Andriamialy

Top 10 : Quelle chorale étrangère chante le mieux Salakao de Vaovy?

Saviez-vous? Moi je ne le savais pas mais Salakao de Vaovy est devenue un standard du gospel et de la chorale. Aujourd’hui, je vous partage 10 vidéos parmi les premières pages de Youtube lorsqu’on fait le recherche sur ce merveilleux chant. A votre avis, quelle chorale chante mieux le titre?

Dites-moi car moi, je n’arrive pas à choisir. Et vers la fin de l’article, en bonus, il y a des liens vers d’autres chansons malgaches chantées par des étrangers. Bonne écoute!

Salakao est une chanson du groupe Voavy, dont le leader était l’immense Jean Gabin Fanovona. La chanson est l’une des plus célèbres qu’il a composé et, sans doute, la plus reprise. D’où cette article. Moi, comme beaucoup de malgache, je l’ai découvert avec la version du groupe a capella Salala. Salala a rendu la chanson célèbre et il donne aussi la traduction sur leur page « greatsong » :

« Mère, me voici, je suis là et j’ai peur !
Je voudrais rentrer car la terre natale me manque. Je regrette mon passé et le chemin que j’ai suivi. Je n’ose pas accourir vers vous. Il vous a été rapporté que j’ai commis des délits. Je ne suis pas un mauvais fils mais je jure que je ne récidiverai pas. Je ne veux pas être mis au banc de la société. Aussi, je te demande pardon, ma mère.
Et je voudrais rentrer car j’ai la nostalgie de la terre natale. Viens à ma rencontre, mère. Viens à ma rencontre, j’ai peur.  « 

1- Jazz Choral Academy

2- Société Musicale d’Abidjan

3- Ananda

4- Je n’ai pas trouvé le nom de cette chorale partagée par Lilortho

5- Ensemble Vocal KTEMA -EMMD

6- Les Voix Ferrées

7- AREMC

8- Amazing singers (vers 7:20)

9- D’autres inconnus sur la chaîne d’Ostinato Wroclaw

10-Adventi Voce

Voilà pour les différentes versions de Salakao. Je trouve chacune d’elles surprenante et surtout, toutes ces vidéos me rendent fier de mon pays et de notre musique. Et cela continue car vous pouvez voir plus bas d’autres vidéos de chansons malgaches chantées par des étrangers.

Mais d’abord, voici Salakao, l’original par le groupe de Voavy.

Que dites-vous de cette belle et mignonne interprétation de Izaho tsy maintsy mihira d’Erick Manana par ces enfants?

Ry tanindrazanay Malala o! l’hymne nationale malgache n’est pas en reste

Juste en musique, la quadrille malgache Afindrafindrao par David Lyndley

Et sans doute, la star du moment, c’est Taylor Moulton qui partage ses covers sur sa page facebook.


Hafaliana Foana : Samoela (COVER)


Parodie – Les malgaches en Europe sont en mission de civilisation

Les déclarations du candidat à l’élection présidentielle française Emmanuel Macron qualifiant la colonisation de « crime contre l’humanité » suscite le débat chez les internautes malgaches.

J’ai consulté le site Wikiquote sur le sujet et je me suis amusé à reprendre les citations de certains Francophones qui défendent la colonisation. Et si les Malgaches qui vont en Europe et dans le reste du monde aujourd’hui étaient en mission de civilisation?

Voici les citations d’illustres Malgaches, malheureusement, inconnus qui louent les exploits de nos conquérants.

Version originale

« Apporter la science aux peuples qui l’ignorent, leur donner routes, canaux, chemins de fer, autos, télégraphe, téléphone, organiser chez eux des services d’hygiène, leur faire connaître enfin les Droits de l’Homme, c’est une tâche de fraternité. » Albert Bayet

Version remaniée

« Apporter la science du riz aux peuples qui l’ignorent, leur donner ravitoto, voitures en kapoaka , nappes brodées, chauffeurs livreurs, premiers de la classe, médecins et ingénieurs, organiser chez eux des vakisôva, leur faire connaître enfin l’Afindrafindrao (et le dihan’i Mija), c’est une tâche de fraternité » Alibera Baye

