pas à regarder ces pauvres bougres qui s’amusent à faire se battre de pauvres gallinacés mâles presque sans défenses. Je ne juges pas ce qu’ils font; je ne suis pas un grand défenseur des animaux au point de pouvoir les condamner et j’aime bien le poulet à toutes les sauces. Je sais juste que le jeu est addictif et qu’une fois tombé dans le piège, tu risques d’y perdre ton temps, ton argent, ta solvabilité et ta crédibilité. Et on est déjà assez pauvres comme ça!

Continuons notre route

maison bord by pass

Voilà une illustration d’une maison qui a été rattrapée par cette route alors qu’elle était encore dans son style et son mode de vie campagnard. Il faut voir les enfants qui s’étonnent devant les voitures qui passent, pleines de citadins en manque d’air pur.

Je ne connais pas le nom de ces quartiers ou villages ou je ne sais quoi que l’on traverse. Toutes ses maisons et propriétés empilées sont toutes estampillées By-Pass. Tu n’as qu’à voir dans les journaux  et sur le web les annonces du genre :

« A vendre, terrain plat de 2 Ha sur le bord du By-Pass. Papiers en règle. Bord de route. Prêt à bâtir »

 » A louer, belle maison à étage au By-Pass. Électricité. Puits avec pompe électrique. 5 chambres. Tout confort. Accessible voiture .Garage »

On est arrivés.

gargotes

Ce coin ressemble à des dizaines d’autres déjà sur le bord de cette route. Et je te confirme, tout est quasiment improvisé. Avant, c’était juste un terrain vague et depuis la construction de cette route, c’est devenu cet endroit coloré et animé. Ne me demandes pas si c’est légal ou pas, si ces gens payent des impôts ou quelque chose d’autres. Je suppose que, oui, ils payent quelque chose à quelqu’un, mais quoi et à qui?

gargote

Là-bas dans ces maisons en toiles, ou en bois ce sont les gargotes qui me rappellent les maquis d’Abidjan. Il y a à manger et à boire

tourniquet

De l’autre côté, les enfants peuvent faire des tours de manèges.

grande roue

J’admets que ce n’est pas tout propre ni très joli-joli mais vous pouvez vous en contenter avec le prix dérisoire que ça coûte (25 à 50 centimes d’Euro à peu près le tour de manège).

trampoline by pass

Et les prix sont bien expliqués: les manèges qui utilisent l’électricité ou des moteurs comme le château gonflable ou les petites voitures sont plus chers que ceux qui ne nécessitent que la force des bras comme ces grandes (petites) roues ou les trampolines.

cheval

Il y a même des vrais chevaux, dis-donc!

vendeuse de jouets

Et toujours, dès qu’il y a des enfants, les petits marchands de jouets ne sont jamais loin.

masikita brochettes

Ceci dit, qu’est-ce qu’ils servent dans les gargotes? Des boissons, bien sur! de la bière, du rhum et d’autres boissons « hygiéniques ». A manger, il y a des beignets, des soupes et des pâtes et surtout des grillades. Ça se sent! Je préconise qu’on commande mais qu’on reste dans la voiture pour manger vu qu’ils prennent notre commande et nous livre dans la voiture. Pourquoi? parce qu’on est avec des enfants et je ne veux pas qu’ils se fassent embêter par des gens qui ont déjà moins soif, si tu vois ce que je veux dire. Et dans notre voiture, c’est bien propre et douillet.

cheval et voiture

Le soir approche. Mais surveilles bien les enfants car il y a toujours des voitures et des 2 roues qui font la « pointe » surtout le soir. La « pointe » ce sont les courses sauvages. A Madagascar, on aime bien « améliorer » nos bolides et les tester sur de belles routes comme celle-ci. De plus, on n’a pas de radars, donc, tu sais ce que ça donne.

pont by pass

On ne va pas rester longtemps. Dès qu’on aura fini de manger, il faudra rentrer et je te raconte la suite en route. En fait, on ne reste jamais tard. On vient seulement pour faire jouer les enfants sans dépenser beaucoup trop d’argent. Admirons un peu ce coin du By-pass, la route fait des dizaines de kilomètre, on ne pourra pas tout voir. D’abord ce magnifique petit pont en bêton.

rail
Il y a aussi ce passage à niveau qui ne voit passer que quelques trains par semaine.

