Madagascar : les autorités interdisent la manifestation du 28 mars

Article : Madagascar : les autorités interdisent la manifestation du 28 mars
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27 mars 2015

Madagascar : les autorités interdisent la manifestation du 28 mars

Demain samedi 28 mars 2015, un rassemblement et une marche « de la libération » sont prévus à Antananarivo, capitale de Madagascar. Cette manifestation est d’ores et déjà interdite par les autorités arguant la crainte « justifiée et prouvée » d’émeutes alors que les organisateurs continuent d’affirmer leur intention de faire cette marche.

C’est Alain Ramaroson qui lance aujourd’hui un appel à maintenir cette marche pour exiger la démission de quelques ministres. Il l’a déjà annoncé, donc, c’est juste une confirmation. Alain Ramaroson a été l’un des leaders de la  » révolution orange  » de 2009 ayant conduit à la prise du pouvoir par Andry Rajoelina. Longtemps accusé de s’enrichir illicitement sous la transition, il s’est, au contraire comporté en victime depuis la mort de sa nièce et ministre de la Population en exercice, Nadine Ramaroson, lors d’un naufrage de vedette. En effet, il a toujours clamé que c’est un complot qui a tué sa nièce. Depuis l’élection de Hery Rajaonarimampianina à la tête du pays, on ne l’a pas trop vu. Enfin, c’est très relatif.

L’homme prétend réagir au regard d’une situation sociale désastreuse. Ce qui est une cause juste; les Malgaches devenant de plus en  plus pauvres. Le prix du riz vient d’atteindre des sommets inimaginables. Le coût de la vie augmente à la vitesse V. La prise en charge par le gouvernement des conséquences des catastrophes naturelles ne répond pas aux attentes des victimes. Qu’il s’agisse des mesures prises après la sècheresse et la famine dans le Sud, des cyclones, des inondations, des glissements de terrain dans les autres parties de l’île, aucune mesure n’est perçue comme suffisante ou appropriée par la population ou les observateurs. Les infrastructures tombent en morceaux, mais les solutions ne sont toujours que provisoires.

De l’autre côté, les agissements du parti H.V.M. et des proches du pouvoir font l’objet de critiques. Les mouvements de contestation atteignent plusieurs secteurs tandis que le gouvernement semble gérer le tout en faisant la sourde oreille ou même en prenant des décisions très suspectes. Même les « victoires » du régime posent des questions. Bref, ce n’est pas un hasard si le pays est classé à haut risque tant les tensions sont fortes à tous les niveaux.

Voilà pourquoi Alain  Ramasoron veut tirer la sonnette d’alarme, mais peu de gens lui font confiance. Les rumeurs de déstabilisation vont bon train. Elles ont été confirmées à la radio (journal de la Radio Antsiva 97.6 F.M. de ce midi). Il y aurait eu une distribution d’armes, d’argent et même un sacrifice bovin. C’est pour cela que la préservation de la paix a été évoquée pour le refus, attendu, de l’autorisation à cette manifestation. Les forces de l’ordre indiquent déjà qu’elles vont prendre leur « responsabilité » face aux manifestations non autorisées pour protéger le peuple et leurs biens. Des hommes avertis ? On sait, déjà, par expérience comment ces forces protègent bien le régime en place.

Dans ce contexte des questions se posent concernant Alain Ramasoran. Ce monsieur est soupçonné d’agir pour lui-même ? Sinon, pourquoi gesticule-t-il comme cela ? Quelles sont les chances pour que ses actions puissent pousser 4 ministres d’un gouvernement HVM à la démission? Et si, par miracle, il y parvient, se contentera-t-il de cela ou bien quelles sont ses vraies ambitions ? Alain R. est peut-être un fin politicien, un opportuniste qui voit le meilleur moment pour se montrer, estimant que le gouvernement est dans une très mauvaise passe.

Je ne suis pas devin, ni prophète, ni même analyste pour pouvoir prédire ce qui se passera demain. J’espère seulement qu’il n’y aura rien de dramatique. Le 26 janvier et le 7 février sont des dates qui prouvent que le pire peut aussi arriver. Je sais qu’il faut agir et réagir, d’une manière ou d’une autre, mais justement, les centaines de morts dans les manifestations depuis le début de cette crise (car pour moi, elle n’est pas finie) doivent avoir donné aux Malgaches la triste leçon que trop souvent en politique « ny lehibe no miady ka ny ankizy no voaporiporitra » (devinette :  » les grands se battent et ce sont les enfants qui se font écraser? » et la réponse est « le mortier et le pilon« ). Alors personnellement demain, Sabbat, moi, je me reposerai et je prierai pour ma patrie.

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