Comment respecter le code de la route à Antananarivo
Normalement, qui sait diriger sa voiture et respecte le code de la route s’épargne de gros ennuis. A Antananarivo, un petit plus est nécessaire pour éviter tout accident.
La règle de la priorité
C’est déjà une gageure de s’en souvenir. La priorité à droite, la priorité au sortie d’un rond point, les voitures prioritaires, etc. Maintenant que vous maîtrisez tout, voici les conseils pour l’appliquer dans la ville d’Antananarivo.
A- Vous avez la priorité
Vous approchez à pleine vitesse du croisement, vous regardez à droite (ou à gauche) et vous voyez la voiture qui doit « normalement » vous céder le passage. Et vous ralentissez. Au moment d’arriver, vous avez 3 choix pour passer en sécurité :
- Vous accrochez le regard de votre vis-à-vis et vous lui faites comprendre que vous tenez à votre priorité et qu’il ou elle ferait mieux de s’arrêter tout de suite.
- Vous lancez des avertissements sonores (klaxon) ou visuels (appels de phares) au cas où l’autre automobiliste semble vous ignorer.
- Vous vous arrêtez. Normalement, l’autre s’arrête aussi et vous redémarrez en sécurité.
Dans ces 3 cas, seul le troisième garantit qu’il n’y aura pas d’accrochage. Même si la situation est idiote.
B- Vous n’avez pas la priorité.
Vous cédez, simplement le passage. Mais il arrive parfois que l’on soit pressé, très pressé. Et puis, on est parfois en retard, donc forcément énervé. Lorsque l’on arrive à un croisement, sans avoir la priorité, on a tendance à ne s’arrêter qu’au dernier moment, si et seulement si, il y a une autre voiture en face. Dans tous les cas, il faut ralentir et avoir son pied sur le frein. Mais il y aura toujours un « con » qui malgré sa possession de la priorité va s’arrêter au croisement. Peut-être que c’est un prudent qui applique le A-3 de cet article mais souvent, c’est surtout une personne qui ne connait pas les règles de priorité. Souvent, c’est une aubaine, surtout quand on est si pressé.
A certaines heures de la journée, que l’on appelle « heures de pointe », les ronds points, les carrefours et les simples croisements sont pleins de ces gens « pressés ». Alors, il ne faut plus leur parler de priorité. Il faut juste faire avancer sa voiture en évitant de se faire rayer la portière ou emboutir le clignotant. Si vous avez peur, faites confiance aux conducteurs de Tana, ça passera, au millimètre près.
Normalement, vous devez vous poser des questions. Comment peut-on ne pas savoir qui est prioritaire ou non ? C’est facile mais répondons avec des questions précises. Est-ce qu’il n’y a pas de règle générale? Si, mais il y a des exceptions et souvent, la commune décide de changer. Est-ce que ce n’est pas indiqué sur les panneaux ? Si, jusqu’à ce que les panneaux se fassent voler par les ferrailleurs. Comment savoir alors ? Il faut connaître l’historique, demander ou se faire prendre une fois.
La vitesse
Il n’y a souvent pas de panneaux pour indiquer la vitesse. De toute façon, il n’y a pas trop d’occasion pour aller vite dans la ville, entre les embouteillages, les voitures vétustes et les nids de poules. C’est rare de se faire arrêter pour excès de vitesse. Les agents n’ont pas de radar, ils n’ont pas de véhicule d’interception. Cela me fait penser à l’anecdote d’avant la ceinture de sécurité. En ce temps-là, la ceinture n’était pas obligatoire. Un ami s’était fait contrôler par un agent : « Alors, on met sa ceinture ? On compte aller vite ?« . C’était, donc, un contrôle pour excès de vitesse anticipé.
Aujourd’hui, il faut éviter de rouler vite pour éviter plein de choses :
- Abîmer son moteur : rouler à plein régime avec 2 ou 3 vitesses seulement, ce n’est pas bon pour son entretien.
- Abîmer sa suspension : l’état des routes d’Antananarivo va très vite tout casser si vous roulez un peu vite dans ces trous, ces gros trous.
- Tamponner d’autres véhicules : voitures, camions, bus, taxi, motos, bicyclettes, pousse-pousses et charrettes sont les noms de vos adversaires. Il faudra être très agile pour rouler vite entre eux.
- Faucher des piétons qui marchent dans la chaussée car les trottoirs, s’ils existent, sont pleins de vendeurs.
Les passages cloutés
Justement, les piétons d’Antananarivo ne traversent pas entre les clous (ou les passages piétons). Ils traversent n’importe où et n’importe comment. Ils ont une vision exceptionnelle, un instinct naturel développé, une capacité de calcul mental très étonnante. Enfin, c’est ce qu’ils croient. Ils jaugent la vitesse des voitures en une fraction de seconde et décident promptement, voire soudainement, de traverser en marchant ou en courant. Parfois, ils traversent en 2 temps. Un peu comme dans ces films américains ou dans ce jeu où l’on fait traverser une grenouille entre les flots de voiture.