La suite?

Cette route est large et elle n’est pas éclairée. Le soir, c’est une toute autre ambiance.  Les gars viennent après le travail pour faire une « revy » (rêve, rave?), c’est à dire boire, faire du Karaoké, danser, boire et voir les filles. Oui, j’ai dit « boire » 2 fois mais dans la réalité, c’est bien plus que 2 fois.

Et tu me demanderas : « Qu’est-ce que ça veut dire la route est large et elle n’est pas éclairée« ? la réponse est une autre question : « Tu sais ce que ça veut dire l’expression : voir les filles? ». Oui, tu as compris mais est-ce que tu vois un hôtel ou des chambres par là? Non!  Donc, regardes bien combien ce n’est pas éclairé sur les bas-côtés et tu comprendras ce que je veux dire.

feux rouge
Ce sont encore les embouteillages! Comme je t’ai dit, cette route était supposée libérer la ville de ses embouteillages mais c’est elle qui est bouchonnée.

tana ciel jaune rose bleu orange
Profites quand même du paysage, Le soleil qui se couche sur Antananarivo, c’est beau et d’ici, on a une vue imprenable.

Et plus tard…

Encore plus tard, quand les « rêveurs » sont partis, on dit que plus de choses encore se passent sur cette route. On dit qu’il y a des trafiquants et des bandits en tous genres qui viennent faire des transactions, des échanges et régler leurs comptes un peu comme dans les films. Je te le dis, quand tu rentres de province à minuit et que tu roules par ici, tout seul, tout droit, sans autre éclairage que tes phares, tu as, quand même, un peu peur. Moi je n’ai jamais rien vu mais dans les journaux on apprend quelquefois que tels bandits ont été appréhendés au By-Pass ou que d’autres crimes y ont été commises.

Comme quoi, les nouvelles choses sont toujours des sources de problèmes ou des opportunités. Tout dépend de nos choix et des circonstances.

Et donc, je ne connais pas du tout le nom du coin qu’on vient de visiter. Si on te demande où tu as passé la journée, réponds juste comme tout le monde : « au By-Pass ».


Malgache, qui es tu ?

 

Si je pose cette question à un Malgache, jeune, patriote, et avec une certaine éducation, j’obtiendrai très vite comme première réponse :

– Malagasy, pas Malgache!

Ah bon! Vous savez, cette histoire a commencé depuis longtemps. Tous les pays ont des noms ayant, sûrement, des significations. Je cherche, je cherche mais je ne vois pas quel pays aurait oublié la signification de son nom; à part Madagascar.

– Madagasikara; pas Madagascar! tu me cherches ou quoi?

OK, c’est Madagasikara. Je me souviens des cours d’histoire pendant lesquels on apprenait, non pas le sens de ce nom à 7 consonnes avec des « a » intercalés », mais les possibles sens et origines. Pauvres profs et surtout pauvres élèves qui ne peuvent se contenter que de théories plus ou moins sérieuses.

En plus sérieux, il y a l’histoire des 3 mois du calendrier appris des Arabes qui sont Alahamady pour le MADA, Alakaosy pour le GASI et Alakarabo pour la KARA. Donc, si c’est vrai, l’île devait s’appelait d’abord Madikaosikarabo. Donc, en répétant Madikaosikarabo des millions de fois on obtient Madagasikara? Peut-être. Et c’est vrai que les mois font bien des noms de lieux comme les « Mars » un peu partout en France. Mais imaginez 3 mois :

– Ah oui, appelons notre nouvelle  île MarsAvrilMai. Non, on est des Anglais donc disons plutôt MayAugustDecember. Répète ça mille fois : MayAgustDecember, MaAgustDeber, Maydugastber, Madusgemsker…. Madagasikara.

– Waouh, SUPER THÉORIE!!!!

Il y a aussi les Européens, Portugais, qui seraient les premiers à avoir découvert l’île, à part les pirates et les autres naufragés. Ils étaient conduits par un certain Diego Diaz, l’un de ceux qui ont donné le nom européen de la ville d’Antsiranana, au nord : Diégo-Suarez. Donc, en mettant un « Ma » devant Diego Diaz, ça devient  Ma-Diego-Diaz.

– Allons à Madiégodiaz

– Où ça?

