Andriamialy

Théorie sur la malgachisation du mot four

Je me suis levé ce matin et j’ai eu cette reflexion en sortant mon pain du four : « mais pourquoi? ». Pourquoi le mot four est devenu « lafaoro« ? Mais pour y répondre, il faut d’abord voir comment se sont malgachisés les autres mots français. C’est à la fin que j’exposerais ma petite théorie.

Si on se cantonne au royaume merina du 19è siecle qui s’est autoproclamé Royaume de Madagascar, il y a eu principalement deux nations européennes qui ont apporté leurs influences : l’Angleterre et la France. Il y a beaucoup d’autres européens comme les norvégiens ou les italiens ensuite et bien avant tout cela, il y a les portuguais. On pense par exemple que le nom de notre devise Ariary viendrait du Real.
Mais ce sont les langues anglaise et française qui ont apporté le plus de vocabulaires ces derniers siècles. Et il est facile, en cherchant les racines des mots, de comprendre quelle civilisation nous a apporté un objet, un animal, un nom, une idée.

Gisa = Geese

Fiara
= Fiacre

Seza
= Chaise

Rajaonisaona
= Johnson

Raserizà
= Sergent

Indrindra
= In deed

Baiboly
= The Bible

En parlant de Bible, on a d’un côté une protestante dont les noms des personnages sont inspirés de l’anglais et une catholique avec des noms français malgachisés. Exemples :

Petera vs Piera

Mosesy
vs Moizy

Jesosy
vs Jeso(Zezo)

Mais le sujet de cet article ce sont des mots français. Certains gardent leur article « la ».Cela donne des mots malgaches qui commencent par « la ». Exemple :

La table = latabatra
La croix = lakroa
La bougie = labozia
La France = Lafrantsa
La vanille = lavanilina

Il y a peu de mots masculin qui gardent leur article « le ». Le son « le » n’existant pas, il serait malgachisé en « lé » qui est déjà proche de ‘lay, l’article malgache utilisé dans le titre de ce blog. Ainsi, « le comorien » devient « lekaoma« . Cela devient bizarre si on utilise lay devant (‘lay lekaoma). La plupart du temps, le mot masculin vient sans son article.

On dit bien « le four » mais pas « la four ». Si c’était « la four », la logique aurait été d’obtenir « laforo » et garder la prononciation. Mais non, on a « lafaoro » qui sonne comme « la fort ».

Voici mon avis :  « four » n’avait aucune chance de rester comme il est dans notre langue parce que sa prononciation est trop proche du mot qui signifie « vagin ». Toutes ces expressions cuisinières seraient devenues ambigues :

– prechauffer le four
– mettre au four pendant 20 minutes
– etc.

Si je n’ai pas tort, ce serait donc la pudeur légendaire des malgaches qui a créé l’exception « lafaoro« .


Difficile de passer de la tradition orale à l’ecrite

Beaucoup de proverbes malgaches sont le sujet de débats. Cela concerne l’orthographe et par conséquent le sens des mots et des expressions.

Au lieu d’essayer de résoudre ces débats, je vais faire une illustration en remettant en cause une proverbe bien connu.

Quelques exemples

Voici déjà quelques exemples de proverbes dont l’ecriture ne fait pas l’unanimité :

« Mamerina indroa manantitratrantitra » ou « mamerina indroa manana ny antitra »

Est-ce que passer une couche c’est radoter ou bien ça permet d’avoir une couleur plus vive (peinture)?

« Ady voamangan’i Kirijavola » ou « Adin’i Vaomanga sy Ikirijavola »

La suite est « ny masony no tindronina aloha »(tout de suite, il crève l’oeil ». Mais est-ce une image de la façon dont Kirijavola déterre la patate douce (voamanga) ou bien sa technique de combat contre Vaomanga? (Un boxeur traditionnel ou pourquoi pas un coq).

« Tendrom-po » ou « tendrim-po tsy mba namana? »

Dans les 2 cas, on ne peut pas s’y fier. Mais s’agit-il des « pointes du cœur » ou des « choix du cœur »? Ma grand-mère ôtait par précaution un bout du cœur des animaux qu’elle préparait en cuisine.