Version originale

« Nous avons trop d’amour pour notre pays pour désavouer l’expansion de la pensée, de la civilisation française… Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles, celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler aux progrès réalisés grâce aux efforts de la science et de l’industrie.«  Léon Blum

Version remaniée

« Nous avons trop d’amour pour notre pays pour désavouer l’expansion de la pensée, de la civilisation malagasy… Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles, celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler aux progrès réalisés grâce aux efforts du fihavanana et du moramora » Leao Bolomina

Version originale

« Pour juger [l’œuvre de la France], imposée d’abord par le soldat, rendue possible par le colon, l’ingénieur, le médecin, l’ouvrier, il me parait utile de faire une comparaison. En Algérie, deux recensements 1856 : 2 307 350 Musulmans; 1954 : 8 670 000 Musulmans. En Amérique du Nord, lors de l’arrivée des Blancs, il y avait 1 500 000 Peaux-rouges; aujourd’hui ils sont moins de 300 000. » Saïd Boualam

Version remaniée

« Pour juger [l’œuvre de la Madagasikara], imposée d’abord par le clandestin, rendue possible par le migrant, l’ingénieur, le médecin, l’ouvrier, il me parait utile de faire une comparaison. En Amérique du Nord, 10 000 malgaches sont arrivés, aujourd’hui, il y a 10 000 malgaches. En France, 100 000 malgaches sont arrivés, aujourd’hui, il y a 100 000 français de plus. » Sahy hihidy MBohalamina

Version originale

« Pacification, mise en œuvre des territoires, diffusion de l’enseignement, fondation d’une médecine moderne, création d’institutions administratives et juridiques, voilà autant de traces de cette œuvre incontestable à laquelle la présence française a contribué non seulement en Afrique du Nord mais aussi sur tous les continents. » Jacques Chirac

Version remaniée

« Pacification (légionnaires), mise en œuvre des territoires (fonctionnaires), diffusion de l’enseignement (profs), fondation d’une médecine moderne (médecins), création d’institutions administratives et juridiques(etc. etc.), voilà autant de traces de cette œuvre incontestable à laquelle la présence malagasy a contribué non seulement en France mais aussi sur tous les continents » Zaky Ratsiraka

Version originale

« Certes au temps où la colonisation était la seule voie qui permit de pénétrer des peuples repliés dans leur sommeil, nous fûmes des colonisateurs, et parfois impérieux et rudes. Mais au total, ce que nous avons, en tant que tels, accompli laisse un solde largement positif aux nations où nous l’avons fait. » Charles de Gaulle

Version remaniée

« Certes au temps où la clandestinité était la seule voie qui permit de pénétrer des peuples repliés dans leur sommeil, nous fûmes des clandestins, et parfois bien cachés et tenaces. Mais au total, ce que nous avons, en tant que tels, accompli laisse un solde largement positif aux nations où nous l’avons fait.«  Sarila dia Goal

Version originale

« Que serait l’Afrique sans les blancs ? Rien ; un bloc de sable ; la nuit ; la paralysie ; des paysages lunaires. L’Afrique n’existe que parce que l’homme blanc l’a touchée.  » Victor Hugo

Version remaniée

« Que serait l’Europe sans les noirs ? Rien ; un terrain de foot vide ; la nuit où tous les chats sont gris ; des cités inhabitées. L’Europe n’existe que parce que l’homme noir l’a touchée » Ra-Viko Hugo Malaza

Version originale

« Le rêve européen a besoin du rêve méditerranéen. … Ce rêve qui ne fut pas tant un rêve de conquête qu’un rêve de civilisation. Cessons de noircir le passé. » Nicolas Sarkozy

Version remaniée

« Le rêve africain a besoin du rêve de l’Océan Indien … Ce rêve qui ne fut pas tant un rêve de conquête qu’un rêve de civilisation. Cessons de noircir (oups, désolé) le passé. » Nikolahy Sarin’ny cousin

Version originale

« Mais la plupart de ceux qui partirent vers le Sud n’étaient ni des monstres, ni des exploiteurs. Beaucoup mirent leur énergie à construire des routes, des ponts, des écoles, des hôpitaux. Beaucoup s’épuisèrent à cultiver un bout de terre ingrat que nul avant eux n’avait cultivé. Beaucoup ne partirent que pour soigner, pour enseigner. On peut désapprouver la colonisation avec les valeurs qui sont les nôtres aujourd’hui. Mais on doit respecter les hommes et les femmes de bonne volonté qui ont pensé de bonne foi œuvrer utilement pour un idéal de civilisation auquel ils croyaient. » Nicolas Sarkozy

