Je vous l’avais bien dit!!! (article 20)

Article : Je vous l’avais bien dit!!! (article 20)
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1 juillet 2016

Je vous l’avais bien dit!!! (article 20)

Un tweet d’un ami m’a fait comprendre que certains de mes articles avaient 2 ans d’avance sur leurs temps (dont l’article 20).

Revenons ensemble en 2014 avec la machine à voyager dans le temps de Lay Corbeille.

Cybercriminalité

Oui, ceux qui pensent que l’article 20  du code de la communication est une invention toute nouvelle, relisez mon guide humoristique ou l’article d’Andriamihaj. Ces 2 articles datent bien de 2014. Qu’est-ce qui s’est passé entre temps? On a oublié le sujet jusqu’à ce qu’aujourd’hui, l’Assemblée Nationale l’examine et l’adopte surement.

Pas de panique! Mon guide vous permettra d’éviter la prison. En attendant, profitez de vos derniers instants de liberté pour rire d’une robe à l’ananas, ou de chaussures à ressorts.

Terrorisme

C’est lors d’un rassemblement à Mahamasina qu’une bombe a explosée, faisant morts et blessés. Ce n’est pas seulement une info de juin 2016, c’est exactement l’article de janvier 2014 dans lequel j’ai fait l’analyse que les dirigeants, élus démocratiquement, faute de mieux, avaient peu de temps pour conquérir le cœur du peuple, de l’armée et même de ses adversaires. Qu’est-ce qui s’est passé entre temps? On a oublié l’incident et on est revenu aux méthodes habituelles et à la crimogène.

Insécurité

On m’a lancé des pierres virtuelles et quelques fleurs toutes aussi virtuelles quand j’ai fait un coup de gueule jugé péjoratif sur l’insécurité à Madagascar. Je parlais de dahalo, d’agressions en tous genres. Qu’est-ce qui s’est passé entre temps ? L’insécurité augmente et c’est vécu comme une fatalité. La vie s’endurcit, dit-on par philosophie.

Par jeu, je pourrais vous citer d’autres sujets d’articles de Lay Corbeille de 2014 ou d’avant et nous trouverons que certains sujets sont toujours d’actualité. On trouvera que c’est normal. Les choses de la Terre vont et viennent ou tournent comme roue de la fortune, les saisons, la mode. On peut même être plus pessimistes et dire que la vie va en s’endurcissant ; que la « fin du monde » approche. Pourtant, je pense que le vrai problème des Malgaches c’est de trop vite oublier. Un sujet, un fait divers nous passionne, on en fait des articles de presse, des articles de blogs, des sujets des journaux radio et télé, des sujets de forums ; même dans la rue, dans les bars, dans les bus, on en parle et après, sans qu’une action ne soit menée au bout, on oublie jusqu’à la prochaine fois.

Iles éparses, Parking à 500 Ariary, agressions au bois rond clouté, accidents de taxi-brousses, attaques de dahalo, incendies criminelles, pillages, mines à ciel ouvert, trafic de bois de rose, trafic de tortues, viande de lémuriens, coupeurs de route, attaques à main armée, meurtres, open sky, domestiques tuées au Koweit et au Liban, grenade à gauche, bombe artisanale à droite, ambalavelona.

Dites-moi pour chacun de ces sujets, qu’on entend depuis 2014, lesquels ont connu un dénouement, du genre : les coupables sont arrêtés, les problèmes résolus, les accords trouvés, les cas disparus, la vérité dévoilée. Ce que l’on voit c’est que les suspects ont été relâchés, les autorisations renouvelées, les décisions entérinées.

Les Malgaches réagissent bien sur Twitter, Facebook ou sur les forums de moov, les réseaux sociaux qui sont assez animés à Madagascar. Ce ne sont que des feux de paille qui sont quand même brûlants.

Le fameux Code de la Communication

Justement, l’article 20 du code de la communication, est, à mon avis (en 2014) une preuve que les dirigeants ont conscience de la force qu’internet peut avoir. C’est nous, internautes malgaches qui ne sommes pas encore prêts à user de ce pouvoir. Le noir de l’image à la une de cet article est mon ralliement au noir et blanc des journaux malgache d’aujourd’hui qui manifestent contre cette loi anti-libertaire. Je ne suis qu’un blogueur et, avec mon humour, je suis menacé par cet article sans avoir, comme les journalistes, une entreprise ou un rédacteur en chef pour me protéger.

Une victoire de la liberté, ce serait le retrait pur et simple de cet article. Pour cela, il ne faut pas oublier. Ceux qui ont posté ou partagé un statut d’indignation sur Facebook un jour, qu’ils ne pensent pas que cela suffise et que le jour suivant ils peuvent revenir aux poèmes, aux jeux VS, et aux collages. N’attendons pas que moi, vous, ou un autre devienne un exemple et pourrisse en prison après une phrase anodine publiée pour faire peur à tout le monde avant de se dire que oui : « Lay Corbeille l’a déjà dit ».

Et puis, c’est pareil pour tous les problèmes de Madagascar. N’enfouissons pas nos têtes dans nos plumes comme les autruches pour devenir invisibles. Cela ne marche que dans le désert quand il fait très chaud (c’est ce que font les autruches mais pas s’enfouir la tête dans le sable comme dans les dessins animés). Bref, prenons nos problèmes à bras le corps et n’abandonnons pas avant d’avoir été vaincus. Qui sait, on peut aussi vaincre, des fois.

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