3 techniques malgaches de commerages furtifs

Article : 3 techniques malgaches de commerages furtifs
Crédit: Wilkernet CC
13 janvier 2021

3 techniques malgaches de commerages furtifs

Médire sur quelqu’un, dans beaucoup de culture, est, généralement, un mauvais comportement. C’est le cas à Madagasikara. Il est assez mal vu de faire du fosafosa (commérages) et les pratiquant(e)s de cette activité doivent souvent s’isoler. Mais c’est dur, pour un(e) adepte des on-dits de ne pas pouvoir dire la chose qui le ou la démange quand ça lui démange. Alors, voici quelques techniques malgaches pour pouvoir, quand-même, verser son poison sans y paraître.

Dire qu’on ne dit rien

« Tsy mifosa aho akory fa… ». Littéralement, cela signifie qu’au moment où la personne va délivrer son scoop, elle prévient en disant « je ne fais pas la commère mais on m’a dit… ». Est-ce qu’elle est, donc, en train de médire? Techniquement, oui mais comme elle a dit qu’elle ne le faisait pas, elle ne le fais pas. Simple et efficace comme technique.

D’autres variantes sont :

Tsy aiko aloha izay tena marina fa … = je ne connais pas la « vraie » vérité mais …

Tsy izaho no niteny an’ity an … = Ce n’est pas moi qui dit ce qui suit …

– Izany hono hoe … = Il se dit que …

Etc.

Demander des nouvelles

Demander comment va quelqu’un, à priori, ce n’est pas une mauvaise chose. Insister sur certaines facettes de sa vie, cela devient suspect. Mais ce sont des commerages masqués quand les questions en disent plus que les réponses. Exemple :

– Bonjour, ça va ?

– Bonjour, oui merci.

– Et la famille, ça va ?

– On ne se plaint pas.

– Et comment va ta soeur ?

– Elle va bien

– Toujours à Tamatave, c’est ça ?

– Oui

– Toujours célibataire ?

– Toujours

– Mais elle est toujours avec Jean, non ? Il va bien ?

– Oui oui

– Et elle est toujours employée dans cette même société ?

Etc. Etc.

Technique de l’authentification poussée

C’est la meilleure des techniques en termes de furtivité. Elle consiste à demander confirmation que l’on parle bien de la même personne. Et comme c’est l’autre qui a commencé la conversation, c’est totalement, ou presque, innocent.

Le sujet de départ peut être anodin comme de raconter qu’on a croisé la personne par exemple. Cela donnerait :

– J’ai vu Charlotte tout à l’heure.

– Quelle Charlotte ?

– Bah, Charlotte…

– Non, c’est Charlotte la brune ou la blonde ?

– La brune

– Tu veux dire la sœur de Jacques ? Et de Marthe ?

– Oui

– Ah, celle qui habite à Isotry,

– oui oui

– Taille fine, teint clair, toujours en mini ou jean serré

– Oui, Charlotte quoi

– L’ex de Rija, c’est ça ?

– Oui, je suppose

– Ah bon ! Tu parles bien, donc, de Charlotte… celle qui aurait avorté …

– …

– et que c’est pour ça que Rija l’a quitté…

– …

– C’est ça ? Non ? Tu sais, Charlotte avec les cheveux long. Par trop moche. Et qui aurait couché avec un gars qui s’appelle Hery pendant une fête et c’est comme ça qu’elle est tombée enceinte. C’est cette Charlotte.

– Bah, peut-être !

– Oui, c’est elle c’est sûr ! Alors … Elle va bien ?

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