Entretien avec Randy Donny

Article : Entretien avec Randy Donny
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1 août 2014

Entretien avec Randy Donny

A l’occasion du mondoactivism, quelques blogueurs se sont penchés pendant le mois de Juin 2014 sur les médias dans leurs pays respectifs. Pour ma part, je me suis entretenu avec un journaliste bien connu à Madagascar, Randy Donny, pour évoquer ce métier dans notre pays.

Bonjour Randy Donny, vous êtes actuellement un journaliste « freelance » mais dans votre parcours vous avez déjà travaillé avec des quotidiens malgaches, à la radio et à la télévision aussi. Vous avez même été un temps Rédacteur en Chef. C’est pour dire que vous connaissez bien le monde du journalisme à Madagascar. En plus de cela, vous êtes aussi un blogueur  .

Mais tout d’abord, c’est quoi un journaliste freelance ?

Un freelance est celui qui n’appartient pas à un organe de presse spécifique, mais qui travaille pour différents organes suivant un système de piges (indemnité suivant le travail accompli). Un freelance peut être un journaliste, mais aussi un photographe. D’ailleurs, pour ce dernier, on parle plutôt maintenant de journaliste reporter d’images (JRI).

Et que pensez-vous du métier de journaliste à Madagascar ?

Qu’est-ce que j’en pense ? Bonne question. Je dirais simplement que le journalisme est un métier passionnant, mais que cette passion tend à manquer aux jeunes. Je ne vois plus la course aux infos, au scoop que l’on tend maintenant à confondre avec information à scandale, pour se contenter d’une promenade dans les conf’ presse. Ceci a des répercussions sur la qualité des des articles.

Alors, quelle est, selon vous, la place des médias à Madagascar ?

Les médias ont leur place à Madagascar. Ou du moins, ils doivent avoir leur place car comme dans toute démocratie digne de ce nom, il est nécessaire d’avoir un 4è pouvoir pour contrebalancer les 3 autres pouvoirs classiques qui, on le sait, sont complaisants et dominés par l’Exécutif à Madagascar.

Merci pour ces réponses franches, sans détour sur la situation de la presse à Madagascar. Cette fois-ci, parlons de blogging car vous êtes aussi blogueur. A quoi vous sert ce blog? Et que pensez-vous des blogueurs non journalistes qui relatent, traitent et analysent l’actualité, un peu comme les journalistes?

En fait, auparavant, en 1998, j’ai commencé par sortir les articles que j’écrivais dans la presse écrite sur le site web d’un ami pour leur donner une envergue internationale. A l’époque, même les journaux n’avaient pas de site web. Puis, plus tard, avec l’apparition des blogs, je me suis mis à en ouvrir un car c’est plus pratique et je gère moi-même le contenu et la fréquence des publications. D’autre part, dans mon blog, je publie aussi d’autres choses que les articles que j’ai écrit. Je peux y publier des coups de cœur perso, voire reprendre des articles écrits ailleurs. Il faut savoir qu’actuellement, un peu partout dans le monde, des journalistes ont leur propre blogs où ils parlent des coulisses de l’info.

Maintenant, qu’est-ce que je pense des blogueurs non journalistes? Et bien c’est une bonne chose. Avec les nouvelles technologies, l’accès aux infos n’est plus l’apanage des seuls journalistes. Chaque témoin d’un événement peut le rapporter en public et chaque citoyen peut exprimer ses opinions librement dans les nouveaux médias. Parfois même, ils deviennent des sources pour le journalisme classique. Mais il ne faut pas oublier le fait que ce ne sont pas des journalistes et que leurs publications doivent donc toujours être recoupés et mis dans leur contexte. les blogueurs non journalistes ne s’embarrassent pas des sources et peuvent devenir des caisses de résonances à des informations erronées. il est vrai qu’un journaliste peut aussi faire les mêmes aberrations. Dans ce cas, il sera sanctionné, d’une façon ou une autre. Tandis qu’un blogueur restera tranquille dans son coin et peut même brandir son statut de non journaliste en guise d’excuse. Ceci dit, un blogueur peut devenir un bon freelance après une formation de journalisme.

Autre chose : un blog est souvent un espace pour exprimer un opinion tandis qu’un média classique sert surtout à publier des informations qui, comme on le sait, sont sacrées tandis que les commentaires sont libres.

En fait, nous mondoblogueurs, recevons des formations en ligne et aussi lors des séances de formations annuelles où nous sommes sensibilisés sur les méthodes journalistiques : vérification des informations et des sources, recoupement, interprétation des données, etc. Je suis totalement d’accord que même un blogueur peut se discréditer en diffusant des contenus non vérifiés.

Justement, par rapport à la mutation technologique que connaît le monde actuel, comment voyez-vous votre métier dans le futur proche ?

L’avenir du journalisme est dans la nouvelle technologie. La tendance mondiale va vers un déclin de la presse écrite. C’est valable aussi bien à l’étranger, où des médias classiques ont décidé de n’exister que sur la toile, qu’à Madagascar avec la multiplication des abonnés à internet.

Un dernier message?

Soyez toujours connectés, ,ne lâchez jamais l’affaire ! Mais sachez aussi que le respect de l’éthique et de la déontologie n’est pas pour les seuls journalistes. Il y en a aussi sur le net.

Merci Randy Donny, et bonne continuation.

Je profites pour inciter mes lecteurs et mes lecteurs malgaches à Madagascar et ailleurs dans le monde, journaliste ou non, à participer au concours Mondoblog 2014 avant le 10 Août 2014 car c’est une bonne expérience pour allier blogging, journalisme et les autres passions.

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