Et des expressions et adages ambigus  il y en a pléthore en malgache. Mais nous allons faire notre démonstration avec un proverbe bien établit.

Notre cobaye

« Ny adala no toa an-drainy »

Littéralement, il se traduit par « l’insensé est celui qui est comme son père ». Communément, il est admis que ce proberve signifie que celui qui ne réussit pas à dépasser son père, à faire mieux que son prédecesseur ou se contente de reprendre ses activités est un insensé. Mais cela est vrai, seulement si on accepte cette façon d’ecrire la phrase.

En effet, « toa » est un mot qui signifie « pareil ». Il est logique de comprendre que dans une société malagasy où l’on promeut le travail et la possession, on exhorte les garçons à devenir plus riches que leurs pères. Dans certaines régions, les parents ne laissent aucun héritage mais tout ce qu’ils possèdent sont dilapidés pendants les funérailles et s’ils avaient 100 têtes de zébus, 100 paires de cornes orneront leur tombeau. Cela fait que l’enfant repart de 0 pour faire mieux que ses prédécesseurs.

Puis, même si l’expression « toa an’i » est utilisé comme comparatif, c’est rare. À la place, on dit « ohatra an’ialahy ihany izaho » (je suis comme toi). Ou bien, on dit « toy » mais pas « toa ».

  1. En effet, « toa », en général, signifie « on dirait ». Par exemple, « toa matory ianao izany » se traduirait par « on dirait que tu dors ». Et de ce fait « Ny adala no toa an-drainy » devient « C’est l’insensé qui est on dirait son père ». 
  2. Et puis, « an-drainy » si on enlève du contexte signifie à 99% « à son père ». Ce qui donne   « on dirait que l’insensé est à son père ».
  3. Il y a aussi les homonymes de « toa ». En premier, il y a « to » qui est la racine de « mankatò » (obéir). Ce qui nous donne : »ny adala no tò an-drainy » ou « L’insensé obéit à son père ». 
  4. En second lieu, il y a « toha- » , contraction de « tohana » (obstacle) qui nous permet d’obtenir « ny adala no tohan-drainy » ou « l’insensé est un frein pour son père ».
  5. Enfin, avec l’altération des siècles qui passent, on pourrait penser que l’original aurait pu être « ny adala no tohin-drainy » qui signifie l’insensé fait suite ou succède à son père.


    Vous voyez qu’une différence minime à l’écrit peut transformer radicalement le sens tout en restant à peu près potable. C’est pour cela qu’il est difficile de se mettre d’accord sur l’écriture de certains proverbes anciens.


    Il y a 100 façons de s’interpeller en malgache

    En anglais, il y a « you ». En français, il y a déjà « tu » et « vous ». Mais en malgache, il y a une infinité de façon de s’appeler, comme il y a autant de relations humaines.

    D’abord, ianao (tu, toi) est le pronom personnel à la deuxième personne du singulier dans la langue officielle. C’est le pronom à utiliser normalement, pour être courtois, neutre, sans équivoque, sans arrière-pensée. Il est aussi passe-partout puisqu’il va entre parent et enfant, patron et subordonné ou dans un couple.

    Certains veulent utiliser le pronom au pluriel ianareo (vous) comme dans la langue française mais, à mon avis, cela a un effet péjoratif. En effet, cela sonne toujours comme un « vous » inclusif. Oui, c’est comme « toi et ton espèce » ou « dans ta famille », « toi et tes semblables ».

    Si deux personnes se parlent en utilisant ianareo, et si ce n’est pas une convention dans la famille pour marquer le signe de respect, cela indique une certaine distance. Il se peut que la discussion qui commence par des ianao dégenère en dispute avec des ianareo, ialahy, ‘ndri ou pire (voir plus bas) car la personne devient « tsy fanao ianao » (ne mérite pas le ianao).

