Histoire vraie « dimanche dernier » : petit vécu sur le racisme et le travail des enfants à Madagascar

Article : Histoire vraie « dimanche dernier » : petit vécu sur le racisme et le travail des enfants à Madagascar
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18 novembre 2013

Histoire vraie « dimanche dernier » : petit vécu sur le racisme et le travail des enfants à Madagascar

Dimanche dernier, on est allé à un parc de loisirs près d’Antananarivo et on a été « victimes » d’un racisme subtil.
Mais pour bien comprendre la situation, je vous explique d’abord le fond du problème de racisme à Madagascar. Comme presque partout dans le monde, l’Histoire du pays a eu comme résultat la considération acceptée par la majorité de la population que plus sa peau est clair, plus un individu est « noble ».
Avec la peau, il y a aussi un critère très important qui est la chevelure. En effet, même si la couleur naturelle des cheveux des malgaches est à 99.9% noire, la « qualité » (lisse, ondulée, crépue) est plus disparate. Et, bien, sur, la noblesse est marqué par une chevelure très lisse tandis qu’un « esclave » aurait, surement, des cheveux tous crépus.
Aujourd’hui, il n’est plus à la mode d’afficher son racisme.

De toute façon, les critères cités en haut ne sont plus valables car maintenant, on a chez nous des européens qui mendient et des noirs africains ou asiatiques (avec des cheveux lisses, ça complique tout) qui sont très riches. Et dans ce siècle, la noblesse, c’est le cash.
Donc, pour finir cette longue préambule, à Madagascar aussi, le racisme devient subtil. On prend moins de risque pour dire le fond de sa pensée car oui, le fond de la pensée est toujours bien sale.

L’histoire

Voici, donc, la petite histoire qui est un délit de faciès. Nous arrivons dans le parc de loisirs et on est accueilli dès qu’on descend de la voiture par une petite hôtesse. Nous somme 7. Moi, ma femme, nos 4 garçons et la fille d’une amie. Donc, on est 2 adultes et 5 enfants. Le problème était que les 5 enfants, par rapports à la moyenne paraissaient avoir 2 ans de plus que leur ages véritables. La petite hôtesse pensait que les jumeaux de 1 an avaient 3 ans, que celui de 4 an en avait 6, que celui de 8 an en avait 10 et que la fille de 11 an en avait 13.
Surtout, la fille qui n’est pas originaire de la région a la peau « moins claire » que nous 6 et les cheveux « moins lisses ».
la petite hôtesse nous guide à l’accueil et donne le topo au réceptionniste :

« 4 enfants, 2 adultes et une nounou, pour la nounou c’est gratuit »

Sur le coup, moi et ma femme on n’a pas su réagir. L’entrée pour 1 enfant était de 10 000 ariarys (4 euros), pour les adultes, c’était 5 000 ariarys . Et c’était supérieur au budget prévu.
Je ne sais pas si c’était la bonne réaction, je ne voulais pas choquer la petite fille qui, visiblement, n’a pas compris la situation et j’avoue que « pour la nounou, c’est gratuit » me paraissait une aubaine. Mais j’ai toutefois rétorqué :
– « Nous étions venus en pensant aux anciens tarifs c’est-à-dire : un accompagnateur gratuit par enfant. Et je ne vais pas payer pour les bébés de 1 an qui vont dormir dans la poussette pendant que les enfants jouent, donc, je paierai pour les 3 enfants = 30 000 ariarys. »

C’était réglé pour le montant mais ils ont malheureusement insisté, très conciliants, pour que les 30 000 soient la facture de 2 enfants, 2 adultes et une nounou car « Non, pour la nounou c’est gratuit, vous ne paierai pas car c’est vraiment le principe de la maison ».
Et là, on a abandonné car visiblement, ça aurait une perte de temps et aussi d’argent si on a continué la conversation. C’était surtout parce qu’on avait peur que la petite fille comprenne qu’on la traite de domestique et on a vite bouclé la transaction.

On a juste discuté de ce qui s’est passé moi et ma femme et on a tiré les conclusions suivantes :
Pour ces gens, donc :

petite fille

– Une fille, à la peau foncée et aux cheveux très bouclés qui accompagne une famille à la peau claire, c’est une domestique.

– C’est pas un problème, du tout, si une famille avec 4 enfants emploie une petite fille de 11 ans  pour faire la domestique.

– De toute façon, ils n’ont aucune raison de demander la confirmation, c’est sûr qu’ils voient la même situation tous les jours que pour eux c’est comme d’habitude.

Décidément, certains réflexe ne veulent pas se perdre.

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