Comment ça va ? Comme ci, COMESA !

Article : Comment ça va ? Comme ci, COMESA !
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19 octobre 2016

Comment ça va ? Comme ci, COMESA !

Alors, quoi de neuf à Antananarivo ? C’est le sommet du COMESA qui s’y tient. Je vous rapporte ce qui se dit dans la rue à propos de ce sommet.

  • Il y en a qui pensent qu’il ne faut pas l’appeler Sommet des Chefs d’État s’il n’y a pas assez de Chef d’État. Ou faut-il dire le Sommet de 3 Chefs d’État et des autres ?
  • Le sommet est parfaitement organisé. Mais si Mugabe a vraiment dit «  Ça ne sert à rien de m’accueillir avec ces belles organisations tant que le peuple vit dans la merde « , je pense que les malgaches vont exiger un référendum pour qu’il se présente aux présidentielles de 2018 afin de devenir Président parallèle du Zimbabwe et de Madagascar. Aucun Président malgache n’a jamais dit quelque chose d’aussi « aimé » dans Facebook. Le blog Tumblr qui l’a sorti « marina sa tsy marina » fait parfois de l’intox et on connait bien les soit-disant « citations de Mugabe« , mème d’internet. Mais il a, quand même, bien été repris par des médias malgaches et étrangers. Alors, peu importe si Mugabe l’a dit, s’il l’a marmonné ou s’il l’a juste pensé tout haut, le message est passé.
  • Aujourd’hui, en centre-ville d’Antananarivo, sécurité oblige, il y a un policier tous les 10 mètres  et ce n’est pas une image. Devant l’esplanade à Analakely, le soir, ces dizaines de policiers te poussent à avancer dans l’embouteillage en sifflant dans leurs sifflets. Comme si siffler sans arrêt allait, par miracle, ajouter des voies dans les étroites rues de Tana. Mais il faut les encourager, qui sait s’il peuvent réussir ?
  • Dans d’autres quartiers, les tanks sont sortis. Alors, pour notre culture, le char de combat a été imaginé et dessiné par Léonard de Vinci au 16ème siècle en Italie. Peu après, les malgaches en ont acheté mais grâce à notre débrouillardise, ces véhicules blindées (des BDRM) fonctionnent toujours. De là à dire qu’elles sont encore efficaces, j’espère qu’elles n’auront pas à le prouver.
  • Hier soir, quelqu’un à côté de moi reçoit un appel téléphonique. Une connaissance à elle qui habite Ambatondrazaka (dans l’Est) a dû être amputée d’un bras après avoir reçu une balle pendant l’attaque de sa boutique. « Malheureusement, les tanks n’étaient pas disponibles pour appréhender les malfaiteurs » diraient les blagueurs dans les forums et les réseaux sociaux.
  • Samedi soir, la pluie, en quelques heures, a tué une personne et inondé tous les bas quartiers d’Antananarivo. Dommage que les invités et les journalistes étrangers ont dû voir et vivre ça alors que Madagascar a si bien préparé ce Sommet et le prochain Sommet de la Francophonie. Mais c’est la nature. Et il est prouvé qu’on peut très bien vivre sur des marécages. C’est pour cela qu’on continue d’octroyer des permis de remblais.
  • Après cette pluie, des images de l’autoroute (à une voie) de l’aéroport circulent dans les réseaux sociaux avec les dégâts malheureux fait par mère Nature. Beaucoup tentent de philosopher en disant que tout est normal mais il ne faut pas oublier que c’est Made in China (vita sinoa).
  • L’aéroport d’Ivato, puisqu’on en parle, est si fier avec les avions inédits qui y sont stationnés. Son tarmac a reçu une extension pour le Sommet de la Francophonie. C’est encore bien loin de la nouvelle terminale promise dans cet article du site gouvernementale. Ce n’est pas grave, on gère !
  • C’est si bien géré que personne ne se rend compte que le transporteur officiel, la compagnie Air Madagascar est en train d’accoucher aux forceps d’une entreprise de handling. Cet accouchement dure et il y a risque hémorragie ou d’éclampsie. Je pense que le gyneco pense déjà à la césarienne.  Prions pour la mère et l’enfant!
  • En tout cas, le Sommet du Comesa se déroule et il n’y a aucun doute, c’est le début de la fin de la pauvreté à Madagascar. Si si ! Ce sont les experts qui le disent ! Répandez la bonne nouvelle !

Le Sommet du Comesa, aux yeux du citoyen malgache Lambda, comme moi, c’est quelque chose qu’il ne peut pas appréhender. Tous les enjeux économiques, financiers et géopolitiques ne peuvent affecter son quotidien car il cherche aujourd’hui ce qu’il a mangé hier (expression dérivée de « on cherche aujourd’hui ce qu’on mange aujourd’hui » qui signifie que la personne est gravement endettée). Il ne faut pas le blâmer s’il ne voit que les bouleversements dans son train train habituel. Si ça devait avoir des impacts positifs, c’est, je pense ce que que le peuple attend de voir ou de comprendre. Pour le moment, l’idée qui règne c’est que les malgaches en font peut-être « trop » pour ces sommets alors qu’ils ne peuvent pas se le permettre pour eux même.

 

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