    Dans certaines régions, cependant, ianareo peut marquer une grande pudeur. En effet, si la personne n’est pas mariée, ianareo (vous) peut signifier « toi, tes parents et toute ta famille ». Si elle est mariée, c’est « toi et ton époux(se) ». Et on ne dit pas « Manao ahoana ny vadinao ? (comment va ton époux(se) ?) mais « Manao ahoana ny ao aminareo ? » (comment va celui (celle) qui est chez vous ?).

    Dans le langage familier, le tutoiement se traduit par ialahy pour les garçons et indri [indji] ou ‘ndri pour les filles. De ce fait, on peut facilement deviner la nature d’une relation en écoutant comment deux personnes s’appelent :

    • Deux personnes qui se disent ianao : relation respectueuse,
    • Deux garçons qui se disent ialahy et deux filles qui se disent ‘ndri : amitié,
    • Une fille et un garçon qui s’appellent par ialahy : amitié, intimité voire plus,
    • Une fille et un garçon qui s’appellent par ‘ndri : flirt, amour,
    • Deux filles qui se disent ialahy ou deux garçons qui se disent ‘ndri : gang, intimité douteuse ou carrément gai.

    Puis, il y a ise ou ‘se [sé] qui, dans l’usage, est un équivalent sans genre de ialahy et ‘ndri. Je me souviens même que tout petit, à l’église, et surtout dans les patrouilles de la jeunesse, on nous préconisait d’éviter les trop familiers ialahy et ‘ndri car trop souvent, la culture colonisatrice pseudo-chrétienne démonise les mots malagasy authentiques pour les remplacer par les traductions en langue étrangère (comme tay devient kakà et amany devient pipi, par exemple). A mon avis, ise est juste la malgachisation de l’anglais « sir ». C’est pour cela qu’il persiste chez les andriana (clan des princes). Et actuellement, c’est devenu, dans certains couples la contraction du français chéri(e) puisque le son ch n’existe pas dans la langue malgache. Chéri, en phonétique malgache devient « ‘se ‘ry » (chéri(e) là-bas).

    Vous avez remarqué que tous ces mots commencent par un « i ». Cette lettre doit être mise devant un mot pour dire que c’est un nom ou un prénom. Ainsi, en malgache :

    • Marie devient i Marie
    • Pierre = i Pierre
    • Président = i Prezidà
    • Sergent = i Serizà
    • etc.

    Maintenant, dans le langage hautain voire vulgaire, on a les appelations qui anonymisent, voire vont jusqu’à chosifier une personne :

    • i anona : untel, quelqu’un, quiconque
    • i zavatra : chose, machin, truc

     

    • lery (‘lay iry) : littéralement celui qui est là-bas
    • leity (‘lay ity) : littéralement celui qui est ici
    • etc.

     

    • i tena : ce corps (humain)
    • ‘ty : ça

    Pour les 2 premiers, on a anona qui est très utilisé lors des disputes comme par exemple : –Dia haninona ianao ry anona a ? (Alors, qu’est-ce que ce quelqu’un va me faire ?). Aujourd’hui, chez certain(e)s ami(e)s, c’est devenu une appellation affective. Mais Anona et Zavatra sont surtout utilisés par des personnes qui ont ou font semblent d’avoir une mauvaise mémoire des noms. Parfois, c’est assez agaçant.

    • Avia hoe i… zavatra aty. (Viens un peu ici… machin-chose)

    Lery, Leity, Leisy, Legona, Leanona, Leaza, etc. sont des appellations viriles entre hommes dans les bars, sur les terrains de foot, etc. Mention spéciale pour lery qui est devenu le pronom pour désigner le héros d’un film ou d’un B.D. qu’on raconte.

    • Naharesy i lery tamin’ny farany (il (le héros) a gagné à la fin)

    ‘ty et tena sont l’apanage des endroits qu’on appelle « bas-quartier ». Ayant grandi à Dakar dit Manjakaray, j’ai côtoyé ces mots tous les jours. Là-bas, ce ne sont pas de gros mots et ils sont utilisés par tous, petits et grands. Les plus gros mots et insultes existent aussi et sont utilisés. Par exemple, certaines personnes là-bas s’appellent pénis (tab*), couilles (voatab*), vagin (kind*), incestueux (vadin*), fesses (vod*), face de (tavan*), sodomite (lel*), etc.