Version remaniée

« Mais la plupart de ceux qui partirent vers le Nord n’étaient ni des terroristes, ni des bons à rien . Beaucoup mirent leur énergie à construire des routes, des ponts, des écoles, des hôpitaux. Beaucoup s’épuisèrent à vendanger un bout de terre ingrat. Beaucoup ne partirent que pour soigner, pour enseigner. On peut désapprouver la migration avec les valeurs qui sont les nôtres aujourd’hui. Mais on doit respecter les hommes et les femmes de bonne volonté qui ont pensé de bonne foi œuvrer utilement pour un idéal de civilisation auquel ils croyaient. » Nikolahy Sarin’ny cousin

Voilà, c’est tout. Il y a, quand même, quelques citations dans le site qui me font vomir mais qu’il m’est impossible de parodier alors que j’aurais voulu les reprendre aussi.

« Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. » Jules Ferry. Cellelà, il faut bien la retenir pour que les lycéens de race inférieure de Julf à Faravohitra, justement, puissent comprendre à qui il doivent le nom de leur établissement.

« On n’enseigne plus que le projet colonial voulait aussi éduquer, apporter la civilisation aux sauvages. »  Alain Finkielkraut

« Les forces qui font aboutir le projet grandiose du bonheur parfait ne tiennent nullement compte de la souffrance d’ordre secondaire, et exterminent ces sections de l’humanité qui leur barrent le passage […]. Qu’il soit humain ou brute, l’obstacle doit être éliminé«  Herbert Spencer

Bref, je conçois que ce n’est pas très drôle pour un article d’humour, mais il y a des mots qu’on ne doit pas oublier même s’ils sont exécrables.


À Antananarivo, il n’y a plus de délestage, merci… qui?

Depuis quelques jours, le courant ne se coupe plus pendant des heures à Antananarivo. Plus de délestage ! Comment expliquer ce miracle ?

Ma réponse est : « je ne sais pas du tout ». Alors, qui dois-je remercier ?

J’explique. Pendant des jours et des jours, à chaque fois que je rentrais à la maison, vers 17h, le courant se coupait. Ma femme disait que c’était la 3ème coupure du jour. Puis, le courant revenait vers 20h. Moi, qui considérait que la vraie vie commençait à 17h et finissait à l’heure du sommeil, je passais ces jours de délestages en fulminant contre tous ceux qui étaient derrière cet échec. En effet, tous les efforts d’Edison et Tesla auraient été vain si au 21è siècle, une métropole de la taille d’Antananarivo ne pouvait pas s’alimenter convenablement en électrons.

Les quelques jours sans panne d’électricité sont donc, pour moi, des jours de joie. Mais, malheureusement, je n’ai pas la chance d »être au courant de ce qui se passe dans le pays. Je suis seulement un simple usager qui souhaite remercier ceux qui sont derrière cette formidable avancée. Et ne sachant pas à qui adresser mes sincères salutations, je veux juste remercier tout le monde.

Merci mon Dieu !

Au premier jour, Tu créas la lumière. Ainsi, Tu a créé le jour. Tu as aussi créé la nuit afin que nous dormions pour récupérer de nos journées fatigantes. Nous sommes désolés de ne pas nous contenter de cet ordre mais nous avons encore besoin de lumière le soir pour la sécurité, le travail, la télé, le rechargement de nos batteries de téléphones et le reste. Nous branchons alors nos prises, et d’un doigt habitué, nous faisons basculer l’interrupteur pour que la lumière soit comme Tu l’as fait au premier jour (avec l’option mains libres). Il fallait vraiment ces galères de délestages pour que nous nous souvenions que quelle que soit la source, la vraie lumière vient de Toi. Que Ta lumière veille sur nous à jamais. Amen !

Merci l’État malgache ?