– Madiégo, kof, kof – diaz excuse-moi, j’ai avalé de travers

Alors, que dire de Madame Gaspard ? C’est trop ridicule que c’est devenue la plus connue des théories, malheureusement!

– Bah oui, c’est quand même très plausible. Ce serait juste un navigateur qui écrirait dans son journal de bord : « Journal de bord du «  »Sainte Marie « . Aujourd’hui, 1er jour du mois d’avril de l’an de grâce 1569, avons découvert une isle peupladée de petites peluches vivantes à queue rayées et quelques mignons petits pygmées. Avons tout de suite pensé à notre chère et tendre Madame Gaspard qui aurait beaucoup apprécié cette découverte. »

De pire en pire

Le ridicule des historiens malgaches, dépourvus d’archives ou au moins de tradition orale exploitables ne s’arrête pas là. En effet, on goberait bien Madikaosikarabo,  Madiegosuarez, et Madame Gaspard pour avoir la moyenne en histo-géo, mais la prochaine question est une vraie colle.

Alors, pourquoi on s’appelle des Malagasy?

Je vous épargnerai, chers lecteurs, d’autres théories farfelues qui en appellent aux Malais, aux autres mois arabes ou autres mots pour se rapprocher de Malagasy ou au moins de Mala et de Gasy. La conclusion qu’il faut accepter est que non, on ne sait pas ce qu’on est.

Il faut quand même savoir que dans notre vocabulaire, on n’a pas cette notion d’ « habitant ». Les Malagasy n’ont pas de mot pour les « Tananariviens » ou « Fianarois ». Ils disent tout simplement « habitants de Tana » ou « habitant de Fianarantsoa » (Mponin’Antananarivo – mponin’i Fianarantsoa). Cela augmente tellement la valeur du mot « Malagasy » qui doit, donc, avoir une signification indépendante du territoire, mais ayant attrait aux gens mais quoi? leurs aspects? leur origine? Leurs us et coutumes? Tout ça? Autre chose? Vous comprenez que pour moi la frustration est d’autant plus forte.

Vous savez, cette histoire aurait pu passer inaperçue si je n’ai pas été à la formation Mondoblog 2014 à Abidjan et si je n’ai pas rencontré mes frères mondoblogueurs Judicael et Basidou : les fiers « hommes intègres » burkinabè (c’est un pléonasme). En fait, le nom de Burkina Faso a été tiré de deux mots provenant de deux langues de ce pays signifiant, donc, « le pays des hommes intègres ». Ce qui fait des Burkinabè des femmes et des hommes vivant avec une devise, l’intégrité, qu’ils portent fièrement et presque naturellement en eux.

Ce que je demande à l »Académie Malagasy, aux intellectuels, au gouvernement ou je ne sais qui, c’est qu’une bonne fois pour toutes, on nous dise ce que veulent dire ces deux mots : Madagasikara et Malagasy. Inventez si vous ne savez pas. Dites que Madagasikara veut dire « le pays où il pleut de septembre à mars » ou plutôt « le paradis sur Terre ». Dites que les « Mlagasy » sont « les Malais égarés en Afrique » ou plutôt « le peuple souriant ». Bref, donnez-nous plutôt de la fierté et de l’espoir. Donnez-nous une identité.

 

 

 

 


Abidjan, top 10 d’un dépaysement presque raté

image

En fait, je ne pensais pas trouver tant de similitudes à propos de Madagascar et de la Côte d’Ivoire. Le premier est un pays, en l’occurrence le mien, île de l’océan Indien tandis que le second est un pays de l’Afrique de l’Ouest. C’est-à-dire qu’il m’a fallu traverser le continent africain de part en part pour venir de la Grande Île pour le pays des éléphants afin d’assister à la formation mondoblog 2014 du 02 au 12 mai. Un voyage de 8 heures en cumulé, mais qui fait plus avec l’escale obligatoire à Nairobi, car il n’y a pas encore de vol direct.

1- On me parle en français
Je viens donc de passer une nuit et un peu plus à Nairobi où les gens, guichetiers, chauffeurs de taxi, employés de l’hôtel et serveurs ne comprennent que l’anglais; une bonne occasion de pratiquer « my english is fine ». Mais cela rend compte encore une fois que si les francophones se soucient souvent de pouvoir recevoir des anglophones dans leur langue, l’inverse n’est presque jamais vrai . Mais quelle joie de retrouver la langue de Molière dès le débarquement à l’aéroport d’Abidjan avec une « Bonne arrivée! » qui me rend pourtant hésitant pendant quelques secondes avant de répondre « merci »! car c’est juste une « Akwaba/bienvenue ».