    Face à ces abominations verbales, ‘ty et tena sont devenus plus acceptables. Et puis, grace aux échanges, aux B.D. ou films, ces mots sont sortis des bas-quartiers et sont utilisés dans d’autres groupes. Pour l’avoir entendu plusieurs fois, je sais que des hommes respectables d’Antananarivo qui ont aujourd’hui autour de la soixantaine se parlent entre eux en utilisant ‘ty. C’est assez déroutant de voir 2 papys (disons que le premier est un Chef de Département, l’autre un élu de la ville) se rencontrer et se dire :

    • « Ahoana r’ty, elaela ‘ty tsy hita an!? »  (salut, ça fait longtemps que je t’ai pas vu !).

    Mais ‘ty et tena gardent toujours ce côté tabou. Les scientifiques disent que les gros mots impactent plus profondément le cerveau que les autres mots. Comme ‘ty et tena sont du côté obscur, alors, ils ne peuvent vraiment pas être utilisés de manière innocente. Quand j’étais jeune, j’étais chez une amie mariée de ma jeune tante. Comme il n’y avait pas encore de sms, son mari lui a envoyé une missive enflammée en mode ‘ty et tena. Il n’y avait rien d’obscène dans les mots sauf que tena a tout changé. Justement, l’utilisation de ces mots rend une phrase nettement plus ambiguë, disons plus intime que ialahy et ‘ndri. Par exemple, la phrase « tu verras bien quand tu rentreras ce soir » est vraiment différente entre ces 3 traductions :

    • Ho hitanao tsara rehefa mody eo ianao rahariva. (inquiétant)
    • Ho hitandri tsara rehefa mody eo ‘ndri rahariva. (encourageant)
    • Ho hitan-tena tsara rehefa mody eo tena rahariva. (carrément sexy)

    Pour finir, comme cet article parle de 100 façons de s’appeler chez les malgaches, il faut dire qu’il y en a, en vérité, une multitude et qu’on continue encore d’en créer. La langue malgache est une langue bien vivante et les malgaches aiment bien inventer des mots entre eux pour faire des liens dans les groupes. Parfois, ces mots sortent des familles, des écoles, des quartiers, des régions pour alimenter le quotidien de tous les malgaches. La fin de cet article est une liste de quelques-uns ces mots :

    Rams (diminutif de Ramosé) : Monsieur
    Razoky : Grand frère
    Zandry : petit frère
    Zama : tonton
    ingahy : Monsieur
    ikala : fille
    Pata : diminutif de patron
    toi : utilisation du français. Par exemple « manao ahoana toi? » (comment tu vas?)
    etc.


    Résiliés, malussés, sinistrés, les malgaches abordent 2018 sans assurance

    Une nouvelle année est toujours signe d’espoir. Même à Madagascar, on fait le vœu que l’année soit bonne, au moins clémente.

    Vous avez peut-être déjà vu des compagnies d’assurances faire de la publicité envers les personnes qui ont été déboutées ailleurs pour diverses raisons. Certains disent que ce sont des publicités pas très vraies mais je sais qu’à Madagascar, il y a toujours un moyen pour avoir une assurance, même à la dernière minute. Alors, si c’est possible d’obtenir cette assurance que tout ira bien à Madagascar en 2018, nous sommes tous preneurs.

    Sinistrés

    L’année ne fait que commencer et déjà une tempête tropicale frappe le pays. Ce n’est pas nouveau. Ce qui l’est, c’est que depuis l’année dernière, les séismes s’ajoutent aux risques de catastrophes possibles. Avec ça, il reste peu de choses qui sont sûres d’épargner la Grande Île. Et comme tous les ans, on est toujours victimes, sinistrés, comme si on ne s’y était pas préparé.

