N.I. – Partie 1 : Un matin comme les autres

17 novembre 2017

N.I. – Partie 1 : Un matin comme les autres

Le matin, je suis toujours KO. J’ai mal à la tête, j’ai la bouche pâteuse et amère et je suis fatigué; encore plus fatigué qu’avant d’aller dormir.

J’ai même du mal à ouvrir les yeux. Je n’ai pas envie de les ouvrir. J’ai encore envie de dormir, de rêver. Je pense que j’étais dans un beau songe. J’y suis peut-être encore. Il y a encore des images dans ma tête qui s’estompent peu à peu.

Il y a une musique. C’est une mélodie ou un refrain et ça tourne en boucle dans ma tête. Bizarrement, plus j’entends la musique, plus j’ai envie de la chanter dans ma tête. Peu à peu, la mélodie prend de la place. Elle efface tout. Et je suis réveillé presque sans souvenir de la longue nuit, juste une musique.

Mais le domaine du rêve me passionne. J’essaie vite de me remémorer un détail important de ce que j’ai rêvé cette nuit. Par exemple, cette nuit, j’arrive à me souvenir que j’ai vu un cheval. Je demande à mon 2A (Assistant Artificiel) de me dire ce que cela signifie. Je lui dit : « -Nestor! (parce que je l’appelle Nestor et je préfère un 2A masculin comme dans les films de superhéros), dis-moi ce que ça signifie de rêver d’un cheval ». Là, Nestor me dit que selon Freud, je rechercherait la femme idéale. Puis il me donne des interprétations selon l’islam, le bouddhisme, et le reste sans oublier son propre interprétation par rapport à mon passé et mes projets actuels.

Bien entendu, tout ça pour moi était normal…avant notre rencontre…et avant que vous ne me demandiez tout ça! Et je ne comprend toujours pas, d’ailleurs, pourquoi vous voulez savoir tout ça. Mais comme c’est la première fois que je rencontre quelqu’un qui me comprend vraiment et qui s’intéresse à ces choses-là, ce n’est pas de refus.

Mais depuis notre premier entrevue, j’ai fait une petite introspection et tout est exactement comme vous l’avez dit. J’espère que vous arriverez à m’expliquer car sinon, je pense que je vais me faire évaporer.

Donc, comme vous l’avez deviné, j’étais très jeune. J’avais 6 ans quand j’ai fait ce rêve. J’étais dans une maison avec la famille quand j’ai entendu dans la cuisine qu’il y avait des gens bizarres. Ils étaient chauves, avaient de grand yeux fixes et ils ne parlaient pas mais j’ai compris qu’ils pouvaient…qu’ils voulaient me prendre avec eux et me transformer en quelque chose comme eux. J’avais très peur et je criais sans que personne ne m’entende. Puis, la même nuit, j’ai rêvé que des cow-boys nous ont attaqué et que j’ai pu me défendre avec mon pistolet. Le matin je me suis réveillé avec une forte fièvre. Mais oui, ce n’est pas normal qu’à 45 ans, je puisse me souvenir de ces images comme si c’était hier.

Et comme vous me l’avez fait remarqué, c’est depuis ce temps-là que je me sens spécial. A 9 ans, par exemple, j’étais en voyage et le bus émettait un petit bip régulier presque imperceptible. Et moi, je me disais dans ma tête que le bip devait être inaudible à tout le monde mais seulement à moi-même. Je jouais dans ma tête en disant qu’il y a des gens quelque part qui sont en train de m’observer et à m’envoyer des messages en code.

J’avoue que je n’avais pas fait de rapprochement avant que vous ne me l’aviez mis dans la tête mais c’est vrai. J’étais né à Madagascar quand il n’y avait qu’une seule chaîne télé et nous, on n’avait pas de poste. Et comme on habitait la campagne, je ne vois pas comment j’ai pu me fabriquer, tout seul, une image des « étrangers » si fidèle. Le petit jeu des cow-boys et des indiens qui a suivi, et qui peut s’expliquer par les séance de cinéma au Ritz ou au Roxy, a peut-être rendu cette nuit amusante mais ça n’a jamais effacé la peur du premier cauchemar.

En général, je dirais que c’était mon premier cauchemar et j’allais en avoir beaucoup, beaucoup trop. Mais, ensuite, j’ai pu avoir des rêves lucides.

 

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