Je suis homo-nyme
Juste après les attentats du début janvier en France, on a été nombreux sur la planète à être Charlie. Mais bien entendu, on ne s’appelle pas tous Charlie, heureusement.
Image : Messierus Dupont et Dupond par Belianis
Je suis un homo -nyme
Moi, je suis assez anticonformiste. Lorsque je trouve que tout le monde fait une chose, je le fais aussi jusqu’à ce que je trouve que ce n’est pas bien, ou que ce n’est pas obligatoirement bénéfique. Et je cherche vraiment la petite bête. Je remets tout en question, tout le temps. Je dirai que si tout le monde sur Terre s’appelait Charlie, Charlie René, Charlie de Gonzague, Charlie Chaplin ou Charlie Ranaivoson, je serais le premier à crier « Hey! On ne peut pas tous être Charlie!, c’est trop bête. »
Mon nom est Ranaivoson. et c’est le nom malgache le plus répandu au monde. Faites vos recherches, moi je sais d’expérience que les Ranaivoson (variantes : Ranaivosoa, Ranaivosaonina, etc.), qui ne sont pas tous de la même famille sont les plus nombreux à Madagascar, et parmi les malgaches à l’étranger aussi. Il suffit de prendre les résultats du Bac malgache pour s’en rendre compte. Mon prénom est Andry, et c’est pareil, c’est incontestablement le prénom qui existe dans toutes les familles malgaches ou presque vu qu’il peut aller tout seul ou se greffer à n’importe quel autre prénom malgache : Andritiana, Andrinirina, Andriamialy, etc. A 9 ans, pour vous dire, on était 5 Andry dans une classe de 30 élèves.
Mais je ne suis pas mon homonyme
Donc, je connais bien l’homonymie. Je sais que parfois, c’est amusant voire curieux. D’autres fois, c’est quand même plus bizarre, voire flippant. C’est comme la fois ou mon nom était dans la nécrologie du journal Midi Madagasikara, ou l’autre fois ou mon homonyme était riche ou qu’un autre gagnait aux jeux. C’est navrant. Et les fois où un Ranaivoson se fait pincer pour vol, cambriolage, meurtre ou viol, on a envie de dire tout de suite : « Je ne le connais pas! » à qui veut entendre.
Moi, après les attentats en France, j’ai tout de suite pensé à tous les Coulibaly et les Kouachi. J’ai écrit un statut Facebook que seuls mes amis peuvent voir, bien sûr, avant que l’Express ne publie un article dessus.
Et c’est vrai, il ne faut pas faire d’amalgame sur les noms. Et il ne faut pas tout mélanger, non plus. Si je suis Kouachi, je ne suis pas forcément le petit frère d’un terroriste, ou sa cousine. Si je suis Coulibaly, ce n’est pas forcément que j’approuve ce qu’un de mes homonymes a fait mais peut-être que j’essaie de comprendre. Si je suis Charlie, cela ne veut pas dire que je me sens provocateur, blasphémateur ou juste drôle.
Et c’est pour ça que je peux affirmer que je n’ai aucune honte à dire que je me sens Charlie Coulibaly. J’ai fait la recherche dans Facebook et ils sont nombreux. Ce sont des homonymes.