    By NASA image courtesy Jeff Schmaltz, LANCE/EOSDIS MODIS Rapid Response Team at NASA GSFC. Caption by Michon Scott. Domaine public, via Wikimedia Commons
    Le cyclone Giovanna, qui a frappé Madagascar en 2012

    Malussés

    Le mot n’existe pas. Il a été inventé pour des publicités mais il est facile d’en comprendre la signification. Dans certains contrats, il y a des clauses qui décrivent les cas où l’on reçoit des bonus ou des malus. Quand les malus s’accumulent, on a de moins en moins envie de garder ce contrat. Je ne sais pas ce que nous, peuple malgache, avons mal fait mais en tout cas, les malus sont nombreux pour nous. L’inflation, par exemple, est fortement ressentie sur le prix du riz, de l’essence, de l’eau et de l’électricité. La corruption est à tous les étages, l’insécurité règne, etc. On est vraiment malussés.

    Crédit photo : Geoleval, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons

    Résiliés (résignés)

    L’idée de cet article m’est, en fait, venue quand j’ai vu dans un forum un internaute faire la faute de français d’écrire « résigné » au lieu de « résilié ». C’est vrai qu’on rapproche souvent la résilience et la résignation même s’il y a des différences. Mais dans le cadre des contrats, on parle plutôt de « résiliation ».

    À Madagascar, le peuple est devenue très sage. La compagnie des eaux et électricité, après de pompeuses inaugurations de nouvelles centrales, augmente régulièrement et fortement ses tarifs, personne ou presque ne réagit. Le prix du riz a plus que doublé, personne ne s’en offusque. On accepte tout comme une fatalité.

    Crédit photo : Rama, CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons

    Est-ce que c’est une résignation ? Peut-être. Est-ce plutôt une résilience ? On verra. Cette année devraient se tenir les élections présidentielles. Ce sera l’occasion de savoir si les malgaches renouvellent leur contrat ou bien si, au contraire, résiliés, malussés, sinistrés, ils vont aller voir ailleurs. En tout cas, cher lecteur(trice), bonne année 2018 à vous!


    Les musiciens malgaches internationaux

    Article mis à jour ce 03/01/2018
    Un jour, je me suis trouvé avec des personnes de différentes origines et on parlait de musique. Quand j’ai demandé : « Vous avez déjà entendu de la musique malgache ? » 

    Aucune d’entre elles ne semblait connaître. Je me souviens même de la réponse d’un membre du groupe : « Je ne savais même pas qu’il y en avait ». Je l’affirme, dans notre île il y  a de la musique et de grands musiciens. Des artistes que vous devriez connaître à condition d’être un peu mélomane ou d’avoir une assez bonne culture musicale.

    Commençons avec le jazz qui compte le plus grand nombre de musiciens malgaches reconnus à l’étranger

    Andriamanantena Paul Razafinkarefo

    Devant ce nom horriblement malgache, il y a un pseudonyme plus connu et moins barbare est bien vite reconnu par tout le monde : Andy Razaf. Je voulais commencer par ce grand homme : « so black and so blue », américain, qui a quitté Madagascar très tôt, mais qui n’a pas renié ses origines. Il a rencontré le président malgache lors d’un voyage aux États-Unis de ce dernier.

    Les musiciens de jazz

    Le jazz aurait moins d’un siècle d’existence à Madagascar, mais la musique malgache en elle-même est déjà proche de ce genre.  Jeanot et Tony Rabeson, Georges et Serge  Rahoerson, Solorazaf, Silo, Nicolas Ravatomanga, « Tôty » Olivier Andriamampianina, le bassiste Sylvain Marc, Arly Rajaobelina, etc. ont contribué et contribuent encore à assoir le succès de cette musique à Madagascar et du jazz malgache à l’étranger. Pardon, mille pardons pour ceux qui ne sont pas cités, car je sais que les gens n’aiment pas du tout lorsqu’on oublie de les citer quand ils le méritent. Mais ce ne sont que quelques exemples de noms ou de personnes d’origine malgache que les amoureux de jazz peuvent reconnaître.