Je me souviens qu’en 2014, Antananarivo était plongée souvent dans le Moyen-âge et j’ai dû publier un guide de survie pour faire face à cette situation.  Heureusement, notre nouveau président a promis dès 2015 que les délestages allaient disparaître en 3 mois. J’ai de fortes raisons de croire que, maintenant, les 3 mois sont, peut-être, enfin arrivés. En tant que Chrétien adventiste, je sais bien que parfois, il ne faut pas comprendre certaines prophéties à la lettre mais il faut savoir distinguer les signes des temps et surtout, avoir la foi. Donc, si c’est le cas, merci à l’État.

Merci la Jirama ?

La Jirama a annoncé que les délestages allaient finir. Des mois, des années durant, les tananarivéens devaient se contenter d’explications techniques sur la pluviométrie, le débit d’eau, les capacités de production, le prix du pétrole, et tout le reste. Grèves, théories du complot, audits, manque de fonds, jeux de chaise musicale, la vie trépidante de cette entreprise a été suivie par les abonnés comme s’il s’agissait d’un feuilleton télévisé. Aujourd’hui, elle dit qu‘elle produit plus que ce que l’on peut consommer. Alléluia ! Si la facture pouvait aussi diminuer, ce serait presque le paradis.

Merci à la météo ?

Il est dit que c’est grâce à la pluie que la Jirama peut à nouveau fonctionner à plein régime. Alors que l’on a craint la sècheresse pour ce début d’année, la pluie semble, à nouveau, remplir son rôle et nos cours d’eau.  Donc, merci à la météo qui permet à la pluie de tomber à Antananarivo. Car on avait vraiment peur de ne plus avoir de l’eau à boire. On a parlé de faire tomber des pluies  provoquées. Mais la météo a dit que même ces pluies artificielles n’allaient pas être suffisantes. Moi je dis, c’est vous la météo, mais nous on pense qu’il faut juste assez de pluie pour irriguer les champs et alimenter les barrages et éviter aussi les inondations. Merci d’avance !

Merci à Anosimasina ?

Je ne sais pas si ça a quelque chose à voir. Mais le 9 février 2017, les habitants d’Anosimasina sont descendus dans la rue et le 10, le 11, le 12 et jusqu’à ce jour, notre courant n’est plus coupé. Je pense que, comme son nom l’indique (Anosimasina : l’îlot sacré), cette contrée est peut-être fady ou habitée par des vazimba. J’ai envie de dire aux habitants de cette région sainte de souvent faire de saintes apparitions car ces manifestations surnaturelles semblent apporter de vrais miracles.

Mais en fin de compte,  je ne sais vraiment pas pourquoi le courant ne se coupe plus. Peut-être que c’est une coïncidence ? Peut-être que des gens ont prié et que d’autres ont manifesté pendant que d’autres encore, ont travaillé, et  le tout a fait que la pluie tombe à flots et la Jirama produit plus qu’il ne le faut et la lumière a triomphé du noir.

 

 


Ampitapitao, traduction

Ampitapitao est une chanson révolutionnaire dans le style sôva que j’ai déjà présenté ici. J’en ai publié les paroles dans mon blog en malgache et si vous voulez les lire en même temps visionner le clip de la chanson, je vais vous expliquer le contenu.

Je suis né au début des années 1980 et cette chanson a bercé mon enfance. En effet, c’est aussi le générique d’une émission à la radio nationale qui rapporte les infos régionales. J’ai, donc, toujours pensé que les paroles signifiaient qu’il fallait parler des nouvelles et les faire passer. C’est aujourd’hui que je découvre combien le texte de cette chanson est profond et qu’il mérite d’être connu de tous les malgaches à l’instar de toutes nos chansons nationalistes.

Ampitapitao

« Ampitapitao » signifie « faites passer ». La chanson dit « faites passer à ma famille » mais « ma famille » ou mon cousin, mon frère, mon oncle  (havako) en malgache signifie à peu près tout le monde et certaines personnes en particulier. Si, aujourd’hui, je dis faites passer le message de la chanson « Ampitapitao » à ces « membres de ma famille », je suis sûr qu’ils se reconnaitront très vite.

Que dit la chanson?

