Madagascar-France : des îles éparses qui font tâches

Article : Madagascar-France : des îles éparses qui font tâches
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11 novembre 2015

Madagascar-France : des îles éparses qui font tâches

Les îles éparses risquent-elles d’envenimer les belles relations entre la France et Madagascar? Voici quelques informations sur ce litige de plus de 40 ans qui revient aujourd’hui  au devant de la scène.

Première partie : les chroniques

Il y a quelques millions d’années, selon les scientifiques, il y a quelques milliers d’années ou jamais selon les chrétiens, une île qu’on appelle aujourd’hui Madagascar s’est séparée d’un super continent initial appelé Gondwana. En ce temps là, et pour des millions d’années, les lémuriens et les oiseaux et peut-être des hominidés ancêtres de Kalanoro, Kokolampo et Vazimba divers régnaient sur cette vaste île. Leur règne, le reste de leurs exploits et tout ce qui s’est passé en leur temps, ne sont-ils pas écrits dans certaines grottes, sur le flanc des montagnes et dans certaines de nos légendes? Mais en s’éloignant du Gondwana, Madagascar a laissé sur la route des bouts de Terre appelés aujourd’hui les Comores, les îles Éparses et d’autres centaines de petites îles, ilots ou bancs de sables.

On dit que Madagascar a été visité par des arabes, des juifs, des africains. Et plus tard, elle a reçue des immigrations venant de l’Asie du Sud. Leur règne, le reste de leurs exploits et tout ce qui s’est passé en leur temps, ne sont-ils pas écrits dans les livres en papier antemoro et sorabe, sur certains stèles et rochers et dans la littérature orale? Et tout ceci s’est déroulé des années bien avant qu’un européen n’ait jamais jamais mis les pieds dans cet endroit.

Quand les européens sont arrivés, ils ont amené comme voandalana (souvenir de voyage) leurs notions d’appartenance géographique et de souveraineté territoriale, selon leur conception du monde. En effet, sur la Grande île et les petites alentours, il y avait déjà pleins clans, de tribus, de royaumes qui cohabitaient ou se faisaient la guerre. A l’instar du célèbre Chaka Zulu, le roi merina Andrianampoinimerina avait même des velléités d’unification sous une même bannière. Les européens, à la fin de leur sombre moyen-âge, ont profité d’un avantage divin (quasiment) avec des découvertes scientifiques conduisant à un essor technologique et industriel très marqué par rapport au reste du monde. Pour eux,il suffisait, alors, de se partager le monde et s’il y avait une discorde c’était entre leurs empires tandis que les autochtones ne présentaient que très peu de danger. C’est ainsi qu’il a été décidé que Madagascar, dont les Comores et les îles éparses étaient une colonie française. Les français ont régné ici pendant plus de 60 ans entre la fin du 19è siècle et 1960. Leur règne, le reste de leurs exploits et tout ce qui s’est passé en leur temps, ne sont-ils pas écrits dans les livres d’histoires qu’ils ont eux même écrits?

Deuxième partie : fin de la colonisation mais îles éparses gardés par la France

Je ne vais pas faire un cours sur la décolonisation.Mais en 1946, les Comores réunis administrativement à Madagascar sous la colonisation lui ont d’abord été dissociés  et quand les européens ont été « obligés » de lâcher, du moins en surface leurs colonies, la France a pu garder Mayotte, sur vote de ses habitants et les îles éparses. Elles ont beaucoup d’intérêts de par leurs emplacements et récemment à cause des possibilités de leurs sous-sols. Il reste à l’ancien Madagascar que la Grande île et les îles proches comme Nosy Be et Sainte Marie (Remarque : Très près géographiquement de Madagascar, les Comores, même en ayant des rois d’origine malgaches n’ont jamais été malgaches).

La décolonisation, nous le savons déjà a toujours été de façade. Madagascar est et restera encore longtemps sous l’emprise de la France. On a parlé de néo-colonisation puis de francafrique malgache. Mais il suffit de regarder les chiffres pour comprendre que les intérêts de la France à Madagascar restent très nombreuses; que la France détient de grosses parts dans les secteurs clés comme la finance, les infrastructures, les transports aériens, etc. Mais du point de vue des malgaches, la coopération avec la France est tout à fait infructueuse. Si la France est toujours dans le G8, Madagascar est dans les 8 pays plus pauvres de la planète. Ce sentiment d’échec provient de la comparaison vite faite avec les pays pauvres du Commonwealth. Les pays anglophones d’Afrique s’en sorte mieux que les pays francophones. Et mieux encore, les pays qui ont lâché la France comme Maurice ou le Rwanda se portent beaucoup mieux qu’avant.

Revenons aux îles éparses. L’histoire des revendications malgaches sur ces territoires est longue mais surtout elle est pathétique. On sait que géographiquement, ces territoires sont à Madagascar. Mais de force, ou politiquement, Madagascar ne peut rien faire pour se les réapproprier. C’est pour cela qu’elle dit vouloir négocier. Mais aujourd’hui, si le Président Malgache dit qu’il œuvre je ne sais quoi sur ces îles, la France se conduit comme pour affirmer sa souveraineté. De toute façon, une occupation malgache de ces territoire est voué à l’échec. Et même si, par miracle, on obtient la rétrocession des îles, Madagascar n’a pas la capacité d’exploiter les richesses éventuelles qu’elles renferment. Même sur la grande île, les gisements sont exploités par les pays riches dont la France.

Et c’est là la seule balle à jouer pour Madagascar. Même en étant moins que rien, Madagascar reste intéressant pour la France et le reste du monde. Elle a besoin d’aide mais elle a aussi beaucoup à offrir. Pour moi, le moment est bon, lorsque Madagascar s’apprête à recevoir la famille francophone en 2016 et que l’accord cadre de 1973 est remis en question, d’affirmer notre détermination à grandir en tant que pays et de vouloir clarifier notre relation avec la France pour un intérêt vraiment commun. Les îles éparses forment un litige mais ce n’est qu’un des points saillants d’un gros iceberg qui pourrait refroidir les eaux entre les deux pays et même d’amener le naufrage de leur bonne relation.

 

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