    Maintenant, pour poursuivre ma liste, je vais vous parler des Malgaches ou des Français d’origine malgache qui ont déjà été dans le top 50 français

    Les Surfs

    La famille Rabaraona, plus connue sous le nom de leur groupe « Les Surfs » a fait chanter et danser le monde francophone dans les années 60 et 70. Ils auront vendu 4 millions de disques

    Patsy

    Patsy Ranarijaona a eu un succès éphémère, mais on se souvient de « Comme un appel » et surtout de « Liverpool ».

     

    Tizy Bone

    Tizy Bone, ou plutôt Yzit (depuis la séparation des Tragedy)  a fait danser le monde entier avec son « Eh-Oh » tragedy-que. « Est-ce que tu m’entends, est-ce que tu me sens? »

     

    Allez ! il y en a d’autres, je préfère arrêter là pour les Franco-Malgaches. Intéressons-nous à ceux qui ont réussi à se faire un nom à l’étranger en faisant de la musique malgache grâce notamment au label « World Music », les champions du monde.

    Rakoto frah

    De son vrai nom Philibert Rabezoza Rakoto, ce flûtiste (sodina) génial était un symbole national. C’est le maître incontesté de cet instrument de musique traditionnel avec lequel il a joué partout dans le monde accompagné des plus grands musiciens.

     

    Régis Gizavo

    Grâce à son accordéon, Régis Gizavo sillonne le monde entier après avoir gagné  le prix Média au concours « Découvertes RFI » en 1989.

    Jean Emilien

    Jean Emilien, le champion du monde d’harmonica en 1992.

    Et puis, pour finir, car je ne prévois que 10 vidéos dans cet article, je vais vous parler de 2 musiciens bien malgaches qui font de la musique malgache, c’est-à-dire du bà-gasy ou salegy et de l’influence du monde entier, et qui sont reconnus à l’étranger. Enfin, à la différence des précédents ils sont aussi très célèbres à Madagascar.

    Eric Manana

    Aussi Malgache que citoyen du monde, Eric Manana multiplie les malgachisations de titres internationaux, mais il est aussi adoubé pour la diffusion de la musique malgache à l’étranger.

    Jaojaoby

    Le grand maître du Salegy est le plus connu des chanteurs malgaches et qui a collaboré avec beaucoup de musiciens à l’étranger et qui a essayé des fusions avec le rap ou le jazz. Il a converti Santana au Salegy. Il a aussi d’autres admirateurs.

    Wawa

    Digne prince du Salegy, Wawa en porte le fanion dans  une émission internationale africaine. Cela lui a permis de faire chanter un de ses titres par un groupe ivoirien.

    Shyn

    Révélation africaine en 2017, Shyn et son titre phare a fait danser le monde entier. Comme souvent, les malgaches montrent leur capacité à comprendre et utiliser les rythmes étrangers.

    Bon, je réitère mes excuses pour ceux qui ne sont pas cités. Vous connaissez peut-être d’autres musiciens malgaches et il y en a de plus en plus, des jeunes surtout. J’espère que la musique malgache continue à se conserver, à évoluer dans le bon sens, et à s’étendre dans le monde entier. Car Madagascar est une île, elle subit beaucoup les influences extérieures, mais elle peut et elle doit aussi diffuser sa culture dans le monde entier. Vive le Salegy!


    Cette année, à Noël, on a choisi que des jouets d’occasion

    Noël 2017 est déjà passé, cet article n’est pas une liste de conseils d’achat ou de bons plans. Je vais vous expliquer pourquoi je pense que donner des jouets pas neufs à mes enfants est une bonne idée.

    Mes enfants ne sont pas encore sur Internet. Ils ne verront pas cet article de sitôt. S’il le lisent un jour, je pense qu’ils comprendront.