Les strophes expliquent plusieurs situations qui amènent un peuple à faire une révolution. D’abord, c’est quand le peuple sent qu’il n’est plus souverain dans le pays. Il ne pense plus avoir choisi ce qui lui arrive. Ensuite, le peuple voit que l’argent est mal utilisé; l’argent que lui, le peuple, a gagné en travaillant dur. Enfin, surtout, le peuple ne digère pas, du tout, que les forces de l’ordre, qu’il a lui même équipé en armes, achetés par l’argent, qu’il a gagné par ses durs labeurs, retourne les canons contre lui.

Ainsi, le refrain est un rappel

An’iza ny basy? À qui est le fusil?
An’iza ny angady?À qui est la bêche?
An’iza ny saina?À qui est l’intelligence?
Aan’iza ny vola? À qui est l’argent?
An’iza ny sandry? À qui sont les bras?
An’iza ny tany? À qui est la terre?
Antsika daholo daholo daholo e! Tout, tout, tout nous appartient.

Lire les paroles et visionner le clip ici


La théorie de l’origine malgache : pourquoi c’est plausible

Xhi et Ma, depuis longtemps, défendent la théorie selon laquelle Madagascar est le berceau de l’humanité, l’origine de tout. Je vais expliquer, non pas pourquoi cette théorie est vraie ou fausse mais seulement pourquoi elle est tellement défendable.

Ma et Xhi

Ma et Xhi est un couple de rockers, hippies, peintres, chercheurs et plein d’autre choses dont, évidemment, théoriciens. L’idée qu’ils véhiculent depuis toujours ou presque, est que la langue malgache est la langue originelle : celle du jardin d’Éden, celle des premiers hommes, celle des dieux. Ce qui en fait des malgaches les premiers hommes et de Madagascar le continent originel… ou ce qu’il en reste.

Cette théorie fait sourire et a fait sourire plus d’un malgache ou étranger. Chaque fois qu’on dit : tel mot malgache provient du français, de l’anglais, de l’indonésien, de l’hébreu, de l’arabe ou du bantou, ils rétorquent : « non, c’est le français (ou l’anglais, etc.) qui vient du malgache« .

D’autres théoriciens

Mais Ma et Xhi ont fait des petits. Chercheurs, gourous, artistes, blogueurs parlent de temps à autres de ces théories qui placent à Madagascar le jardin d’Eden, les mines du roi Salomon, ou dans cet article l’Arche de Noé. En fait, il est très facile de trouver, sur cette île, un mystère dont la résolution pourrait tout expliquer, tout.  Et de temps en temps, la presse à sensation et les réseaux sociaux aidant, un ou une obsédé(e) de ces mystères a droit au projecteurs en expliquant sa théorie.

C’est si facile (pour les malgaches) de mettre Madagascar au centre du monde

Madagascar a toujours été une île isolée. Les scientifiques pensent qu’elle s’est détachée du Gondwana, le super-continent, et plus précisément du sous-continent indien il y a des millions d’années et c’est pour cela que sa faune et sa flore sont uniques au monde. Elle a été tardivement découverte (par les européens), ce qui fait que l’on n’a gardé trace de son histoire que très récemment. Ainsi, pendant des siècles, presque tout le pays s’est contenté de la tradition orale. Il est facile de comprendre que pour un malgache isolé au milieu de l’île, le monde soit Madagascar et rien d’autre. Qui sait si, dans l’immensité de cette île-continent, il puisse encore exister, aujourd’hui, de tels peuples, non contactés?

Mais, Madagascar a aussi été visité depuis la nuit des temps par différents peuples. On sait que l’Histoire ne retient jamais que les pérégrinations des navigateurs et explorateurs européens. Mais, des peuples, grands navigateurs ont déjà sillonné les mers et les océans de long en large pendant des siècles avant eux. Ainsi, il n’est vraiment pas impossible que oui, des explorateurs, envoyés par Salomon aient pu arriver ici où, à certains endroist, l’or affleure sur le sol. Il n’est pas impossible que des cartes de navigations antiques aient mentionné cette vaste terre et qu’elle a pu être confondue avec l’Atlantide ou plus précisément, l’autre continent perdu : la Lémurie. Les malgaches auraient eu des contacts avec beaucoup de peuples pendant des siècles.

De là, il est compréhensible que toutes les croyances du monde aient une équivalence malgache.

