Ils ont suspendu la réunion pour regarder le match du Sénégal
Le premier match du Sénégal dans le mondial 2018 en Russie s’est déroulé le 19 juin contre la Pologne. Je l’ai regardé ici, par chance, au pays des Lions, puisque les organisateurs ont décidé que notre réunion était suspendue pour cause de match.
Ils ont fait la remarque que ce n’étaient pas les Sénégalais mais les autres qui ont le plus insisté. Ce n’était peut-être pas totalement vrai puisqu’on sentait déjà les sénégalais plus concentrés depuis longtemps. Mais on peut comprendre que tous les Africains et afrophiles étaient derrière l’équipe représentant le dernier espoir de victoire du continent dans ce premier tour.
Début de rêve
Lorsque j’ai rejoint la salle de la télé, j’ai compris que ce sont toutes les réunions du complexe hôtelier qui ont été mises en veille. Il y avait nous, francophones en général mais de plusieurs pays différents, et il y avait les autres, qui font leur réunion en anglais dans la salle d’à-côté, sans oublier les clients de l’hôtel. Les Sénégalais ont squatté les premiers rangs de la salle de projection improvisée.
On voyait tout de suite que les Lions de la Teranga pouvaient gagner. La lenteur qu’ils affichaient à chaque prise de balle n’était pas de la nonchalance mais plutôt du calme. La preuve c’est qu’ils explosent facilement et mettent à mal la défense polonaise. Et fatalement, c’est un défenseur polonais qui a dévié un tir sénégalais et qui a trompé son gardien pour le 1er but du Sénégal. Les français l’appelleraient « coup de billard » ; les malgaches le qualifierait de taim-baolina (but résiduel ?) ; mais en tout cas, il est valable et il amène la joie dans tout un pays, tout un continent.
L’euphorie
Bien entendu, toute la salle s’est levée pour applaudir ce but. Une salve d’applaudissements que les joueurs n’ont surement pas entendu mais taper des mains est un moyen humain d’exprimer la joie, l’approbation, l’admiration ou l’enthousiasme.
Enthousiasme ? Non, j’ai dit euphorie. Surtout chez ce grand Sénégalais qui a pris place devant moi. Je dois dire que je n’ai rien vu du second but. J’ai entre-aperçu un joueur polonais faire une passe en retrait hasardeuse, puis un attaquant sénégalais courir disputer la balle devant et puis j’ai vu des dos en chemises, costards et boubous trépigner puis sautiller de joie. J’en ai déduit que c’était but pour le Sénégal.
À partir de là, tout était sujet à applaudissements. Le ralenti montrant le but et… applaudissements. La rediffusion de la célébration du buteur et… applaudissements. La réaction du sélectionneur = applaudissements. Une petite remarque des commentateurs soi-disant qu’on n’a pas vu l’attaquant adverse toucher le ballon = applaudissements. Tiens! Son Excellence monsieur le président de la république du Sénégal apparaît à l’écran = applaudissements même s’il n’a pas vraiment participé au dernier but. À 2-0 contre la Pologne, fallait croire que la messe était dite… ou presque.
Une fin de match tendue
Mais il ne fallait pas vendre la peau de l’ours. Pas encore! En effet, la Pologne a réduit l’écart vers la 86e minute. Et faut-il rappeler qu’un match de foot dure 90 minutes plus le temps additionnel ? Dans notre salle, on sentait l’inquiétude. On se souvient des autres équipes africaines battues avant le Sénégal. Y avait-il une malédiction en cours ? Certains se rassuraient à haute voix : « Non, ça va aller !. Et si chaque action polonaise était accompagnée de « ouille » et de « fiuuu » (sifflements), chaque arrêt ou récupération par le Sénégal était célébré comme un but.
Sur le terrain, les joueurs sénégalais sont toujours aussi calmes. Ou sont-ils fatigués ? Je ne sais pas mais l’essentiel est qu’ils ont tenu jusqu’à la fin. Une fin de match sur une victoire 2 à 1 donc. Ce n’est pas un score rassurant mais j’espère qu’une équipe africaine ira loin dans ce Mondial.
Bref, bon match mais peut et doit mieux faire pour le Sénégal et pour l’Afrique. Quant à moi, je m’en vais retourner à mes travaux, finalement, raison de ma présence ici.