    Déjà, les deux plus grands savent que le Petit Papa Noël n’existe pas. Ces anges, même si on leur cache les fois où leurs parents sont en difficulté, sont si gentils que cette année, ils ont clairement dit qu’ils ne voulaient rien commander mais qu’on pouvait leur donner ce qu’on voulait. Les trois derniers, vu que mes enfants sont tous dysphasiques, ne mettent pas de valeur pécuniaire aux cadeaux qu’ils reçoivent. Cette année, j’aurais vraiment pu me contenter de très peu.

    Les temps sont durs

    Je pense qu’aujourd’hui, le monde entier est conscient que Madagascar est l’un des pays les plus pauvres de la planète. Depuis quelques années, les organismes internationaux montrent des enfants malgaches sur ses affiches où, avant, il y avait des somaliens ou des afghans. Les associations appellent à parrainer des petits pauvres avec des vidéos de petits malgaches. Les mondoblogueurs malgaches ne cessent de raconter et dénoncer cette pauvreté, ses manifestations dans les faits divers ou la résignation coupable des malgaches.

    Les jouets chinois ne le sont pas

    Les jouets chinois sont très bon marché. Et ils sont tellement fort en marketing qu’ils ont su, très rapidement, s’adapter au marché malgache. Les entreprises chinoises sont capables de fabriquer des millions de jouets expressément à destination des petits malgaches, selon les évènements, comme pendant les fêtes de l’indépendance où ceux-ci arborent le vert-blanc-rouge de notre drapeau national. Et avec des prix de départs à 100 Ariary (3 centimes d’euro), ces jouets sont des choix logiques même s’il y a des risques.

    jouet-chinois
    Un jouet made in China. Crédit photo : Pixabay CC0 / Shwaggy

    Les risques qu’on prend avec les jouets chinois sont qu’ils sont parfois (sciemment ?) de mauvaise facture vu qu’il n’y a pas de « normes malgaches » à respecter. Un nouveau proverbe est même apparu disant que « Ny tsara tsy mba mora » (la bonne qualité n’est jamais bon marché). Même avec un prix dérisoire, si le jouet ne tient pas longtemps, c’est toujours de l’argent perdu.

    J’ai déjà acheté une petite voiture qui a tenu 2 heures. Mon fils a rigolé en me la ramenant en disant « Regarde Papa, elle est en 1000 morceaux! » Il était si fier, j’en ai eu la larme à l’œil.

    Et les petits morceaux de plastique, et les vis et les boulons, et les piles usagées… on ne sait même pas quels matériaux ont été utilisés. Phtalates, bisphénol, métaux lourds, etc, est-ce qu’il existe quelqu’un à Madagascar qui se soucie de leur présence dans les jouets ?

    Occasion d’Europe, c’est une bonne idée

    À Antananarivo, il y a des marchands qui étalent par terre des jouets usités, souvent délabrés mais parfois étonnement en très bon état. Ce sont apparemment des jouets de bonne facture. Et ils sont encore chers. Les marchands savent que ce sont de bons jouets qui méritent une deuxième vie. Je pense que ce sont de bons endroits pour des collectionneurs pour trouver des pièces rares.

    marchand de jouets
    Des jouets provenant de pays riches qui cherchent de nouveaux enfants dans un pays pauvre, comme dans un mauvais épisode de Toy Story en mashup avec Madagascar le film ?

    Pour ceux qui le peuvent, il y a aussi des magasins qui vendent « pas cher », comme ils disent, des jouets qui semblent être des invendus en Europe. Mais si on voit sur ces jouets qu’ils sont bien « made in China », on voit aussi les sigles NF, CE, etc qui montrent qu’ils sont aux normes européennes. De toute façon, même sur l’aspect extérieur, la différence se voit.

    En appliquant les normes sécuritaires, même l’aspect extérieur est différent. Crédit photo : pxhere CC0

    Pour ma part, cette année, j’ai eu les jouets de différentes sources, certains gratuitement, d’autres achetés mais à 90%, des jouets d’occasion.

