Madagascar : second tour de la présidentielle, attention aux rumeurs !

Article : Madagascar : second tour de la présidentielle, attention aux rumeurs !
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22 novembre 2013

Madagascar : second tour de la présidentielle, attention aux rumeurs !

Ça y est, les résultats du premier tour de la présidentielle malgache de 2013 sont proclamés.
Ce n’est pas une garantie de la bonne tenue du second tour pour le 20 décembre 2013. Néanmoins, c’est une étape obligée. C’est maintenant que tout se joue.

Sans grande surprise, deux candidats sont qualifiés pour la prochaine manche. En effet, comme dans beaucoup de pays, le second tour n’opposera que les deux meilleurs candidats, le docteur Jean-Louis Robinson  et Hery Rajaonarimapianina. Je veux dire que la surprise aurait été 3 ou 4 qualifiés; ou bien un seul.
On a tendance à penser que le « scrutin uninominal majoritaire à deux tours » est le seul moyen de désigner un président. Ce qui n’est pas vrai, il existe d’autres systèmes électoraux et je pense qu’on peut encore en inventer.

Il y a, cependant, des avantages à choisir ce mode de scrutin. Le plus important est que le candidat élu le sera forcément avec la majorité des voix, c’est-à-dire plus de 50 % des suffrages exprimés.

Vous me demanderez, à quoi ça va servir ? Je répondrai : à légitimer cette élection. Et d’autres me diront, cela n’a pas empêché la crise de 2009. Et là, je dirais « Vous avez raison, cela n’a rien du tout empêché. Mais je pense qu’on a tous reçu des leçons ». Le mieux, c’est que nous, le peuple, on s’impose des règles, nous-mêmes. Des règles simple et de bon sens comme :

– Ne plus écouter un candidat qui a zéro virgule quelque chose pour cent des voix, même s’il braille sur l’avenue et qu’il appelle à une grève générale et à la désobéissance civile.
– Pire encore, celui-là qui n’a jamais été candidat et qui te dit qu’il peut te diriger , ne pas le suivre sinon il te plongera dans la m…mouise
– Garder son sens critique envers un élu. Je dirai à ce propos que « Petit défaut deviendra grand » surtout quand « Le pouvoir change l’homme ». Et là, je pense que les politiciens malgaches ont vu et comprennent que le peuple malgache est capable de se rebeller.
– Malgré tout, ne pas croire aux miracles. Comprenons que la propagande, c’est de la publicité à propos d’une chose qui n’existe pas encore. Comme toutes les promesses, tout ce qu’un candidat dit ne sera pas forcément réalisé ou réalisable.
– Enfin, et surtout, faire attention aux rumeurs.

Nous, Malgaches, nous sommes insulaires, nous sommes composés à majorité de jeunes de mois de 20 ans et à majorité de femmes, ce n’est pas pour cela qu’on doit être si sensibles aux rumeurs (hou hou , je me hue moi-même pour ces propos, quoique, il n’a pas tort quelque part, lisez la suite)

Madagascar et les rumeurs

Vous savez que malheureusement, une rumeur peut être une vraie arme mortelle. Combien de fois des hommes et des femmes ont été blessés ou tués pour des rumeurs à Madagascar ? Quelqu’un crie dans la rue et tout le monde va venir lyncher un innocent. Et pourtant, c’est toujours les mêmes fausses accusations :
– Si c’est un homme, c’est un tueur ou un violeur, s’il est jeune c’est dahalo (grand bandit) ou un simple pickpocket
– Si c’est une femme, surtout du troisième âge, c’est une sorcière qui tue les enfants avec des bonbons ou en leur mettant un doigt empoisonné dans la bouche
– si c’est un étranger, c’est un voleur de cœur (mpaka fo) ou voleur de sang (mpaka-ra)
– Toute autre créature serait un bibiolona (mi-homme, mi-bête)
– Alors pour un homme politique, qu’est-ce qu’on n’a pas encore inventé? (voir dans ce blog-ci)

Et donc, toute l’histoire de ce pays a été façonnée par les rumeurs. D’un côté, on ne peut quasiment pas entreprendre une action vraiment secrète sans que quelqu’un ne sorte la rumeur. De l’autre côté, même quand tu réussis à faire quelque chose, d’autres rumeurs vont venir ternir ou dénigrer ce que tu as entrepris. Pour détruire une personnalité dans ce pays, le plus rapide reste les rumeurs.

Et ça continue

Les médias professionnels aidant, les rumeurs vont bon train et le train prend de la vitesse à mesure qu’on approche de la date du 20 décembre 2013.

– Il paraît que des personnalités et/ou l’armée préparent un coup d’Etat. Alors comme coupables potentiels, on a des zéro virgule ou tout au plus des unités, très frustrés. Il y aurait aussi un certain pasteur Mailhol le prophète qui voudrait bien, devant Dieu et ses fidèles que sa prophétie selon lequel il sera désigné Chef d’État d’ici la fin de l’année se réalise. Les militaires, eux, n’en parlons pas.

– On dit que c’est l’actuel Chef de la Transition qui ne voudrait pas partir et qu’il va tout faire pour faire capoter le second tour et le renvoyer sine die

– On dit aussi que même s’il y a des élections, tout serait déjà calculé d’avance pour qu’untel candidat gagne haut la main. En tout cas, il y aura des fraudes. Comme quoi, des élections libres et transparentes ne peuvent pas exister sous ces cieux.

Et il y en a encore d’autres et de nouvelles tous les jours.

Et si c’était vrai ?

Maintenant, vous direz qu’il n’y a pas de fumée sans feu. En malgache, l’équivalent est :

« Ny hitsikitsika tsy mandiha foana fa ao raha »

 

hitsikitsika

(Le faucon ne danse pas vainement, c’est toujours pour une raison)

 

Ce proverbe parle du faucon malgache en vol stationnaire au-dessus d’une proie, prêt à fondre dessus comme un éclair. Ce vol est devenu une danse malgache qui consiste à avoir les bras en croix et les doigts qui vibrent aux extrémités imitant le rapace et ses ailes.
Bien sûr, cela veut dire que  si on connaît ce proverbe et qu’on voit un faucon « danser » il suffit de regarder au-dessus de quel endroit il se trouve car il se fixe toujours au-dessus d’une proie. Si jamais c’est au-dessus de ta poule et tes poussins, prends garde. Si c’est pour attraper un rat des champs, bah, laisse faire!

De même, à l’égard des rumeurs, il faut juste utiliser notre cerveau et analyser, faire des recoupements, recueillir des preuves, etc. Comme ça, on peut juger de la véracité ou non de ces colportages.

Parfois, juste un peu de bon sens peut nous éviter de faire de grosses erreurs.

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