Madagascar dans l’attente des résultats de la présidentielle

Article : Madagascar dans l’attente des résultats de la présidentielle
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2 janvier 2014

Madagascar dans l’attente des résultats de la présidentielle

troubles

A défaut d’être un prophète, il est toujours avisé de faire les divinations à la façon de Rahivina. Quand on lui demandait le sexe d’un bébé à naître, il répondait :  » Les dieux ont parlé, c’est soit un garçon, soit une fille

« Où en est-on à propos des résultats du scrutin ?

Il est prévu que les résultats  » définitifs  » du second tour de l’élection présidentielle malgache soient prononcés d’ici quelques heures, ou quelques jours par la Cénit, la Commission électorale dite  » indépendante « . Après cela, ce sera à la CES, la Cour électorale spéciale de proclamer le nom du vainqueur, à en croire les derniers chiffres, Hery Rajaonarimampianina. Ce sera une décision irrévocable, car rien n’est au-dessus de cette CES.

Pour rappel, les observateurs internationaux ont plus ou moins validé le scrutin en le jugeant crédible, sans grandes irrégularités malgré quelques petits problèmes.

De son côté, le soi-disant futur perdant, Jean-Louis Robinson a déposé une centaine de requêtes, avec preuves et témoignages à l’appui, directement à la CES pour des irrégularités, des fautes et des fraudes diverses et de toutes sortes.

Je pose bien la situation :

D’un côté, il y a Hery Rajaonarimampianina, le candidat, le poulain (de Troie ?), le pion, ou disons le joker dans la manche des hommes de la transition, dont M. Rajoelina est le premier, faute d’être le leader ou le chef incontesté. Tout le monde savait et sait qu’ils sont au pouvoir et qu’ils feraient tout pour gagner ce scrutin. « TOUT » signifie tout, fin des commentaires.

De l’autre côté, il y a Jean-Louis Robinson, le candidat indépendant, devenu lui aussi l’outil, la pièce maîtresse, l’espoir ultime de M. Ravalomanana, l’ancien président malgache en exil depuis son  » renversement  » en 2009. En l’adoubant comme représentant de sa mouvance, ce dernier a fait de lui son ultime chance de rentrer au pays avec les honneurs, voire de reprendre du poids dans l’économie, la politique du pays, ou simplement pour son corps tant le fait d’être éloigné de son pays fait fondre ce grand homme (de toutes les manières). De son côté, lui et son équipe essaient de toutes leurs forces de faire valoir leur victoire supposée en dénonçant des fraudes massives.

Dia haninona nefa ialahy?

En résumé, c’est comme dans la cour de récréation. Vous vous souvenez de cette scène, quasi universelle? Il y a un petit garçon, chétif, maigrelet qui accuse un grand garçon musclé et un peu bête d’un :  » Tu as volé mon goûter, espèce de voleur « .
A ce moment, l’assistance se fige et écoute le gros garçon un peu bébête et méchant qui, lui, fixe le petit gringalet comme s’il essayait de se souvenir s’il avait oui ou non mangé, aussi, le goûter de ce petit-là. Mais contre toute attente, le grand garçon ne va ni confirmer ni infirmer l’accusation, il va juste rétorquer :  » Si je l’ai fait ou non, toi, qu’est-ce que tu vas me faire?   » (Dia haninona nefa ialahy?)

Et c’est à ce moment-là que dans les films soit, le petit se fait écraser comme une mouche, soit en fait, c’est un petit maître kungfu qui va botter le derrière au grand sot.

Dans le cas de ce scrutin, ça reste à voir !

Le dilemme

Tout cela reste mathématique, en fait. JLR (Robinson) affirme qu’il aurait obtenu, en réalité dans les 55 % des votes. Ce qui ferait de lui, non plus le petit gringalet de l’histoire, mais bien un poids lourd. Mais ce n’est pas aussi facile.

Je rappelle que HR (Rajaonarimampianina) et surtout ses appuis sont les tenants du pouvoir actuel. Et plus encore…qui sait, et qui peut affirmer qui est derrière qui, en ce qui concerne les grandes puissances de ce monde ?

Connaissant toutes les pièces de l’échiquier, si jamais sa défaite est confirmée, JLR pourrait mobiliser ses 55 % d’électeurs pour faire ce que les uns appelleront :  » Troubles postélectoraux, ou contestations ou manifestations citoyennes ou révolution « ; en tout cas, ne pas accepter la défaite facilement.

Mais, s’il décide de le faire, et qu’en même temps HR devient le président légal, il entre, lui, dans l’illégalité. Je ne connais pas très bien JLR pour dire qu’il va jouer à ce jeu pour son  » maître  » Ravalomanana ou bien s’il va plutôt protéger ses arrières (protéger sa queue d’une coupure comme on dit chez nous).

Et le peuple ?

Et c’est le plus grand inconnu dans tout cela. Le peuple ira-t-il une nouvelle fois dans la rue?

Le peuple veut sortir de cette crise qui a tant duré (depuis 2009). Si les résultats de l’élection sont acceptés par tous, la sortie de crise est assurée.

Même si ce ne sera pas la première fois qu’un président malgache serait élu malgré les contestations de l’opposition, jamais un candidat n’ayant pas eu la majorité dans les décomptes officiels n’a pu renverser la tendance sur tapis vert.

Et aujourd’hui, même des alliés de JLR prônent l’apaisement  » pour le bien du pays ».

MAIS, cela signifierait, si (et seulement si) les fraudes sont avérées, que JLR, tous les électeurs qui l’ont élu, le peuple malgache voire le monde entier accepteraient une élection biaisée, une injustice, un vol, tout simplement le non-respect du choix et des droits fondamentaux du peuple d’une nation souveraine et  » démocratique « .

Et surtout, cela signifiera que le prochain président sera mal aimé et aura contre lui 55 % de la population. Il aura contre lui la considération par beaucoup d’être un fraudeur, un usurpateur et un menteur. Il y en a qui dorment bien avec ça. Mais, en perspective, ce ne sera pas un mandat  » apaisé « .

Arrêtons là, pour l’instant

J’arrête de spéculer à la Rahivina parce que je ne suis pas assez haut placé pour dire ce que l’œuf va donner comme volatile.

Et de toute façon, dans quelques heures ou dans quelques jours, ce billet n’aura plus aucune signification. Dans quelques heures, ou dans quelques jours, le président sera officiellement désigné et il y aura ce qu’il y aura : paix ou troubles, sortie de crise ou nouvelle crise … et moi, je bloguerai ça pour vous.

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