2- Les mêmes paysages
Je parle, bien sûr, de paysage urbain car je n’ai vu que cela et très peu, malheureusement. Et rassurez-vous, j’admets que, Abidjan est beaucoup plus civilisée comme ville que Antananarivo : plus de gratte-ciels, plus de routes, larges, plus de voitures, etc. Je parle plutôt de certains cadres du côté de Grand Bassam qui attirent tout de suite mon attention avec un fort air de « déjà vu ». Il s’agit des maisons coloniales, des cases en tôle ou en bois, des restaurants « maquis » qui ressemblent beaucoup à nos gargotes, les vendeurs de produits artisanaux, les garages à ciel ouvert, les petites affiches d’annonces immobilières, le minibus, les marchés, etc.

3- Le riz
Les Ivoiriens mangent du riz, quelle joie! Mais, car il y a un « mais », ils n’en mangent pas 3 fois par jour comme nous, quand même. Il y a aussi beaucoup d’autres plats ivoiriens qu’il reste à découvrir dont le fameux garba, le alloco, et le reste, mais pour un Malgache comme moi, tant qu’il y a du riz, c’est le paradis.

4- Les vendeurs malins
Un vendeur qui vient me proposer des babioles chinoises en me certifiant que c’est fait à partir de métaux extraits quelque part à l’intérieur du pays, pour moi, c’est un vendeur d’Analakely, du célèbre Zoma, qui n’a pas pris le bateau pour rentrer. Et plus encore, lorsqu’il propose un prix 10 fois plus élevé juste parce que j’ai la couleur de peau à peine plus claire, je ne suis pas du tout dépaysé car même dans mon propre pays, dans ma presque tribu, on me l’a déjà fait.

5- Pipi dans la rue
Une de mes soeurs mondoblogueuse en parlait. Moi, je ne l’ai pas fait, mais j’ai vu. C’était là, au passage de notre bus, un homme en train d’uriner sur le trottoir; comme ce que l’on voit beaucoup à Tana, oui. Une petite nuance, quand même : à Tananarive, on cacherait mieux l’arme du crime. C’est peut-être parce que les Malgaches sont un peu plus « asiatiques » à ce niveau?

6-Le système de santé
J’ai  eu la chance d’assister à l’enregistrement de l’émission Priorité Santé de RFI qui parlait du système de santé de la Côte d’Ivoire. Il y avait la ministre de la Santé, quelques médecins et responsables en plus de quelques citoyens venus poser des questions. Ça, par contre, c’est à la limite du surnaturel, tout ressemble tellement à chez moi que je me suis senti comme après avoir traversé le miroir pour me retrouver dans un monde parallèle : les médecins géniaux qui font des miracles avec peu de moyens; les moyens, justement, insuffisants par manque de fonds et d’organisation ; des soupçons, plus ou moins confirmés pendant l’émission, de racket par les médecins du public; les centres de santé privés qui sont chers, mais parfois représentent des solutions qui s’imposent, etc.

7- Les chants et les danses
On me dit que les Ivoiriens chantent et dansent beaucoup; les Malgaches aussi. Et en plus, notre île est culturellement très influençable. Je me rends compte alors que certains de nos chanteurs malgaches contemporains écoutent et copient beaucoup les rythmes africains. Mais, lorsque j’ai eu l’occasion d’écouter et de regarder de la musique et de la danse traditionnelle ivoirienne, j’ai compris que cette influence date déjà de plusieurs siècles. Donc, j’ai presque tout retrouvé dans le spectacle : des airs de notre beko dans leur zouglou, des pas de nos danses atandroy, du godogodona, du kilalaky dans leurs danses traditionnelles, un genre d’afindrafindrao rythmé (abissa) comme notre malesa, etc.

8- La plage
La plage où j’étais, à Grand Bassam, me rappelle celles de la côte Est de Madagascar au niveau d’Ambila Lemaitso. Il y a les vagues violentes et malheureusement, il y a les quelques sacs et détritus en plastiques sur le sable. Un chauffeur me raconte qu’ailleurs, il y en a encore qui font caca sur la plage. Je lui réponds que chez nous aussi, il y avait ça mais de moins en moins car ça fait fuir les touristes.