Des exemples :

  • Dieu créateur : Zanahary (Yawheh, Allah?)
  • la vie après la mort : Ankoatra, Andrebabe, etc. (Paradis, Nirvana, Valhalla, Grande praire, etc.?)
  • cycle vie/mort : Razana (Bouddhisme, Taoisme?)
  • les sirènes : olon-drano
  • les vampires : tanalasosa
  • les morts-vivants : lolo vokatra
  • les esprits-dragons : Fanany
  • l’âme : fanahy
  • les projections astrales : ambiroa
  • etc.

A croire que les malgaches ont compilé toutes les croyances du monde entier… si ce n’est pas l’inverse!

Hé! il y a encore plus intriguant. Il y a des pratiques que les malgaches font depuis toujours, ils ont parfois oublié pourquoi, mais cela les rapprochent d’autres civilisations :

  • fresques dans les grottes (préhistoire)
  • mégalithes (Grande Bretagne, France, Ïle de Paques, Amérique du Sud, etc.)
  • orientation de la maison, dont le coin Nord-Est est le coin des ancêtres, direction obligatoire des prières (islam primitif ? ancêtres asiatiques ?)
  • circoncision (moyen-orient)
  • retournement des morts (Asie du Sud)
  • etc.

Vous voyez, c’est la concentration des coïncidences qui pose question. Et la réponse est que, soit Madagascar a reçu les influences culturelles du monde entier, soit le monde entier vient de Madagascar.

C’est surtout la langue

Mais pour monter, bien, et vite une théorie malgachocentrique, le plus facile est toujours de faire des recherches sur la langue. La langue malgache possède à la fois une facilité étonnante pour avaler les mots étrangers et aussi une logique quasi informatique.

Si l’origine malayo-polynésienne du malgache n’est pas vraiment contestée, des chercheurs arrivent à prouver, presque facilement, une origine à majorité hébraïque. Et si on ne savait pas toute l’histoire, il serait encore plus facile de faire le même rapprochement entre le malgache actuel et le latin par exemple. Et faire le pas inverse est aussi facile.

Nous les malgaches, quand on lit des mots étrangers, on trouve dans la majorité des cas des significations en malgache. Je l’assure, il y a presque toujours un mot malgache qui ressemble à un mot étranger : Nike, Mac, Tonga, Nice, charbon, sardine, pâques, lambada, Sofia, ou n’importe quel autre mot peut avoir une signification ou une autre dans une des quelques dialectes du malgache.

Faisons-le nous-même

Pour mieux illustrer ce que je dis, montons tout de suite, vite-fait une théorie qui prouve que l’anglais provient du malgache. Disons, que les premiers anglais sont partis de Madagascar il y a plus d’un millénaire et que la langue anglaise ne garde que très peu de trace de cette origine lointaine.

Commençons par les pronoms personnels. Il est clair que « I », la première personne en anglais provient du malgache « Ahy » (à moi) qui a exactement la même prononciation. De la même manière « He’s » provient du malgache « Izy » (lui) et « it » provient de « ito » (ça). Il n’y a pas de coïncidences.

Dans les adverbes, « then » et le malgache « ‘zany » ont la même prononciation et la même signification comme dans les phrases : « What where you doing, then? » « Inona ny nataonao zany? ».

On peut lister les villes anglaises dont les noms sont clairement d’origines malgaches. « Cardiff » en malgache s’écrirait « Kary dify » (chat sauvage enfui), Barry est justement le nom malgache « Bary » pour désigner les yeux grands ouverts. Hove était, autrefois, la ville des gens du commun ou « Hova » en malgache. Il y a bien d’autres villes comme « ‘Nao ‘ty nignama », « Sesy tery », « Lia verim-polo », « Manitra etsy tery » que seuls les malgaches peuvent comprendre la vraie signification.

De même pour les verbes. « To show » vient de la racine malgache « seho »  à l’origine de « miseho » (se montrer). « To sell » (vendre) semble venir de « sera »(faire du commerce).

Certains verbe ont un peu changé de signification. Exemples : « move » (bouger) et « miova »(changer); « make » (fabriquer) et « maika » (être pressé); « hit » (frapper) et « hita » (voir); « keep » (tenir) et « kipy » (fermer [les yeux).