Alors, attention aux piétons qui se tiennent au milieu de la route en attendant l’opportunité de traverser l’autre des deux voies.
Je suis assez bon piéton, je trouve. J’ai marché dans la rue depuis presque 30 ans et je n’ai jamais eu d’accident. L’astuce pour traverser est, encore une fois, d’accrocher le regard du conducteur en lui faisant savoir que l’on traversera, de toute façon. Je sais combien c’est énervant depuis que je suis passé de l’autre côté du volant. Mais presque toujours, le conducteur est obligé de ralentir pour éviter l’irréparable. C’est comme si s’il y avait accident, ce serait la faute d’un mauvais piéton. Et pourtant, ce sera toujours le conducteur qui ira (ou non) en prison.
En théorie, le conducteur doit laisser les piétons traverser. Dans la pratique, le conducteur, il est juste tenu de ralentir lorsqu’il approche un passage piéton. Il ne s’arrêtera pas (sauf en bas des escaliers d’Antaninarenina). Si toutes les voitures devaient s’arrêter chaque fois qu’un piéton de Tana pose un pied dans la chaussée, aucune voiture ne pourrait plus bouger. Tout ceci, je le rappelle, parce qu’il n’y a pas de trottoir libre pour le piéton. Ainsi, tant que le piéton tananarivien n’arrive pas à ré-conquérir les trottoirs, il devra, toujours, s’imposer devant les voitures.
Autres astuces obligatoires
Klaxonner
Il y a plusieurs façons de klaxonner (valable aussi avec les appels de phares)
- Un petit coup c’est pour demander gentiment à un autre auto de vous laisser passer (avec ou sans la priorité).
- Quelques petits coups d’avertisseur vont faire écarter les piétons de votre passage
- Un bon coup de klaxon, prolongé, c’est lorsque vous affirmez votre droit de passage ou pour faire bouger un « con » qui obstrue la voie en faisant son créneau comme un débutant ou en chargeant/déchargeant ses passagers pour un bus ou un taxi, etc. Si on vous accompagne, soyez-en encouragé et allez-y pour votre petit concert de klaxon. Gare à vous si vous êtes la source des problèmes.
Sortir la main (gauche) de la fenêtre
Ce geste multi-sens est à utiliser à profusion. De toutes les façons, l’autre va comprendre. Tantôt c’est pour demander le passage, tantôt c’est pour remercier l’autre qui a cédé le passage. Ne vous agacez pas quand il y en aura qui vont « forcer » le passage tout en sortant la main gauche pour s’excuser, d’avance, des boules qu’il va vous donner. Attention, d’autres messages peuvent être délivrés. Justement, comme c’est l’ancêtre du clignotant, il peut le suppléer lorsque le conducteur se veut être plus précis sur sa direction. Enfin, les possibilités sont nombreuses : saluer, donner des instructions (dépassez, arrêtez-vous, restez derrière) insulter, etc.
Se garer
Les places de parking ne sont pas nombreuses à Antananarivo mais il y aura toujours un « gardien de parking » pour vous en dénicher. Il faudra le payer lorsque vous quittez les lieux. Qu’est-ce qui vous y oblige ? Rien. Peut-être que, par ailleurs, vous payez déjà un ticket de parking, alors, vous pensez que c’est trop de se faire « racketter » également par ces « jeunes ». Mais je répète, il faudra le payer, sauf si vous êtes sûr de ne plus jamais revenir là plus tard.
Attention aux créneaux. Le gardien de parking est capable de vous proposer de faire rentrer votre véhicule dans un mouchoir de poche. Et les malgaches tiennent à leurs pare-chocs. Ces pièces font partie intégrante de la voiture alors, la moindre éraflure et il demandera un constat en bonne et due forme.
Les factions en présence
Enfin, pour finir, et sans vouloir trop vous mettre la pression, il faut quand même vous signaler que des véhicules à Tana agissent comme des gangs. Les taxibe (minibus) s’entraident ou se battent entre eux selon leurs affinités. C’est comme les taxis. Si vous êtes derrière un taxi à un croisement et que vous êtes prioritaire, le taxi devant vous est capable de faire passer 5 de ses collègues avant de s’y engager. Tout le monde craint les 4×4. On ne sait jamais s’il y a dedans un député ou un Colonel, capable de vous emm*** pour un clignotant oublié. Et de toute façon, s’il peut s’acheter un 4×4, ce n’est pas une bonne idée de le défier devant la justice. Les 2 roues sont solidaires. Ne vous embrouillez pas avec l’un d’eux. Mais les pires, ce sont, encore une fois, les piétons qui vont jusqu’à lyncher les conducteurs fautifs.
Bref, conduire à Tana n’est pas la mer à boire. Mais, dans tous les cas, conduisez prudemment.