9- La télé
J’ai visité des pays, c’est vrai, et j’en ai vu des chaînes de télévision. Mais lorsque je regarde les émissions ivoiriennes, je me sens aussi chez moi : les clips, les séries et surtout le journal télévisé. Surprise ! je vois même des Malgaches à l’écran, un reportage sur Madajazzcar 2014 à la télé ivoirienne. Quelle coïncidence quand même… ou pas.

10- La fraternité
Enfin, l’hospitalité des Ivoiriens est exemplaire. D’aussi bon niveau que celui des Malgaches, sûrement, s’il n’est pas meilleur. Ici, on m’appelle, aussi, « grand frère » comme chez moi je suis « razoky ». Des gens que je croise, et que je ne connais pas encore, me saluent. Une fois, une personne que je ne connais pas, non plus, me demande quelque chose mais, franchement, comme si l’on se connaissait depuis longtemps. Ça fait chaud au coeur, ou au moins ça te déstabilise dans le bon sens du terme.
Surtout, il y avait les mondoblogueurs. Ils étaient de toutes origines, un peu comme nous les Malgaches. J’ai retrouvé les traits de mes amis et de ma famille. J’ai aussi trouvé leur amitié et je me suis senti comme chez moi.

Bref, j’ai beaucoup voyagé et c’est vrai que l’on se sent toujours mieux chez soi, là où on a ses repères, où on connaît les dangers et les pièges. Mais, en Côte d’Ivoire, les ressemblances avec Madagascar sont frappantes. Faut-il rappeler que les deux pays sont des anciennes colonies françaises, accédant à l’indépendance en 1960, en voie royale vers le développement, mais toujours freinés par des crises politiques et sociales? Et il y a, pour sûr, encore plus de points communs. C’est pour cela que je peux affirmer que oui, la multiplication des coopérations entre les deux pays serait, somme toute, logique, bénéfique et productive.

Je me suis rendu compte que mon dépaysement a quand même réussi lorsque j’ai compris que je quittais la Côte d’Ivoire pour de bon. Tout ce que j’ai vu, tous ces moments que j’ai vécus là-bas restent des moments uniques. Qu’importent le lieu et les gens, ce qu’il fallait faire c’était de le vivre intensément. Et ça, je l’ai fait, grâce à Grand Bassam, Abidjan, un peu, et Mondoblog, beaucoup.
image

En tout cas, j’espère, je veux revenir en Côte d’Ivoire, un de ces jours car je sais qu’il y a encore beaucoup à découvrir. C’est possible, qui sait?


Formation Mondoblog Abidjan 2014, Lay Corbeille avant et après

 

formation_mondoblog_abidjan

J’ai assisté à la formation Mondoblog Abidjan 2014 du 02 au 12 mai 2014 à Grand Bassam, Côte d’Ivoire. Vous, les centaines, voire milliers de nouveaux visiteurs n’avez sûrement rien remarqué. Par contre, mes quelques dizaines d’habitués, mes fans des premières heures ont dû voir les premiers changements sur le site et son contenu. Ce que personne n’a pu voir, c’est le changement qui s’est opéré à l’intérieur du blogueur.

Avant, j’étais un « lonesome blogger »…mais ça, c’était avant.

Aujourd’hui, j’ai compris que la grande force d’un seul est rarement ou jamais supérieure à l’addition des forces de plusieurs.  Aujourd’hui aussi, je peux dire, pleinement, que je suis mondoblogueur. Si vous ne savez pas qui sont les mondoblogueurs, visitez le site www.mondoblog.org , écoutez l’Atelier des médias de RFI, visitez les blogs, tous les blogs car je parie que vous y trouverez votre bonheur. Nous sommes un réseau, une « famille ».

Pourtant, nous ne sommes que des blogueurs, comme des millions et des millions d’autres sur la planète. Tous les autres blogueurs sont nos soeurs et frères ou au moins des cousins, dont des cousins éloignés, peut-être. Et nous sommes peu de chose si nous n’avons pas de lecteurs. On serait comme un chanteur sans public, un pasteur sans brebis, un génie sans maître.