D’autres ont juste gardé la racine comme « cut » qui en malgache est devenu « kantsana » (couper) ou « lose » (perdre) qui en malgache s’apparente à « ilaozana » (quitté)

Finissons par une petite liste de prénoms partagée par les deux langues sans être d’origine biblique : Diana, Sue (Soa), Barry (Bary), Holly (Holy), Jerry (Jery), Lila, Lola, Sammy (Samy), Tina (Tiana), etc…

Attention, ne pas mélanger avec les mots malgaches qui sont vraiment d’origine anglaise car apportés, plus tard pendant la domination anglaise comme geese (gisa), indeed (indrindra), dad (dada), mum (mama), etc.

D’autre part, à cause des changements survenus pendant des siècles,  il y a maintenant de faux amis. Par exemple, « very »(très)  en malgache veut dire « perdu » et « vary »(varier) est le « riz ».  De même, « ivy » en malgache c’est de la « salive » et « dick » est de l’excrément.

Tant de mots qui se ressemblent. Il est clair, du moins, il est défendable que l’anglais peut provenir du malgache.

 

Voilà mon analyse avec une démonstration faite que Madagascar est l’origine du monde. Ou au moins, on peut le supposer.

 


Madagascar : pourquoi les catastrophes ne nous épargnent pas?

2017 a démarré très fort pour les Malgaches. Inondations, sécheresse, tremblements de terre ponctuent les nouvelles déjà bien chargées en insécurité, vindictes populaires, corruption, délestages, hausse des prix et bien d’autres encore. Mais pourquoi a-t-on l’impression que Madagascar n’est jamais épargné par les malheurs?

Depuis le début de l’année, je n’ai pas publié d’article sur le blog. J’avais la flemme. Le blogging à Madagascar, il y en a qui le font mieux que moi. Il y en a qui le font plus que moi, surtout. Moi, j’ai mon travail, ou plutôt mes travaux qui me préoccupent. J’ai, quand même plusieurs articles en brouillon mais je n’ai pas trouvé cette inspiration qui me dicte, souvent, de publier coûte que coûte. Puis, hier, il a plu sur Antananarivo et l’idée d’un texte a refleuri.

Hier, c’était une énième journée sans pluie qui se déroulait. Des semaines et des semaines durant, Antananarivo a suffoqué sous la chaleur, à guetter le moindre nuage noir mais souvent le ciel était d’un bleu ironique. Les nuages passaient, parfois même en nombre avant de se dissiper comme si de rien n’était. Puis, hier, tard dans l’après midi, il y a eu un ciel plus sombre que d’habitude, la température qui baissait et le vent qui s’apaisait. Et soudain, le premier coup de tonnerre fut suivi du cri de joie malgache « oeeee! » (lire ouéééé!) et même de quelques applaudissements. Quand dans l’histoire d’Antananarivo, de Madagascar et peut-être du monde a-t-on jamais acclamé un éclair ?

C’est encore plus tard, dans la nuit que la pluie est tombée. Une pluie abondante comme celles capable d’inonder les bas quartiers de Tana. Mais personne ne s’en plaint parce qu’au bord de la sécheresse totale, on est conscient que trop d’eau est encore mieux que pas d’eau du tout.

Un constat

Moi, je me suis laissé aller à la réflexion. Mais d’abord, j’ai fait le constat. Tout va de travers dans mon pays. Antananarivo et ses environs, en cette période est souvent sous les eaux, mais cette année, c’est aride. En revanche, le Sud de Madagascar, terre habituellement frappée par la sécheresse et le kere (famine) qui en découle est frappée par les inondations. Pour la première fois depuis que les malgaches savent enregistrer les tremblements de terres sur une échelle, la marque de 5,4 à 6 selon les uns et les autres sur l’échelle de Richter a été atteinte. Deux morts selon des rumeurs mais surement des blessés et des dégâts matériels en sont le bilan, assez chanceux.

Mais à Madagascar, la famine est surtout causée par la sécheresse des portes monnaies, en manque chronique de liquide. Les inondations, aussi, sont là où on ne les attend pas. Nous sommes inondés de faits divers ahurissants, de flambée des prix des carburants suivis de flambées des prix de tout ce qu’il y a à acheter, de délestages, de coupures d’eau, de friperies, de voitures d’occasions, de produits asiatiques et autres prises de décisions stupides. On a du mal à tenir nos têtes hors de l’eau. Quand, tout à coup, nos genoux tremblotent, on ne sait pas tout de suite si c’était un tremblement de terre ou un camion qui a roulé dans les innombrables nids de poules dans nos rues ou si c’est juste la faim.