    Ne vous y méprenez pas. Avant d’être mondoblogueur, j’étais et je suis encore un salarié. Je peux me permettre un petit budget jouet sur lequel mon entreprise contribue en guise d’aide sociale. Le choix d’avoir de « bons produits » est, pour moi, vital même si je ne pourrais pas tout acheter neuf. Il m’a fallu utiliser des astuces et surtout de l’huile de coude mais le résultat est que sous le sapin, il y a eu des jouets rutilants, parfois mieux que des neufs.

    Exemple ? J’ai passé des heures à nettoyer, peindre, remplacer des pièces mais le chef d’œuvre est une console de jeu ancienne sur laquelle j’ai fait installé tous les gadgets possibles et dont j’ai rénové l’extérieur pour en faire un outil de retrogaming imbattable.

    En attendant que les malgaches puissent exiger la qualité

    « Rehefa noana ny kibo, mivezivezy ny fanahy« (quand le ventre est vide, l’esprit vagabonde). Pour l’instant, le plus important pour les malgaches, c’est de sortir de cette pauvreté dans laquelle ils sont englués. À la limite, le prix de certains jouets sont des insultes à ceux qui n’ont pas assez d’argent pour se faire un déjeuner. Dans ce contexte, les produits aux normes, recyclables, équitables et le reste sont encore une utopie.

    Même avec un budget restreint, il faut choisir la qualité, même si pour le même prix, le produit aux normes est plus petit, moins attirant que les autres. Et si par chance on a tout le budget qu’il faut, il faut savoir penser aux autres. Par exemple, une petite figurine, fabriquée dans une usine quelconque en Chine avec un plastique d’origine inconnue et de la peinture potentiellement dangereuse peut s’acheter au coin de la rue à 1 000 Ariary (30 centimes d’euro). Le même personnage, neuf, en version originale, aux normes européennes, doit valoir dans les magasins autour de 120 000 Ariary (30 euros). Si on peut trouver, d’occasion, sans défaut, la même chose à moitié prix, on sera content d’avoir 60 000 Ariary d’épargné. Et avec un peu de cœur, on peut partager une partie de ce reste aux plus démunis.

    Mon rêve serait que les malgaches puissent fabriquer des jouets aux normes. Et pas que des jouets, d’ailleurs, des aiguilles aussi pour que l’un de mes anciens profs ne puisse plus dire : « L’industrie malgache n’est pas capable de fabriquer même une seule aiguille« .

    Les jouets malgaches sont amusants mais j’ai momentanément arrêté d’en acheter depuis qu’un camion en bois a révélé des clous rouillés après un petit accident. Crédit photo : pxhere CC0

    A vrai dire, l’industrie malgache existe depuis des siècles et fabrique beaucoup de choses et même, quand j’étais petit, il y avait des jouets en plastique comme des poupées sans articulations, des Formules 1 dans les modèles d’avant-guerre. Il y avait aussi des ballons en plastique dur, selon le modèle des ballons officiels des années 1930 avec une partie encore plus dure où il y avait les fausses coutures et qu’on surnommait ballons en os (mon plat du pied s’en souvient encore). Aujourd’hui, il faudrait faire beaucoup mieux.

    En bref, même chez les enfants les plus compréhensifs, il ne faut pas trop leur dire que Papa, Maman, le pays même est si pauvre qu’ils doivent se contenter de ce qu’ils reçoivent. Où serait la magie de Noël ? Au contraire, il faudrait que les parents puissent les surprendre en leur donnant quelque chose qu’ils ne pensaient pas possible de demander. Et en rénovant des jouets d’occasion, j’ai pu le faire cette année. Car même si j’aurais pu tout dépenser en produits neufs, j’ai aussi plusieurs familles que j’aide, particulièrement en ces fêtes de fin d’année. Ce n’est pas grand chose mais ça aide pour avoir la conscience tranquille. A l’avenir, que j’espère proche, j’aimerais que tous les enfants malgaches reçoivent la visite d’un Père Noël qui ne les décevra pas. Mais cela passe par des parents moins pauvres et, donc, un Madagascar plus riche. Comme dit au début, l’article ne vise pas à guider les achats de Noël, mais à réfléchir sur la façon de dépenser en ces temps si durs pour notre pays.