L’échiquier politique à Madagascar, un imbroglio
On utilise l’échiquier politique pour représenter les positionnements et les confrontations entre les partis et groupements politiques d’un pays.
Dans les pays démocratiques, c’est divisé en deux camps principaux difficilement réconciliables : la gauche et la droite; un peu comme les blancs contre les noirs du jeu d’échecs. Après, il y a des nuances, qui vont de l’extrême gauche à l’extrême droite en passant par toutes les couleurs possibles : gauche modérée, verte, centre gauche, centre droit, droite modérée, etc. A vrai dire, il faudrait peut-être quelques années d’études pour comprendre toutes les différences entre social-démocrate et écologiste humaniste, droite libérale et nationaliste. En tout cas, chez eux, c’est clair : à gauche les gauchistes et à droite le reste.
Mais déjà dans certains États, on ne peut pas appliquer cette image. Dans les dictatures par exemple, leur jeu politique s’apparente plutôt à un boulier de Solitaire. Au États-Unis, au lieu de parler d’échiquier, on devrait plutôt parler de ping-pong, car le pouvoir s’alterne uniquement entre les républicains à droite et les démocrates à gauche.
Qu’en est-il de l’Afrique en général et de Madagascar en particulier?
Aujourd’hui, il est rare d’entendre un dirigeant africain définir sa politique par rapport à l’échiquier politique ou tout autre diagramme connu. A Madagascar, il y avait dans son temps le président Ratsiraka qui se disait socialiste et non aligné, puis humaniste à son retour au pouvoir vers la fin des années 1990. Après lui, c’est difficile à dire.
C’est difficile à dire, car on dirait que ceux qui sont là n’ont pas vraiment un politique propre. C’est-à-dire qu’ils ne semblent pas avoir une ligne directrice à suivre; ou plutôt, que nous, observateurs, avons du mal à juger si l’homme ou la femme politicien(ne) est un peu socialiste, un peu capitaliste ou un peu écologique. Il existe bien des partis avec des noms évocateurs comme « parti vert », « parti socialiste », »parti démocrate » mais lorsqu’ils sont au pouvoir, on ne ressent pas la différence.
A Madagascar, nous n’avons pas d’école de sciences-po. Les critères pour entrer en politique sont divers, mais il n’est pas nécessaire pas d’avoir un diplôme dans ce domaine. En fait, nos politiciens sont : anciens artiste, self made man, fil ou petit-fils d’anciens dirigeants ou anciens militaires…Illustration de cela, les trois derniers présidents élus ou autoproclamés de la Grande Ile sont, dans l’ordre, un chef d’entreprise ancien laitier, un chef d’entreprise ancien DJ et un chef d’entreprise expert-comptable. Et si on leur demandait de se situer eux-mêmes sur l’échiquier, que pourraient-ils bien répondre?
Mais le pire dans tout ça, ce n’est pas le fait qu’on a du mal à les situer dans l’échiquier politique, mais surtout qu’ils utilisent à outrance l’option « retournement de veste ». Retourner sa veste signifie qu’on change de camp. Dans un pays à l’échiquier bien clair, cela veut dire aller de la droite vers la gauche ou l’inverse. C’est rare et même si ça arrive c’est parfois incompréhensible tant les antagonismes entre les positions peuvent être très marqués. Par exemple, tout le monda a été saisi par l’annonce du président français selon lequel il se disait social-démocrate alors qu’on le croyait social-libéral .Et encore, ce n’est qu’un petit pas entre deux positions toutes les deux à gauche.
Des gris
Le retournement de veste, sur un jeu d’échecs, c’est comme si de blanc, tu voulais devenir noir ou l’inverse. Mais moi, personnellement, si je regarde les politiciens de mon pays, je les vois avec la même couleur : ni le noir, ni le blanc, le gris. D’où, le fait de retourner leur veste ne change pas grand-chose à mes yeux.Vous connaissez déjà cette illusion d’optique où deux carrés de la même couleur grise paraissent être de deux nuances différentes, l’une plus claire et l’autre plus foncée? En fait, c’est à cause du fond plus clair ou plus sombre. Et sur l’échiquier il y a des cases noires et blanches, donc je vous ai fait un petit dessin pour illustrer nos politiciens. A première vue, on dirait qu’il y a deux camps qui s’affrontent, mais à y voir de plus près … ce sont tous les mêmes