Le pourquoi

Donc, j’ai réfléchi au pourquoi de cette situation. J’ai tout de suite eu, dans ma tête une, non, plusieurs réponses. Ce qui est drôle, quand on cherche des coupables à un problème grave c’est que ce n’est jamais moi. Je me suis donc souvenu de toutes les « Rangory fototry ny afo » (« Mme Rangory à l’origine du feu ») décriées partout depuis que ces malheurs se multiplient.

  • En parlant de feu, d’abord, ceux qui pratiquent le tavy (culture sur brulis) ont depuis quelques semaines reçus les pires insultes et malédictions sur les réseaux sociaux à Madagascar. Ce qui  fait rire, de dépit, c’est que les gens qui, aux fins fonds de la brousse incendient les forêts et les collines, n’ont jamais vu Facebook ou Twitter de leur vie. Mais avec moins d’arbre, il y a moins de pluie, donc, c’est déjà une piste.
  • Mais le phénomène de réchauffement climatique n’est pas du fait, uniquement, des agriculteurs. Nous, en ville aussi, on y contribue pour beaucoup avec nos voitures, nos cigarettes, nos foyers (charbon, gaz, frigo, ampoules, télé). Et comme c’est un phénomène mondial, ce que font les autres pays aussi peuvent avoir un impact chez nous. Et c’était prévu que cette année, El Nino n’allait pas épargner Madagascar.
  • Le dérèglement climatique ne peut pas expliquer un soudain séisme à 6 degrés sur l’échelle de Richter. La science peut expliquer que les failles bougent et tout et tout. Mais la coïncidence des malheurs appelle vite nos croyances divines ou mystiques. Mais là, encore, les malgaches ne sont plus d’accord sur quel dieu est en colère et pourquoi.
    • est-ce le Dieu des catholiques et ses saints parce qu’on ne prie pas assez ?
    • est-ce le Dieu des protestants, ou  celui des adventistes, ou celui des pentecôtistes, ou les milliers d’autres des milliers de sectes malgaches ou importés parce qu’on ne sait plus quelle règle on n’a pas suivi ?
    • est-ce le Dieu des musulmans car Madagascar devrait, dit-on, devenir islamique ?
    • est-ce le Dieu des juifs car les malgaches sont, en fin de compte, des juifs et ne devraient plus manger du porc ?
    • est-ce le Dieu Zanahary et les saints ancêtres car les malgaches ont abandonné la foi en eux et ont profané trop de fady ?

Mais ce sont des êtres humains qui nous jettent l’opprobre à cause de nos pêchés, nous, méchants malgaches. Les religieux, les prédicateurs, les personnes âgées, les scientifiques, les étrangers, etc… Mais voilà, qui est vraiment fâché contre nous pour qu’on lui dise pardon ?

  • Quitte à chercher des coupables, désignons comme d’habitude les dirigeants. C’est eux qui décident. C’est eux qui font les stratégies, les plans, la politique. Face à l’insécurité, les délestages, l’inflation, la famine et même les tremblements de terres, mais que font-ils bordel ? On les voit circuler à gauche et à droite en 4×4, hélicoptères, avions. N’ont-ils rien prévu ? Mais même si, disons, que c’étaient de supers dirigeants, (ce qu’ils ne sont pas j’admets) jusqu’où un gouvernement peut donner de la satisfaction à ses citoyens en ces temps si durs ? Quel pays, aujourd’hui, n’a pas peur du futur ? Vraiment, j’envie de moins en moins les américains qui doivent se payer une tranche de Trump ou les européens avec leurs problèmes de nationalismes, d’immigrés, et tout le reste. S’il fallait fuir, où trouver la paix ? Au Canada avec -40°C ? Dans les pays arabes et faire porter le voile à ma femme ? En Afrique ? En Amérique Latine ? En Asie ?… Difficile de répondre.

Non, finalement, j’ai beau réfléchir, je n’ai pas trouvé le pourquoi des malheurs de Mada.

Maintenant, ce qu’il me reste à faire c’est de réfléchir au comment. Comment faire pour s’en sortir.