C’est pour cela que je vous écris ce billet. D’abord, je vous fais une invitation à découvrir Mondoblog . Puis, je vous propose de suivre les dernières nouvelles en cherchant le hashtag avec #mondoblog , et notamment #MondoblogAbidjan sur twitter, en aimant notre page Facebook, et en ajoutant le mot mondoblog lors de vos recherches sur le net afin de voir les articles mondoblog concernant le sujet qui vous intéresse. Enfin, pour rendre concrète notre collaboration, je vous offre la possibilité de partager les articles, des les promouvoir, de les commenter, voire les contester.

Voilà, c’est tout. Mais restez branchés,car concernant Lay Corbeille en particulier, je vous promets que ça va déménager. M’enfin, moramora (calmement), à la malgache quand même, mais…restez branchés et vous verrez!

 


Nouvelles sensations

D’abord il faut payer et attendre ton tour.

Si c’est la première fois, tu vas un peu t’impatienter, un peu t’angoisser et un peu poser des questions :

– Ça dure combien de temps ?

– Euh.. ça dure 5 minutes, à peu près.

– Ça fait très peur ?

– Ça dépend des gens

– Ça fait …  mal?

L’attente devient pesante lorsque tu entends les bruits de mécanismes qui grincent et des filles qui crient, des cris à peine couverts par une musique beaucoup trop forte. Mais très vite, ça s’arrête et c’est ton tour. On te fait entrer dans une salle sombre et tapissée de moquette. On t’installe sur une sorte de fauteuil en cuir et on t’y attache bien. Dans la pièce, il fait noir et tout ce que tu vois est flou. Mais tu n’es pas seul, il y a 5 à 8 personnes d’autres avec toi.

Soudain, on te donne quoi ? Des lunettes…

Tu mets les lunettes et par magie, tout devient clair et ça prend forme : le film peut commencer.

images

Cinq minutes, c’est court et c’est long… ça dépend de ce que tu fais, mais là, tu es en train de souffrir dans un fauteuil qui vibre, qui tremble, qui te donne des coups dans le dos, sur les fesses et sur les jambes. Et puis, selon le nombre de D du film (4D, 5D, 9D, 12D), tu peux avoir des flashs, des souffles d’air, des jets d’eau, de la fumée, de la fausse neige…Tu supposes que c’est de la fausse neige, car tu n’en as jamais vu de neige dans ton Antananarivo ta ville natale. Oui, c’est comme un sketch de « On ne demande qu’à en rire » sauf que là c’est vrai, c’est automatisé et c’est payant.

Et puis, il y a les monstres qui te surprennent, te menacent et qui te mordent ou te piquent le visage. Bon, tu sais bien qu’ils ne peuvent pas vraiment le faire mais à chaque fois, tu te fais avoir et tu recules par réflexe. Et aussi vite que ça a commencé, bah…c’est fini! Tu as juste fait un tour de manège de CINEMA 4D, 5D, 9D ou 12D à Antananarivo.

Diagram_of_the_4D-theater

Les Malgaches…Ah les Malgaches! Pourquoi t’ont-ils dit que c’était trop dangereux, que c’est trop violent et que ça rend fou? Et ça dit :  » Il y avait une fille, la nièce du voisin de l’oncle d’un ami de ma sœur…et bien, elle y est entrée et quand elle est sortie, elle est devenue folle!!!   »

Toi, tu as bien vu que c’était des films 3D de fabrication chinoise (c’est à dire…) et que c’était pas très très réaliste. Tu sais bien qu’en pauvre malgache que tu es, tu n’iras peut-être jamais à Disneyland alors quand tu as un peu d’argent à dépenser, tu veux bien avoir de sensations fortes même si c’est un peu cher.

C’est cher pour un Malgache pauvre comme toi, bien entendu : le 5D à 5 000 ariary (un peu moins de 2 euros), 6 000 (2 euros) pour le 9D et 7 000  le 12D. N’essaies pas de calculer la solution du système des 3 équations à une inconnue pour savoir la valeur d’un D, ça ne marchera pas. Mais si arnaque il y a, c’est bien au niveau de ces D qu’ils ajoutent à chaque nouvel effet spécial. J’imagine le 24D ou le 48D :

 » Venez voir le cinéma 48D : vous verrez un film en 3D, un son en 3D, des flashs, de la fumée, du vent, de l’eau, de la neige, vous sentirez les mauvaises odeurs et on vous giflera pour 10 000 ariary! «