Nouvelle loi sur la communication : ce que ça va changer aux blogs malgaches

Article : Nouvelle loi sur la communication : ce que ça va changer aux blogs malgaches
Crédit:
8 juillet 2016

Nouvelle loi sur la communication : ce que ça va changer aux blogs malgaches

L’article 20 du code de la communication vient d’être adopté par l’Assemblée Nationale malgache. Désormais, tout va changer dans les blogs malgaches.

Pour rappel, cet article dit que la diffamation et l’injure à l’envers « les corps constitués, les cours, les tribunaux, les forces armées nationales ou d’un État, les administrations publiques, les membres du gouvernement ou de l’Assemblée parlementaire, les fonctionnaires publics, les dépositaires ou agents de l’autorité publique, les citoyens chargés d’un service ou d’un mandat public, temporaire ou permanent, les assesseurs ou les témoins en raison de leurs dépositions », bref tout le monde et pas n’importe qui est désormais passible de poursuites et de condamnation au pénal.

Même si les journalistes sont les premiers concernés par le code de la communication, il est clair que la cible pour son application est facilement étendue à … tout le monde, du blogueur au membre des réseaux sociaux de part leurs publications sur internet.

« Diffamation » et « injures » étant des termes très subjectifs, on pense que les blogueurs vont devenir très prudents. De ce fait, on ne verra plus jamais dans les blogs malgaches :

  • des rumeurs totalement utopiques selon lesquels untel aurait acheté un avion ou untel aurait annexé un terrain ou untel aurait des connexions avec des trafiquants internationaux pour exporter bois de roses, autres bois précieux ou animaux rares et en voie de disparition.
  • des rumeurs fondés ou pas mais de toutes les façons sans preuves sur un pseudo tueur en série qui écrase les têtes de ses victimes à coup de bois rond ou de moellon et qui serait commandité par untel pour des rites vaudou; sur certaines personnes qui dicteraient tout au dépens de leurs conjoints; sur quelqu’un qui serait en cavale de polichinelle sur une île mais qui resterait invisible aux radars.
  • des graves insultes du genre : « espèces de cons », « bande de singes »,  » sans cervelles », etc.
  • des insultes plus imagées comme « vous n’êtes que des raclures », « tu n’es qu’un faux-cul », etc.
  • d’autres avec plus de sous-entendus comme « achetés », « vendus », « girouettes », « prostitués » etc.
  • et si on n’a pas la preuve ou le diagnostic médical nécessaire, on ne pourra pas dire : « vous êtes un menteur », « vous êtes un voleur », « vous êtes incompétent », « vous êtes nuls », « on est pauvres », « on a été baisés », etc.
  • On ne pourra plus utiliser des surnoms péjoratifs comme « beloha », « betay », »bekankana », etc.
  • Et les surnoms malgaches étant plus inspirés que cela, on aura peur d’utiliser hors contexte, même des noms communs, des noms d’objets comme : ressort, apache, écrevisse, ananas, pont, lapin, etc.

A partir de ce jour, les blog malgaches, mêmes les status facebook ou twitter et tout l’internet malgache vont devenir plus propres, aseptisés, inodores et incolores sauf si, des personnes mal intentionnées osent sortir de chez eux, se déguiser et aller dans un cybercafé pour ouvrir des comptes fictifs avant de braver la loi comme des malpropres. Ou bien, ou bien, d’autres malgachophones ou même utilisant d’autres langues mais habitant l’étranger et utilisant des serveurs hébergés à l’étranger se mettent à copieusement injurier « les corps constitués, les cours, les tribunaux, les forces armées nationales ou d’un État, les administrations publiques, les membres du gouvernement ou de l’Assemblée parlementaire, les fonctionnaires publics, les dépositaires ou agents de l’autorité publique, les citoyens chargés d’un service ou d’un mandat public, temporaire ou permanent, les assesseurs ou les témoins en raison de leurs dépositions » et que, par malheur, les pages web deviennent accessibles depuis Madagascar. Ou bien, encore, certains, ayant de l’argent à jeter par la fenêtre osent diffamer et injurier et payer l’amende après. Il ne manquerait plus, alors, qu’on vienne chez vous avec le montant nécessaire déjà en poche pour vous insulter.

Pour ma part, « les corps constitués, les cours, les tribunaux, les forces armées nationales ou d’un État, les administrations publiques, les membres du gouvernement ou de l’Assemblée parlementaire, les fonctionnaires publics, les dépositaires ou agents de l’autorité publique, les citoyens chargés d’un service ou d’un mandat public, temporaire ou permanent, les assesseurs ou les témoins en raison de leurs dépositions », peuvent être tranquilles. Jamais je n’oserai dire du mal d’eux. Et j’en profite pour préciser que ce texte a été rédigé pour information pure et simple. Toute ressemblance avec une personne, morte ou vivante, ne peut être que fortuite. Si jamais un RAKOTONDRABE Untel Gérard ou une RAKOTONAIVO Personne Sophie existent, ce n’est pas du tout d’eux que je parle.

Et puis, m***, vous savez bien que je suis pas un p*** de diffamateur ou d’injurieux. Et si je dis la vérité, de quoi on me condamnerait?

 

Partagez